Mort de Coluche : ce document prouve que le décès de l'humoriste aurait pu être évité

"Putain de camion." En 1988, deux ans après la mort de l'humoriste préféré des Français et fondateur des Restos du cœur, Michel Colucci, alias Coluche, Renaud lui rendait hommage dans son huitième album. Lui non plus, comme toutes les classe populaires et même au-delà, n'arrivait pas à admettre, à comprendre, ce qu'il s'était passé ce 19 juin 1986. Accompagné de deux amis, Coluche, motard pourtant confirmé, n'a pu éviter un camion chargé de gravats qui lui a brusquement coupé la route, alors qu'il rentrait de Cannes pour retourner sur les hauteurs des Alpes-Maritimes, dans la villa de Châteauneuf-Grasse, qu'il avait louée pour quelques jours (il ne voulait pas ce jour funeste manquer un match de l'équipe de France de football du Mondial 86 au Mexique). A 16h35, à hauteur du village d'Opio, sa Honda 1100 VFC a percuté le poids lourd de face, et ne portant pas de casque, il fut tué sur le coup, à 41 ans seulement. Qui ne se rappelle pas de Michel Denisot présentant Zenith, sur Canal Plus, débutant son émission en larmes par "Coluche est mort" ? C'est en réalité tout le pays qui était en deuil.
Un document très troublant refait surface
Dès son décès officiellement annoncé, toutes les théories du complot, alors que les réseaux sociaux n'existaient évidemment pas encore, avaient pourtant enflammé les débats. La faute à une justice très laxiste, nous allons le voir, et à des médias à la recherche des infos les plus sensationnelles. Ce n'était pas un accident mais "un crime politique, à cause ses engagements", etc. La vérité est sans doute bien plus terre à terre. En effet, Nice-Matin a pu mettre la main sur un document qui renforce un peu plus la thèse d'un banal accident de la route, mais qui accablerait les responsables 39 ans après !
Le camion n'aurait jamais dû couper la route de Coluche
L'enquête avait à l'époque conclu que les trois motards, dont Coluche, n'étaient pas en excès de vitesse sur la petite voie de cette départementale 3 : la route était sèche et ils circulaient à 60-70 km/h, soit moins que les 90 km/h autorisés, quand le poids lourd de 38 tonnes leur a coupé la route pour se rendre sur un terrain contigu, un "dépôt", où le chauffeur devait débarrasser sa benne des gravats. Cet homme qui fut littéralement haï (il se défaussait sur Coluche qui selon lui roulait trop vite), nommé Albert Ardisson mit 27 ans avant de reprendre la parole en 2013, devant encore se défendre de toute volonté d'assassinat. Seulement voilà, à l'époque, il avait été condamné en mars 1988 pour homicide involontaire à... 1 000 francs d'amende, l'équivalent de 150 euros aujourd'hui. Ce qui n'avait pas manqué d'attiser la polémique. Mais ce qu'ont découvert nos confrères est plus grave. Le camion conduit par Albert Ardisson, décédé en 2024 à 85 ans, n'aurait jamais dû tourner à gauche pour se rendre sur ce terrain.
Une enquête enterrée pour une histoire de gros sous ?
En effet révèle Nice-Matin, une enquête spéciale a été "diligentée" peu après l'accident. Confiné aux archives de Nice depuis lors, un document intitulé "Infraction au droit à l’urbanisme pouvant être relevée à l’occasion de l’accident de Coluche" a été découvert par le quotidien régional, "rédigé le 22 juillet 1986 avec les constats de la gendarmerie de Grasse et de l’ingénieur des travaux publics de l’État (ITPE) du Bar-sur-Loup." Mais que dit ce document exactement ? Que le fameux terrain contigu à la départementale où se rendait le camion pour décharger ses gravats était commun à plusieurs sociétés qui y stockaient entre autres du matériel, "avec l'accord du propriétaire" est-il écrit sur la note d'urbanisme. Or, la gendarmerie y fait aussi remarquer que "Ce dépôt concerné par l’accident aurait dû être interdit" car le terrain était "non conforme au P.O.S (Plan d'occupation des sols)." Jamais ce "Putain de camion" n'aurait dû s'y rendre.
"S’il avait été prouvé que le camionneur n’aurait jamais dû tourner sur la route d’accès au dépôt en fonction de la non-conformité au POS de cette installation, une partie des assurances aurait pu être versée" peut-on aussi lire sur le document. Pourquoi cette note est restée inconnue pendant 39 ans ? Parce que l'ancien maire dont nous ne citerons pas le nom, connaissant ce terrain, aurait pu être accusé de "complaisance" et "s'exposait à une sanction disciplinaire comme une révocation ou une peine d’un an d’inéligibilité." Et que sa commune aurait dû verser les indemnités ? Affaire à suivre.