Covid-19 : pourquoi l'Espagne refuse-t-elle de recourir à un reconfinement ? IllustrationIstock
Alors que de nombreux pays européens sont dans l'obligation de reconfiner, l'Espagne a catégoriquement refusé de recourir à une nouvelle mise sous cloche. Explications.
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Alors que l'hypothèse d'un reconfinement pèse de plus en plus sur la France, certains de nos voisins européens sont déjà passés à l'action.  En Allemagne, au Royaume-Uni, au Portugal ou encore en Autriche... Tous ont décidé de mettre le pays sous cloche afin d'endiguer l'épidémie de Covid-19. Avec la hausse des contaminations et l'émergence de nouveaux variants, cette décision semblait la meilleure solution... Mais toute l'Europe n'est pas de cet avis. L'Espagne, par exemple, s'oppose catégoriquement à une telle mesure.

Le gouvernement espagnol est formel : "Nous n'envisagerons pas un confinement strict", rapporte le Huffington Post. Et ce, bien que l'Espagne fasse partie des pays européens les plus durement touchés par la pandémie de coronavirus. Et pour cause : les conséquences économiques, politiques et sociales seraient bien trop dévastratrices. 

Reconfinement en Espagne : une catastrophe pour l'économie

Molina Cabrillana, épidémiologiste espagnole, affirme qu'une telle décision affecterait durement l'économie et coûterait "plus de revenus que de décès".  Pour l'heure, le gouvernement estime que "le maintien des restrictions actuelles contiendra le virus". Les mesures actuelles déployées en Espagne pour limiter la propagation du virus sont la mise en place d'un état d'alerte national jusqu'au mois de mai et un couvre-feu sur l'ensemble du territoire. Les horaires varient entre 22 heures et minuit selon les régions. Cependant, l'économie n'est pas le seul paramètre pris en compte dans ce refus du confinement. L'opinion publique, là aussi, joue un rôle extrêmement important...

Reconfinement en Espagne : un faible niveau d'acceptation 

Interrogée par le Huffington Post, Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), souligne la difficulté de faire accepter une telle décision aux habitants. "Il serait très difficile pour les Espagnols d’accepter un reconfinement. Les tensions commencent à monter parce que les Espagnols ont peur", déclare cette spécialiste de l'Espagne. En outre, une étude menée par un hôpital barcelonais a démontré que 60% des personnes souffrant de troubles mentaux auraient vu leur état empirer à la suite du confinement. 

Et pour cause, le premier confinement a été une expérience pour le moins traumatisante pour les Espagnols...

Reconfinement en Espagne : une première expérience traumatisante

Un confinement plus long, plus strict qu'ailleurs... "Le pays est traumatisé", explique Anne-sophie Alsif, cheffe économiste au Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE). Selon la spécialiste, "les capacités financières de l’Espagne pour se permettre un reconfinement généralisé sont très faibles (...) Le premier confinement a été catastrophique pour l’économie espagnole". D'après les estimations du Fonds Monétaire International (FMI), l'Espagne serait le pays d'Europe occidentale le plus durement affaibli économiquement par la crise sanitaire.