Sibeth Ndiaye aurait menti pour "protéger la vie privée" d’Emmanuel MacronAFP
L'ancienne porte-parole du gouvernement le reconnaît bien volontiers : il lui est arrivé de mentir pour protéger l'intimité du chef de l'Etat. Pourtant d'aucuns s'inquiètent de ce que ces aveux pourraient dire de la gestion de la crise sanitaire…
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"J’assume de mentir pour protéger le président de la République", aurait déclaré Sibeth Ndiaye en 2017, rapportait à l’époque L’Express dans le cadre d’une longue enquête consacrée à la communication jugée "verrouillée" du Château. Des propos qui, depuis, ont été corrigés par la première intéressée : elle a expliqué à plusieurs reprises qu’il ne s’agissait pas de mentir pour couvrir les arrières du chef de l’Etat, mais "seulement" pour préserver sa vie privée, ainsi que le précise les journalistes de la rubrique CheckNews de Libération. Il n’empêche ! De tels propos ont de quoi jeter le doute sur l’intégrité de la femme politique. Et justifier, à l’évidence, les questions inquiètes de certains parlementaires.

Sibeth Ndiaye, qui fut longuement la porte-parole du gouvernement d’Edouard Philippe - et qui a notamment occupé ce poste pendant les débuts de la crise sanitaire, jusqu’au 3 juillet 2020 -, a récemment été auditionnée par la commission d’enquête du Sénat. Les élus souhaitaient notamment savoir si la mission de "protection" du président s’étendait aussi à des questions politiques… Certaines déclarations ont, en effet, de quoi interpeller.

Pourquoi le Sénat interroge Sibeth Ndiaye sur ses éventuels mensonges ?

Comme le rappelle justement Le Parisien, c’est à Sibeth Ndiaye qu’est revenue la difficile tâche de défendre l’action gouvernementale auprès de la presse, tandis que tous découvraient doucement la réalité du Covid-19. Avec parfois, quelques couacs… 

Sur RMC, par exemple, elle soutenait en mars que le port du masque n’était pas essentiel. "Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde. Et vous savez quoi, moi je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire je suis ministre, je me mets un masque. Mais en fait je ne sais pas l’utiliser, parce que l’utilisation d’un masque ce sont des gestes techniques précis, sinon on se gratte le nez sous le masque, et bien en fait on a du virus sur les mains, sinon on a utilisation qui n’est pas bonne et ça peut être même contre-productif", avait-elle argué à l’époque.

Sibeth Ndiaye a-t-elle menti sur les masques ?

"Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies parce que ce n’est pas nécessaires quand on n’est pas malade", assurait-elle aussi, le 17 mars 2020. Autant de propos qui, aujourd’hui, interpellent.

Dès lors se pose la question : Sibeth Ndiaye a-t-elle menti ? Enjolivé ? Pas le moins du monde, assure-t-elle.

"Dire la vérité sur ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas en temps de crise est primordial et je crois que c’est ce à quoi nous nous sommes attachés collectivement dans l’exécutif. Nous avons dit ce que nous savions, nous avons établi une doctrine d’emploi, nous avons rendu celle-ci transparente", s’est elle défendue devant les parlementaires, expliquant avoir souhaité donner "la priorité au personnel soignant dans les hôpitaux". "A aucun moment on ne m’a demandé de mentir sur la situation des masques et à aucun moment donné je ne l’ai fait", poursuit l’ancienne porte-parole.

Sibeth Ndiaye : mensonge et tennis

Sibeth Ndiaye en a également profité pour revenir sur l’histoire de son mensonge, tel qu’initialement rapporté par L’Express, note La Dépêche. Non sans attaquer les journalistes de l'hebdomadaire... " Ces propos ont été rapportés de manière parcellaire", affirme-t-elle d’abord, avant de préciser le contexte. Elle reconnaît avoir déclaré être prête à mentir… au moment de la campagne présidentielle. "Le futur président de la République, à l’époque, souhaitait faire une partie de tennis lors d’un week-end électoral, sans meute de journalistes", décrit-elle.

Problème ? "Des journalistes se sont aperçus qu’il avait quitté le lieu où il était pour faire cette partie de tennis, qui était donc un moment privé", explique Sibeth Ndiaye. L’un d’eux lui a vertement reproché de faire de la rétention d’informations politique… ce qu’elle n’a visiblement pas beaucoup apprécié. C’est là qu’elle a reconnu être prête à mentir.