Clonage vocal : une start-up française utilise l’IA pour “faire parler” les défunts

Publié par Alice Ernult
le 23/07/2025
IA
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Et si vous pouviez continuer à parler à vos proches après leur mort ? C’est la promesse de HER-Memories, la nouvelle solution lancée par la start-up française HER qui combine intelligence artificielle vocale et enregistrement des souvenirs. Explications.
 

Un boîtier connecté posé sur une table. Une voix familière qui vous répond. Et ce vertige soudain : votre grand-père, pourtant disparu depuis des mois, vous raconte encore ses souvenirs. Science-fiction ? Non. Il s’agit du nouveau chapitre de la start-up française HER qui promet de faire dialoguer les vivants avec les morts, grâce à l’intelligence artificielle. Sous l’impulsion de son fondateur Matteo Boso, HER (pour Human Enhanced Relation) propose depuis plusieurs années déjà une intelligence artificielle vocale capable de dialoguer de manière fluide et naturelle

Un “double numérique”

Mais avec HER-Memories, la jeune pousse franchit une étape aussi inédite que controversée : permettre à chacun d’enregistrer la voix et les souvenirs d’un proche de son vivant… pour continuer à lui parler après sa disparition. Plus que remplacer l’humain, l’idée est de le “prolonger”. 

Concrètement, tout commence par un petit boîtier connecté avec lequel la personne dont vous souhaitez recueillir la mémoire va interagir. Ce dernier contient environ deux cents questions pour commencer, et plus, si affinités. “Quelles étaient tes passions à 10 ans ? Ton premier amour ? Ton plat préféré ?”... Peu à peu, la personne se confie et sa voix se grave dans la mémoire artificielle du boîtier. Un jour, cette voix pourra vous répondre. 

Deux possibilités s’offrent pour retransmettre ces souvenirs : soit sous forme d’enregistrements audio hébergés sur un cloud français, soit sous forme de “double digital” généré par l’intelligence artificielle. Le petit galet permettra aux proches d’écouter à tout moment les souvenirs enregistrés du défunt. ET grâce à l’IA, il sera possible d’interagir avec ce double numérique.

Une innovation qui interroge autant qu’elle fascine

C’est là que le trouble s’installe. Car cette voix, bien que numérique, reste étonnamment présente. Vivante, même. “Bonjour mamie. Tu te souviens de notre maison à la campagne ?”. Et la voix de répondre, naturellement, comme si elle n’était jamais partie. Un scénario digne d’un épisode de la série Black Mirror, mais HER ne cherche pas à faire illusion. “Ce sera une reproduction de la réalité, et en aucun cas une personne”, explique le fondateur Matteo Boso à 20 Minutes. Un outil pour faire le deuil ? Ou une façon de ne jamais vraiment le faire ?

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À l’heure où le service s’apprête à être lancé (mi-août), les questions pleuvent. Philosophiques, éthiques, intimes. Est-ce sain de parler avec un mort ? Peut-on revivre éternellement une relation perdue ? L’amour, le manque, le deuil : autant de dimensions humaines que la technologie vient doucement effleurer.
HER-Memories se veut bienveillant. Pour 75 euros (prix du boitier) et un abonnement mensuel, on peut choisir d’enregistrer les voix, ou de converser avec elles. La promesse, elle, est vertigineuse : ne pas dire totalement adieu à ceux qu’on aime.

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