Allocution d'Emmanuel Macron : le président était "bouffi d'auto-satisfaction"AFP
Comme promis, le chef de l'État a pris la parole pour annoncer le cap, après des mois de crise sanitaire. Cette quatrième intervention, semble-t-il, n'a pas su convaincre l'opposition...
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Il "saoule". Comme le reste de l'opposition, Jean-Luc Mélenchon a décidé de ne pas ménager le président de la République. Ce dernier, qui prenait la parole pour la quatrième fois depuis les débuts de la pandémie, s'est exprimé au sujet des prochaines étapes du déconfinement. Le dimanche 14 juin 2020 à 20h, il s'est donc essayé une fois de plus à l'exercice. Son discours, long d'une vingtaine de minutes, lui a permis d'annoncer l'accélération du retour à la vie normale. Emmanuel Macron a d'ailleurs affirmé que les Françaises et les Français allaient pouvoir "tourner la page".

Mais ce n'est pas ce qui a énervé le chef de file de la France Insoumise. Non, ce qui agace à ce point l'opposition, c'est la façon dont le chef de l’État a pu parler de la gestion de la crise du coronavirus Covid-19 par le gouvernement. Sans hésiter une seule seconde, Emmanuel Macron a déclaré que "nous pouvons être fiers" du travail accompli, de la situation de l'Hexagone. "Nous n'avons pas à rougir de notre bilan. Des dizaines de milliers de vie ont été sauvées par nos choix, par nos actions. Si nous pouvons rouvrir le pays, c'est parce qu'à chaque étape de l'épidémie, chacun à pris sa part", a-t-il ajouté, non sans poursuivre, rapporte 20 minutes : "Nous [avons] du ressort, de la ressource".

L'opposition fulmine

Après avoir écouté le président, ils étaient nombreux à décrier un "discours bouffi d'auto-satisfaction", comme ce fut le cas d'Alexis Corbière. "Ce soir ce qu'on voulait entendre, c'était non pas de nous dire 'j'étais formidable' pour le passé, mais qu'il nous dise comment on engage les Français sur la voie d'un redressement rapide", a pour sa part lancé Olivier Faure, le patron du Parti socialiste.

"Début surréaliste, E. Macron est content de la gestion de la crise. Il oublie que notre pays va accuser une mortalité par millions d'habitants très élevée et l'une des récessions économiques les plus violentes au monde", a pour sa part attaqué Bruno Retailleau, chef des sénateurs Les Républicains. "Cette auto-satisfaction créé une distance entre les Français et lui", ajoute Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI.

Combien de vie le confinement a-t-il sauvé ?

Pour autant, force est de constater que le confinement a effectivement contribué à sauvé des vies. D'après les chercheurs de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), dont BFMTV reprend les conclusions, quelques 73 909 personnes seraient mortes du coronavirus Covid-19 en France entre les débuts de l'épidémie et le 19 avril 2020.

La mise en place d'une politique de restriction des sorties, des déplacements et de distanciation sociale leur a donc sauvé la vie.

Autre problème : sans confinement, les personnels médicaux et para-médicaux auraient été plus débordés encore qu'ils ne l'ont été. Et le nombre de lit disponible en réanimation ne servant pas qu'aux victimes du coronavirus, cela signifie donc que certains médecins auraient dû – voire, ont dû selon les situations – faire des choix.

Emmanuel Macron a-t-il menti pendant le confinement ?

Il n'empêche ! Bien des Françaises et des Français ont le sentiment d'avoir été floués : longtemps, pendant toute la période de pénurie de masques, l'exécutif a insisté sur le fait que leur port n'était pas nécessaire. Certaines personnalités, comme Marina Carrère d'Encausse, ont évoqué "un mensonge pour la bonne cause", rappelle Gala. Arlette Chabot, elle, a préféré dire que le gouvernement "a manqué de transparence", tandis que Mediapart a dit publier "les preuves d'un mensonge d'Etat".

"J'écoute ce que disent les médecins. Le directeur exécutif des programmes d'urgence de l'OMS continue à dire que le port du masque en population générale n'est pas forcément une bonne idée. Je n'ose plus le dire moi-même parce que je sais que je suscite immédiatement des critiques et des doutes", s'était défendu Edouard Philippe, alors largement attaqué.