Début de grève dans les pharmacies : faut-il faire le plein de médicaments ?

Publié par Nina Parage
le 26/06/2025
le
3 minutes
Cadis remplis de médicaments et blouse blanche
Les pharmaciens passent à l’action : une grève des gardes a débuté le 25 juin. Le mouvement prendra de l’ampleur dès le 1er juillet, avec des mobilisations d’envergure annoncées tout l’été.

Patrick Raimond, président du syndicat des pharmaciens USPO dans les Bouches-du-Rhône, a sonné l’alerte : depuis mercredi 25 juin, une grève des gardes (nuit, dimanche et jours fériés) a été initiée pour une durée de 14 jours renouvelables. Un mouvement qui présage une diabolisation plus large le 1er juillet, démarrant en grandes pompes par un rassemblement prévu dans la capitale.

Grève des pharmaciens : pourquoi cette mobilisation ?

En ligne de mire : la baisse des remises sur les génériques imposée par l’arrêté du 6 mai, qui prévoit de réduire fortement les marges que les pharmaciens perçoivent sur les médicaments génériques, elles passeraient de 40 % à 20-25 %. Le texte impose aussi des plafonds sur les bénéfices liés aux médicaments hybrides et biosimilaires, ce que la profession juge économiquement intenable.

On fait 600 millions d’euros d’économies sur le dos des pharmacies […] C’est inacceptable. Cette décision brutale met en péril notre capacité à maintenir un accès de proximité aux soins, s’agace Patrick Raimond.

Pour l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France), la ligne rouge est franchie : “ Pour les pharmaciens, c’est une brutale désillusion. Le Gouvernement semblait, ces derniers mois, enclin à protéger les officines en difficulté, à soutenir l’économie du médicament générique et à améliorer l’accès aux soins. Il se renie au pire moment, dans un contexte économique, politique et international rarement si incertain. Par cette décision, il foule au pied tous les travaux entrepris et assène le coup de grâce tout particulièrement à plus de 800 pharmacies en difficulté, tandis que d’autres acteurs du circuit des médicaments demeurent étonnamment préservés de toutes mesures gouvernementales.”

En ce moment : une crise des pharmacies

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 290 officines ont fermé en 2024, soit une par jour ouvré, contre 197 en 2019. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance à la concentration du secteur, avec une montée en puissance des pharmacies à haut volume d’activité et une disparition progressive des pharmacies de proximité”, partage l’USPO sur son site. Une crise qui mine le territoire français, déjà impacté par des déserts médicaux grandissant, mais aussi le moral des travailleurs. 

En effet, selon un sondage mené par l’UNPF auprès de 211 professionnels, un profond mal-être gagne les officines, minées par des difficultés économiques, la pénurie de personnel et les problèmes d’approvisionnement. Cette crise, moins visible mais tout aussi préoccupante, pousse la profession à envisager des actions fortes : près de la moitié des sondés se disent prêts à faire grève sur plusieurs fronts, malgré des craintes financières. Épuisement, perte de sens, isolement… l’UNPF appelle à une mobilisation collective pour enrayer cette spirale et remettre la santé des pharmaciens au cœur du débat.

Que faire si ma pharmacie est en grève ?

En cas de grève, certaines pharmacies peuvent fermer leurs portes ou suspendre certains services comme la garde ou la délivrance de certains médicaments. Si votre pharmacie habituelle est concernée, un affichage en vitrine doit orienter vers l’officine de garde la plus proche. Vous pouvez aussi contacter le 15 ou consulter le site de l’Ordre des pharmaciens pour localiser une pharmacie ouverte. En cas d’urgence médicale, les services hospitaliers restent accessibles. Pensez à anticiper vos renouvellements d’ordonnance si une mobilisation est annoncée dans votre secteur.

Faut-il faire le plein de médicaments ?

Pas de panique inutile. Même en période de grève, un service minimum est assuré, notamment pour les médicaments essentiels. Il n’est donc pas nécessaire de stocker massivement, ce qui risquerait au contraire de désorganiser l’approvisionnement. En revanche, si vous suivez un traitement chronique, il est conseillé d’anticiper vos renouvellements avant une date annoncée de mobilisation, afin d’éviter toute rupture. En cas de besoin urgent, les pharmacies de garde ou les hôpitaux peuvent prendre le relais.

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