En cas de décès, la pension de réversion peut être accordée aux proches du défunt. Qui peut en bénéficier et à quelles conditions ? On fait le point.
On croirait à un mauvais remake du film d’Étienne Chatiliez, La Vie Est un Long Fleuve Tranquille. Ce mardi débute à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, le procès des bébés échangés à la naissance par une clinique cannoise en 1994. La famille Serrano, qui multiplie les procédures depuis 2004, est représentée par maître Gilbert Collard. Associée à la seconde famille, elle réclame plusieurs millions d’euros de dédommagements, rapporte Nice Matin.
Du doute au cauchemar
L’affaire remonte à 1994 quand Manon Serrano et une autre jeune fille, alors nourrissons, ont été échangées après un traitement médical contre la jaunisse à la clinique la Bocca. Quand elle a récupéré son enfant, Sophie Serrano, la mère de Manon, a eu des doutes. Sa fille "avait plus de cheveux qu’avant et une peau plus mate", a-t-elle expliqué. Mais l’équipe médicale a eu tôt fait de rassurer la femme qui est finalement rentrée chez elle.
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En grandissant, la différence s'est faite de plus en plus visible. Alors que la jeune fille souffrait des médisances et des moqueries des autres enfants, le compagnon de Sophie Serrano a pris la décision de faire un test de paternité. C'est à la suite de ce test ADN, dix ans après l’échange, que la famille Serrano s'est rendue compte que Manon n'était pas sa fille biologique.
La clinique reconnaît l'échange
À la suite d’une première enquête menée par la gendarmerie, l’inversion des bébés a été avérée. La seconde famille a été retrouvée dans la région avec la fille biologique de Sophie, prénomée Mathilde. S’en est suivi un premier passage en justice à l'issue duquel la clinique a été acquittée. Les deux enfants ayant été échangées involontairement et les faits étant prescrits (le délai accordé est de trois ans), l’établissement n’a donc rien eu à craindre au pénal, souligne le journal. La Bocca, qui est fermée depuis, avait pourtant bien reconnu l’erreur mais avait alors refusé de dédommager les deux familles. Celles-ci ont donc décidé d’emporter l’affaire au civil.
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Les deux familles qui se sont rencontrées en 2004 n’ont pas entretenu de liens au-delà des procès. "Je ne vois plus ma fille biologique", a déploré il y a peu Sophie Serrano. "Les différences sociales éducatives et culturelles, en plus de la douleur de notre rivalité inconsciente, ont eu raison de nos relations", a-elle expliqué aux journalistes. Pour autant, aucune des deux familles ne souhaite abandonner.
12 millions d'euros de dédommagment
Aujourd’hui, deux pédiatres, deux médecins accoucheurs et l’auxiliaire puéricultrice son renvoyés devant la justice. C’est cette dernière qui, selon la clinique, serait à l’origine de l’affligeant échange, relate Nice Matin. Par l’intermédiaire de Me Gilbert Collard, qui dénonce une "adoption forcée" et "la déconstruction d’un destin", la famille de Manon a réclamé 5,38 millions d’euros. De sont côté, la famille de Mathilde demande près de 6,88 millions d’euros, soit un peu plus de 12 millions d'euros de dédommagement.
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