Près de 750 000 seniors vivent en "mort sociale", selon Les Petits Frères des Pauvres
La sonnette d’alarme est tirée. Selon le 3ᵉ Baromètre des Petits Frères des Pauvres, intitulé "Solitude et isolement : quand on a plus de 60 ans en France", publié en septembre 2025, l’isolement des aînés a atteint un niveau record. Réalisée par l’institut CSA Research, l’étude met en lumière une augmentation de l’isolement des personnes âgées ces dernières années.
Des chiffres alarmants
Les chiffres clés du baromètre 2025 Petits Frères des Pauvres sont sans appel. En France, 750 000 personnes de plus de 60 ans se trouvent en situation d’isolement extrême, qualifiée de "mort sociale". Ce chiffre, qui représente 4 % de cette tranche d'âge, a connu une progression spectaculaire de 150 % en huit ans, passant de 300 000 personnes en 2017 à plus du double aujourd'hui.
Le Covid, mais surtout la période post-pandémie, a vulnérabilisé les liens sociaux, voire invisibilisé les personnes âgées. L’association note une hausse qui s’élève à 42 % par rapport au précédent baromètre de 2021, où 530 000 seniors étaient concernés, rapporte le Le Figaro.
Des facteurs multiples à l’isolement
Les facteurs de l'isolement des plus de 60 ans sont multiples : veuvage, perte d'autonomie et difficultés de mobilité qui s’accentuent avec l'âge. Isabelle Sénécal, responsable du pôle plaidoyer de l'association, précise : "Autour de 80 ans, avec le décès du conjoint, des amis et des voisins du même âge, les seniors sortent moins, car ils sont moins autonomes, ne conduisent plus", rapporte Le Figaro. La précarité est également un facteur aggravant, puisque 9 % des aînés vivant sous le seuil de pauvreté sont touchés.
Daniel L., 77 ans, est tombé dans la solitude après la mort de sa femme en 2021, rapporte Le Figaro. "Ni moi ni ma sœur n'avons d'enfant. Mes amis ont des problèmes de santé, je les ai perdus de vue", confie l'ancien technicien chimiste. Selon l’étude, 1,1 million de personnes âgées n’ont quasiment aucun lien avec des amis, et 2,7 millions avec leurs voisins. La plupart des échanges se limitant au simple "bonjour-bonsoir".
Une baisse de natalité qui pourrait aggraver l’isolement
Toujours d’après le baromètre, 1,5 million de personnes âgées ne voient jamais ou presque jamais leurs enfants et petits-enfants, elles n’étaient "que" 470 000 en 2017. En parallèle, 3,2 millions de seniors vivent sans enfants ou petits-enfants. Cette baisse de natalité pourrait encore plus aggraver l’isolement des personnes âgées, d'après Isabelle Sénécal. "On a besoin de natalité pas seulement pour financer les retraites mais pour éviter l'isolement au grand âge, facteur de perte d'autonomie, de mal-être, voire de dépression. Car les premiers aidants sont la famille", indique-t-elle.
Un appel urgent à une action publique
Depuis la crise du Covid-19, l'isolement des seniors s'est exacerbé. L'étude souligne que cet état est un facteur majeur de perte d'autonomie, de mal-être et de dépression. Le taux de suicide des 85-94 ans, deux fois plus élevé que celui de la population générale, illustre cette détresse. Si rien n'est fait pour briser l'isolement, l'association estime que ce chiffre pourrait dépasser le million de personnes d'ici 2030.