Livret A : pourquoi la collecte de mars rend le gouvernement anxieux ?AFP
Alors que son taux annuel a chuté de 0,75% à 0,5% le 1er février 2020, le Livret A demeure l'une des épargnes de précaution préférées des Français. Pour preuve, ses encours bruts (LDDS compris) ont doublé entre février et mars 2020. Ce, qui, en pleine crise sanitaire et économique, préoccupe Bruno Le Maire.
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"Ce n'est pas d'épargne dont nous avons besoin aujourd'hui pour notre économie, mais d'investissement". La prévoyance des Français inquiète grandement Bruno Le Maire. Lors de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances rectificative qui se tenait ce mercredi 15 avril 2020, le ministre de l'Économie a exprimé ses craintes.

Alors que ce second projet de loi a été adopté et prévoit des aides d'urgence à l'économie de 110 milliards d'euros au total, contre seulement 45 milliards lors d'un premier plan adopté en mars, le ministre regrette l’attitude des Français : depuis le début de la pandémie du Covid-19, ils placent leur argent. Il souligne en effet que la France a besoin d'investissements et de consommation. Cela afin de tenir, et faire repartir rapidement l’économie.

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Livret A : "Les encours bruts ont doublé" en un mois

Pour appuyer ses dires, Bruno Le Maire a cité des données précises : "Les encours bruts ont doublé entre mars et février 2020". "En février 2020, le montant total des dépôts (nets des retraits, NDLR) sur les Livrets A et LDDS (Livret de développement durable et solidaire Ndlr) était de 1,5 milliard d'euros". Il a grimpé et est passé "à 3,8 milliards d'euros", en mars 2020, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, en un an, la collecte nette "du Livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS) a augmenté de 50% entre mars 2019 et mars 2020", a-t-il détaillé.

Pourquoi les foyers continuent-ils de placer leur argent sur ce livret qui ne rapporte quasi plus rien ?

Livret A : la baisse du taux ne freine pas les épargnants

Si, depuis le 1er février dernier, le taux annuel du Livret A a baissé de 0,25% (il est passé de 0,75% à 0,50%), ce produit de précaution séduit toujours autant les épargnants, note Le Figaro.

La récolte de l’année 2019 a d’ailleurs été excellente. La collecte nette - soit, les dépôts soustraits des retraits - a progressé de 16,55 milliards d'euros, contre 12,69 milliards d'euros en 2018. Au premier trimestre 2020, la collecte est aussi plus élevée que l’année précédente : un peu moins de 10 milliards ont été déposés, contre 9,65 milliards au premier trimestre 2019.

Certes, le Livret A et le LDDS rapportent très peu, mais l’argent qui est placé sur ces produits sans risque est, lui, garanti. Un atout non négligeable pour les citoyens français, dans un contexte de crise économique causée par la pandémie de coronavirus et de confinement.

Pourquoi cette pratique constitue-t-elle un risque pour le pays ?

Livret A : faudra-t-il inciter la demande ?

La consommation des ménages étant l’un des boucliers de l’économie, ce bond de l’épargne n’est, pour Bruno Le Maire, pas bon signe. Le ministre de l’Economie alerte sur le "risque de voir le taux d'épargne augmenter face aux incertitudes, au détriment du financement de notre économie".

Et de conclure :

"L'épargne de précaution qui est en train d'être construite aujourd'hui [...] ne va pas se débloquer du jour au lendemain. Il est probable que les consommateurs auront des comportements attentistes et qu'il faudra donc inciter la demande."

Une mesure qui paraîtra essentielle lorsque l’on sait que les économies française, européenne et mondiale vont connaître leur pire récession depuis les années 1930, du fait de la pandémie du nouveau coronavirus.