Taxe sur les ordures ménagères : devra-t-on bientôt payer en fonction du poids de nos poubelles ?Istock
De nombreuses communes françaises ont déjà créé une "redevance incitative", ou taxe pollueur-payeur, afin de réduire la quantité de déchets produite par chaque foyer. Elle entrera par exemple en vigueur en 2022 à Grenoble où les poubelles seront pucées et les bennes équipées d'un lecteur.
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Le montant de votre taxe sur les ordures ménagères sera-t-il bientôt indexé sur le poids de vos poubelles ? Selon La Dépêche, 200 communes ont déjà fait ce choix en France et d'autres y songeraient sérieusement. L'objectif est évidemment de pousser les Français à limiter leurs déchets dans une préoccupation environnementale, mais aussi d'économiser de l'argent en réduisant le montant de la taxe pollueur. Le but est surtout d'anticiper l'échéance de 2025, date à laquelle la Loi de transition énergétique votée en 2015 imposera la généralisation du tri à la source des biodéchets.

Faire payer les usagers selon les quantités de déchets jetées

Alors qu'ils représentent un tiers des déchets de nos poubelles, La Dépêche assure qu'ils sont à ce jour incinérés ou enfouis, alors qu'ils pourraient servir pour fabriquer du compost ou du biogaz. C'est pour remédier à ce constat alarmant que de nombreuses communes ont décidé d'instaurer une "redevance incitative" pour financer la collecte et le traitement de ces déchets ménagers. La tarification incitative consiste à faire payer les usagers du service de gestion des déchets selon les quantités qu’ils produisent. Objectif : inciter les foyer à réduire le poids de leurs poubelles. Une mesure qui fonctionne selon le maire de Villeréal, en Lot-et-Garonne. "Depuis l’instauration de cette redevance nous avons réduit de moitié la quantité d’ordures ménagères collectées", explique Guillaume Moliérac auprès de La Dépêche.

"Le principe est simple : chaque foyer peut déposer 26 sacs-poubelles de 50 litres par an dans un des 100 points de collecte du territoire grâce à un badge nominatif qui permet d’ouvrir le collecteur", explique l’élu. Pour tout sac supplémentaire, 1,87 euros est rajouté à la "redevance incitative" de 164,45 euros que payent tous les ans les foyers. Dans les grandes métropoles, chaque habitant ne peut pas aller jeter sa poubelle dans un point de collecte. C'est pour cela qu'en 2022 à Grenoble, les poubelles seront pucées et les bennes dotées d'un lecteur afin que la taxe d'enlèvement des ordures ménagères soit allégée pour ceux qui jettent moins d'ordures.

Les poubelles seront pucées à Grenoble dès 2022

Comme le rapporte Reporterre, il s'agit d'une initiative inédite à l'échelle d'une métropole. Les services techniques de Grenoble-Alpes Métropole instaurent une taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative prenant en compte le nombre de levées des poubelles grises, dans lesquelles se retrouvent les ordures ménagères résiduelles, celles qui n’ont pas vocation à être triées. Le but est que ceux qui trient mieux payent moins. "C’est la première fois qu’une taxe incitative concerne autant d’habitants [450.000 personnes dans 49 communes], qui plus est dans un habitat avec une majorité d’immeubles, ce qui ne facilite pas la tâche", assure Alexandra Gentric, chargée du suivi des projets de tarification incitative à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). "À peine 10 % des collectivités ont recours à une incitation financière. C’est dire combien il est important qu’une grande ville comme Grenoble donne l’exemple", assurait-elle en 2019. 

Objectif : diminuer de moitié les déchets d’ici 2030 

Si les collectivités hésitent à instaurer une redevance incitative sur les déchets, c’est parce que le déploiement d’un tel dispositif est complexe, long et coûteux. Il nécessite avant tout une forte volonté politique. "Un habitant produit en moyenne 193 kg d’ordures ménagères résiduelles par an [contre, tout de même, 270 à l’échelle nationale, selon les chiffres de l’Ademe de 2013]. Nous sommes loin de nos attentes. L’objectif du schéma directeur 2020-2030 est de diminuer de moitié le volume de ces déchets d’ici 2030 et de valoriser les deux tiers de l’ensemble des déchets, toutes poubelles confondues ", assure auprès de Reporterre Georges Oudjaoudi, élu écologiste à Saint-Martin-d'Hères, Grenoble-Alpes Métropole.

L'objectif serait que le plupart des grandes villes possède à terme des poubelles individuelles pourraient être équipées d’une puce qui serait lue sur un camion poubelle équipée d’une balance. Chaque foyer payerait ainsi en fonction du poids de ses ordures.