"Seychelles françaises" : qui est celle qui a tenté de transformer une île bretonne ?Archipel de Bréhatabacapress
Pour avoir voulu aménager un complexe hôtelier de luxe sur le site classé de l'archipel de Bréhat dans les Côtes-d'Armor, la SCI Béniguet, a écopé d'une très lourde amende. Qui en est la propriétaire ?

300 000 euros d’amende ! Voici la somme dont a écopé ce jeudi 17 juin la SCI Béniguet pour avoir réalisé des travaux sans autorisation sur l'île de Béniguet. L’objectif était d'aménager un complexe hôtelier de luxe, présenté comme les "Seychelles françaises", par son propriétaire. Or, ce site de l'archipel de Bréhat, situé dans les Côtes-d'Armor en Bretagne est classé depuis 1964.

Qui est la propriétaire de la SCI ?

La gérante n’est autre que Blandine Baud, petite-fille du fondateur des enseignes Franprix et Leader Price. Cette dernière a aussi été condamnée à 30 000 euros d'amende dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), rapporte Ouest France avec l’AFP.

L’entité et sa propriétaire, mises en examen en 2014, comparaissaient au total pour sept infractions commises entre 2009 et 2015. Parmi elles, l'"exécution de travaux non autorisés par permis de construire" et la "destruction sans autorisation d'un monument naturel ou site classé".

Transfert sur l’île en hélicoptère, "isolement complet"… Le projet de "resort" avait pour visée d’ouvrir en 2014 "une dizaine de villas indépendantes réalisées avec des matériaux de la région" pour des séjours "haut de gamme". Ce n’est pas la première amende que la SCI se voit attribuer une sanction. La société civile immobilière, propriétaire depuis 2003 d'une majorité de l'îlot de 32 ha, avait déjà était condamné en 2009 à une amende de 40 000 euros pour travaux sans autorisation.

Malgré cela, le chantier n’a jamais pris fin… Voici ce que dit l’enquête.

Des travaux qualifiés "d'aménagements de décoration intérieure"

D’après l'enquête, près de six millions d'euros de travaux ont été effectués depuis la condamnation de 2009. Ce sont majoritairement du gros œuvre. Pour sa défense, Blandine Baud avait qualifié ces derniers "d'aménagements de décoration intérieure" dans ses dépositions. Elle assurait même posséder toutes les autorisations nécessaires.

"La peine est lourde pour mettre fin à un procès bien trop long", a estimé Me Edouard de Lamaze, avocat des prévenus, au terme de l'audience. Il a assuré qu'il n'y avait "pas de projet hôtelier" : "Nous nous sommes engagés à cela, il y a une exploitation en bon père de famille de ces lieux d'exception."

Que dit la partie adverse ?

Nous avons demandé à ce qu'il n'y ait pas d'exploitation commerciale

De son côté, Me Benoist Busson, avocat de différentes associations bretonnes de défense de l'environnement, a jugé que ce dossier avait mis "beaucoup de temps à être instruit". "On est sur une problématique paysagère, il n'y a pas eu d'artificialisation réelle du milieu naturel, mais c'est l'illustration qu'il vaut mieux des procédures conservatoires au civil, en saisissant le juge des référés pour interrompre des travaux avec des astreintes, sinon ça s'éternise", a-t-il déclaré.

Et de conclure : "Nous avons demandé à ce qu'il n'y ait pas d'exploitation commerciale du site au-delà d'un gîte rural. Si demain ça se transforme en hôtel pour riches avec plein d'allers et venues il y aura de nouveau des actions."