Romane Bohringer a perdu sa mère à 14 ans : comment son film l'a aidée à restaurer son souvenir
Les confidences poignantes de Romane Bohringer. À l’occasion de la sortie de son deuxième long-métrage, l'actrice et réalisatrice lève le voile sur une blessure profonde : l’absence de sa mère, partie alors qu'elle n'avait que neuf mois et décédée quand la comédienne en avait à peine quatorze. En adaptant le récit de Clémentine Autain à découvrir au cinéma le 3 décembre 2025, la fille de Richard Bohringer trouve le moyen de panser ses propres plaies, celles d'une enfance marquée par la défaillance maternelle et une perte brutale.
Romane Bohringer et Clémentine Autain : deux deuils d'adolescentes
En lisant le livre de Clémentine Autain sur sa mère disparue, Dominique Laffin, Romane Bohringer a vu sa propre histoire se dessiner en filigrane. Le parallèle entre leurs deux vies brisées l'a bouleversée. "Quand [Clémentine Autain] a perdu sa maman, elle avait 12 ans. [Quand] j'ai perdu ma maman, j'avais 14 ans", explique-t-elle sur le plateau de C à vous le 26 novembre dernier, citée par Closer.
C'est cette gémellité dans le deuil qui a servi de moteur au projet. Comme elle l'indique durant son passage dans l'émission animée par Anne-Elisabeth Lemoine, Romane Bohringer s'est "reconnue partout, 'jusqu'aux sensations, jusqu'au décor de son enfance'". C'est en se plongeant dans ce récit que l'actrice et réalisatrice a compris l'universalité de son propre drame et a décidé de porter à l'écran cette quête de réconciliation avec le passé.
Marguerite Bourry : ce que l'on sait de sa mère qui l'a abandonnée à 9 mois
Avant la mort, il y a eu l'abandon. La figure de Marguerite Bourry, la mère de Romane Bohringer, est celle d'une femme à l'histoire "très douloureuse" et "fragile", d'origine franco-vietnamienne. Elle quitte le foyer alors que sa fille n'est qu'un bébé de neuf mois, laissant l'éducation de l'enfant à son seul père, Richard Bohringer. Une relation mère-fille compliquée que Romane Bohringer évoquait déjà par le passé.
Dans une interview pour Version Femina en 2023, la fille de Richard Bohringer décrivait paradoxalement ce "grand vide" et cette "grande force" que lui a laissé sa mère, dans son rapport à la maternité, après sa disparition. "J'ai eu une maman d'adoption qui compte énormément, mais l'abandon initial a accentué les interrogations que se posent beaucoup de femmes sur leur légitimité en tant que mère", confie celle qui est la mère de deux enfants, Rose et Raoul. "Comment, en effet, se sentir d'attaque quand on a manqué de référente au début de sa vie ? Il y a un certain sens de la malédiction qui pèse quand on a été accidenté. Mais chaque jour passé auprès de mes enfants me fait me dire que je ne m'en suis pas si mal sortie. Et, finalement, savoir que je n'ai pas reproduit le schéma, que j'ai "réussi" là où ma mère avait échoué, m'a rendue plus forte."
Le film comme quête de mémoire
Avec Dites-lui que je l'aime, le cinéma se transforme en thérapie. Le film mêle habilement le récit de Clémentine Autain, qui joue son propre rôle, et des séquences d'autofiction où la réalisatrice se met en scène chez une psychologue. Elle y expose sa difficulté à gérer ce sentiment d'abandon et l'injustice d'une mort précoce.
Côté casting, le choix de l'actrice Eva Yelmani pour incarner Dominique Laffin est d'ailleurs symbolique : sa ressemblance serait plus que frappante avec la mère de Romane Bohringer. Une manière pour l'actrice de restaurer le souvenir et, peut-être, de briser un héritage douloureux. Comme elle le confiait auprès de Paris Match, sa propre maternité est une réponse à son histoire : "Tous mes choix sont allés à l'opposé de l'abandon."