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La mort de Clément Méric, ce jeune militant anti-fasciste de 18 ans agressé par des skinheads, a suscité la plus vive émotion. Mais le drame a aussi rapidement pris une tournure politique.

© abacapressLa mort de Clément Méric, le jeune militant anti-fasciste violemment agressé par un groupe de skinheads mercredi, et décédé ce jeudi à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a suscité la plus vive émotion. Originaire de Brest, cet étudiant à Sciences Po de 18 ans faisait parti du groupe Action antifasciste Paris-Banlieue. Alors qu’il se trouvait dans un quartier commerçant près de la gare Saint-Lazare avec des amis, il s’est retrouvé face à un groupe de skinheads. La tension est rapidement montée entre les deux bandes, et il a reçu un coup violent en pleine tête, asséné par un coup de poing américain. Projeté contre un poteau en fer, il s’est écroulé, en sang, inconscient. Rapidement déclaré en état de mort cérébrale, il est décédé dans la  journée d’hier.

Sept interpellations
Ce jeudi, alors que les agresseurs avaient pris la fuite après l’agression, sept personnes, dont une femme, ont été interpelées et placées en garde à vue. Plusieurs d’entre eux seraient proches du groupuscule des JNR, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires. L’auteur présumé du meurtre serait âgé d’une vingtaine d’années. Ce drame a aussitôt suscité de nombreuses réactions. Emotion, incompréhension, indignation… L’agression a aussi rapidement pris une tournure politique. Jean-Marc Ayrault a dit vouloir « étudier toutes les possibilités qui permettront de tailler en pièces […] ces mouvements d'inspiration fasciste et nazie qui font du tort à la République ».

FN et Manif pour tous pointés du doigt
Nombreux ont été les responsables politiques à en effet pointer du doigt le Front national. Marine Le Pen a aussitôt pris ces distances avec les auteurs du crime. La présidente du FN a déclaré au micro de RTL que « le FN n'a aucun rapport, ni de près, ni de loin, avec cette agression ». « D’autant moins que souvent ces groupuscules extrémistes mènent la guerre à Marine Le Pen et au Front National » a ajouté Florian Philippot. Egalement accusée d’avoir préparé le train à de telles violences, Frigide Barjot, chef de file de la Manif pour tous, s’est défendue de toute responsabilité. « La violence vient d'abord de la loi Taubira » a-t-elle affirmé, « ça a levé un combat idéologique. Il ne faut pas s'étonner qu'il y ait des répercussions mortifères. Je le déplore totalement. »

« Demain, viendra le temps de la lutte implacable »
Manuel Valls, qui s’est rendu sur les lieux du drame a tenu à apaiser les esprits. « Je me méfie de tous les amalgames, j'en appelle au rassemblement » a déclaré le ministre de l’Intérieur. Pour Claude Bartolone, « ce n'est pas un drame banal » a déclaré le président de l’Assemblée dans un communiqué. « Demain, viendra le temps de la lutte implacable contre ces mouvements ennemis de la République, dans le cadre de la loi et du respect des libertés. Il n'y a pas de place en France pour la violence et pour la haine » a-t-il ajouté. De nombreux rassemblements et manifestations ont organisés hier à Paris et en France, où l’agitation a parfois pris le dessus sur l’émotion. Anne Hidalgo a ainsi dû être exfiltrée du rassemblement qui se tenait à Saint-Michel. Nathalie Kosciusko-Morizet a elle aussi violemment été prise à parti en se rendant sur les lieux du drame.