Contrats d’assurance : seniors, comment bien les décrypter ?IllustrationIstock
INTERVIEW. Assurance habitation, dépendance, auto… Les contrats d'assurance contiennent différentes subtilités qu'il faut savoir déchiffrer pour ne pas être pris au dépourvu, en cas de sinistre. Li Cai, co-fondatrice de Lyanne, "l'antidote aux problèmes d'assurance", startup accompagnant les assurés dans leurs démarches, nous livre ses conseils pour éviter les pièges.
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Les offres dédiées aux plus de 60 ans bondissent d’année en année. Et pour cause, ils représentent plus de 25% de la population française. Ils sont donc devenus la cible privilégiée des assureurs, autant d’un point de vue démographique que financier. Or avec un vocabulaire spécifique, des tarifs divers et variés et des promesses de contrats adaptés, il peut être difficile de s’y retrouver. Bien que clients fidèles, leurs besoins évoluent au fil du temps. Comment faire le point et adapter ses différents contrats ? Li Cai, co-fondatrice de Lyanne, "l'antidote aux problèmes d'assurance", a répondu à nos questions.

L’assurance habitation et les seniors

Planet. Comment définir ses réels besoins en matière d'assurance habitation ? Est-elle nécessaire en maison de retraite ?

Li Cai. Il est obligatoire d’être couvert en maison de retraite. Au minimum, le résident devra être couvert par une garantie responsabilité civile qui couvre les résidents pour les dommages corporels et matériels qu’ils pourraient causer à un tiers. La plupart du temps, c’est l’établissement qui y souscrit directement. Le paiement de cette couverture sera alors inclus dans les frais mensuels de séjour dans la maison de retraite.

Si ce n’est pas le cas, le résident pourra souscrire à une assurance maison de retraite. Son but est de couvrir vos biens mobiliers et autres effets personnels. Généralement, cette assurance vous couvre contre les risques d’incendie, les dégâts des eaux, le bris de vitre ou les catastrophes naturelles. Parfois, une protection juridique est incluse. Cette protection permet un accompagnement par un professionnel en cas de litige.

En EHPAD, c’est un peu différent. Ces établissements ont signé une convention tripartite avec les organismes de tutelle. Les EHPAD peuvent donc accueillir des personnes âgées dépendantes et disposent des ressources nécessaires pour le faire. Cela peut avoir des répercussions sur l’assurance habitation. Les garanties nécessaires ne seront pas nécessairement les mêmes. Il est notamment recommandé de souscrire à une garantie de responsabilité civile étendue. Son objectif est de couvrir le résident en cas d’accident provoqué au sein de l’EHPAD.

Dans quel cas est-il par ailleurs utile de souscrire une assurance dépendance ?

Assurance dépendance : souscrivez un contrat avant 70 ans pour éviter un prix exorbitant

Planet. Que couvre l’assurance dépendance ? A partir de quel âge faut-il y souscrire ?

Li Cai.L’assurance dépendance couvre les personnes qui sont confrontées à une perte d’autonomie. Elle permet à l’assuré de percevoir une rente ou un capital pour faire face à ces dépenses. Comme pour beaucoup d’assurances, les risques sont mutualisés. Cela signifie que si l’assuré conserve son autonomie jusqu’à son décès, il ne percevra pas d’indemnités. Elle peut faire l’objet d’un contrat séparé où être une option à sélectionner dans un contrat d’assurance-vie. Il existe plusieurs choix du niveau de dépendance qui feront l’objet de garanties et de coûts différents :

  • L’assurance dépendance lourde ou totale : versement d’une rente ou d’un capital uniquement en cas de dépendance totale
  • L’assurance dépendance partielle : versement d’une rente ou d’un capital en cas de besoin d’assistance au quotidien pour la toilette, l’alimentation … Les conditions spécifiques pour être considéré comme "partiellement dépendant" sont comprises dans les clauses du contrat.
Il est néanmoins recommandé de souscrire à cette assurance avant les 70 ans pour éviter un prix exorbitant.

Quid de l’assurance auto ?

L’assurance auto et les seniors : comment réduire les prix ?

Planet. Les assureurs considèrent-ils les personnes âgées comme des personnes à risque ?

Li Cai. Il n’existe pas d’âge maximum pour conduire ni d’examen médical obligatoire pour conduire. Cependant, même s’il n’y a aucune restriction liée à l’âge, les compagnies d’assurance prennent en compte le vieillissement.

Pour les assureurs, les personnes âgées sont considérées comme des personnes à risque. Elles entrent donc dans la même case que les jeunes conducteurs qui viennent d’obtenir leur permis de conduire. Cela est dû à la perte de réflexes, à la diminution de la vision et de l’audition qui peuvent entraîner des risques accrus en voiture. Le traitement de certains de ces troubles peut s’accompagner de prises de médicaments dont les effets potentiels peuvent être incompatibles avec la conduite.

Ainsi, les assureurs compensent en général l’augmentation de ces risques par une augmentation de la prime ou des franchises. Ce sont ces raisons qui font qu’il peut devenir difficile et coûteux d’assurer son véhicule après 60 ans. Il est même possible d’essuyer des refus de la part des assureurs. L’assureur a, en effet, le droit de refuser de couvrir un senior. L’obligation d’assurance pèse sur l’assuré et non l’assureur. Il peut refuser un risque qu’il estime trop élevé.

Pour réduire le montant de la prime, il est donc essentiel de revoir les garanties du contrat d’assurance auto pour les actualiser aux nouveaux usages du senior. Par exemple, une garantie "domicile-travail" n’aura plus sa place dans le contrat. Il peut également être intéressant de s’intéresser à une assurance au kilomètre. Le calcul des cotisations sera alors calculé en fonction du kilométrage annuel réel.

Pour ne pas vous voir imposer un contrat trop cher, il peut être nécessaire d’obtenir un certificat d’aptitude à la conduite automobile. Ce certificat peut être délivré par un médecin généraliste. Le médecin peut, à l’inverse, émettre une contre-indication à la conduite s’il ne juge pas son patient apte à conduire normalement. Cette contre-indication peut l’amener à proposer une solution graduée. Il peut ainsi proposer au senior de ne conduire que le jour ou sur des distances restreintes. L’idée est de garantir la sécurité du conducteur et des autres.

Il est également recommandé de mettre en avant son expérience. Il est, en effet, prouvé que les conducteurs seniors sont plus rigoureux dans le respect du Code de la route. Si le conducteur n’a jamais été impliqué dans un accident de la route, il a sans doute accumulé un bonus. Il faut mettre cela en avant lors de l’établissement du contrat. Le prix du véhicule jouera également sur le contrat. Une voiture ancienne est plus susceptible d’être impliquée dans un accident, l’assurer coûtera donc probablement plus cher.