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Un nombre considérable de préfets continue d'attendre une affectation territoriale, indispensable à l'exercice de ses missions. Pour autant, durant cette phase de transition, ils sont nombreux à percevoir primes et rémunérations, aux frais de l'Etat…
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Les très gracieux salaires des préfets : une moitié d’entre eux ne sont pas affectés

Payés à rien faire, les préfets ? Loin s’en faut. Pourtant, ils demeurent nombreux à espérer décrocher une affectation territoriale. Or, comme le rappelle le site emploi-collectivités, c’est précisément ce qui rattache un agent de la fonction public à son poste de travail. Fondamentalement, il s’agit de son "positionnement dans un service et des missions" qui se rattachent au dit service.

Or, sur les 250 préfets en exercice dans l’Hexagone, 127 ne sont pas affectés révèle Capital. Ce qui signifie qu’un peu plus de la moitié d’entre eux n’occupent pas de postes territoriaux. Une situation alarmante, contre laquelle la Cour des comptes tirait l’alarme en 2014. Fin 2017, la situation n’avait d’ailleurs pas évolué expliquent les sénateurs chargés de l’évaluation de la gestion du corps préfectoral dans les colonnes du mensuel.

Pour y remédier, les différents exécutifs ont entrepris de modifier le décret statutaire initial portant sur le sujet de l’affectation des préfets. Ecrit en 1964, il a été revu pour la dernière fois en 2015, sans grand impact sur le nombre de préfets en attente d’un poste local. Pire : d’après les sénateurs, plusieurs préfets chargés de conseiller le gouvernement "continuent d’être affectés à des fonctions au rapport lointain ou indéterminé avec l’administration territoriale".

Combien coûte un préfet non affecté à la collectivité ?

En pratique, ces préfets non affectés remplissent d’autres missions. 59 d’entre eux travaillent pour l’administration centrale ou dans les cabinets ministériels tandis que 16 conseillent l’exécutif et le gouvernement, indique Capital. 8 d’entre eux sont chargés d’une "mission de service public relevant du gouvernement", et 11 autres s’assurent de la bonne entrée en fonction des futures générations. Sur les 24 préfets restant, une première moitié est affectée "à dispositions d’autres organismes", dont la liste n’est pas détaillée par la place Beauvau. L’autre moitié s’est placée en "disponibilité pour convenance personnelle", indique le mensuel, le plus souvent en amont de l’exercice d’une activité privée.

Si ces derniers ne coûtent rien à la collectivité, ce n’est pas le cas des 115 autres, dont les missions visent à leur "donner une occupation" entre deux affectations d’après le rapport publié par la Cour des comptes, en 2014. Eux continuent à percevoir, alors même qu’ils ne sont pas affectés, un salaire moyen de 8 000 euros nets mensuels, auxquels peuvent s’ajouter des primes…

Des fonctionnaires payés à ne rien faire, c’est possible ?

Figure emblématique du mouvement des "gilets jaunes", le fonctionnaire Jean-François Barnaba avait défrayé la chronique parce qu’il bénéficiait d’un statut très avantageux. Ce membre de la fonction publique territoriale expliquait en effet toucher 2 600 euros nets mensuels sans avoir à travailler. En 2018, cela faisait déjà que durait cette situation.

Comme d’autres, Jean-François Barnaba fait partie des "fonctionnaires momentanément privés d’emplois", rappelle Capital. En 2016, ils étaient 440 pour un total de deux millions d’agents de la fonction publique territoriale, environ.