Confinement et délation entre voisins : la liste des régions qui dénoncent le plusLa police reçoit énormément d'appels de délation, selon les régionsAFP
Dans certaines régions de France, les actes de délation entre voisins pour non-respect du confinement peuvent représenter jusqu'à 70% des appels reçus par les forces de l'ordre. Les grandes agglomérations sont principalement concernées.
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Dénoncer son voisin à la police semble être devenu une norme dans les grandes villes, explique RTL. Les raisons semblent très liées à la crise sanitaire en cours : 70% des appels passés au 17 visent à rapporter le non-respect du confinement par un ou plusieurss voisins, explique le syndicat de police Alternative Police. Toutes les régions, cependant, n'affichent pas le même pourcentage de délateurs.

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Le Grand Est est une zone particulièrement concernée par ce phénomène. À Strasbourg, par exemple, ce type d'appels représente plus de la moitié des 500 reçus quotidiennement, tandis qu'à Nancy, sur 27 sollicitations en une heure, 22 portaient sur le non-respect du confinement.

Du côté de la Nouvelle-Aquitaine, les observations sont identiques : la délation représente 50% des appels reçus par la police. Ces chiffres peuvent être d'autant plus impressionnants, car à partir de 16h, à Bordeaux, la dénonciation dépasse les 90% des appels enregistrés. Toutefois, les dénonciateurs ne s'attardent pas tous sur les mêmes éléments : ils justifient leur initiative différemment selon les zones.

Une marque de jalousie

Alternative Police indique par exemple, qu'en Occitanie, les riverains dénoncent "des barbecues, des travaux dans une maison secondaire, un déménagement qui dure depuis plus d'une semaine, des personnes qui sortiraient plusieurs fois par jour ou encore des voisins qui se rassemblent dans la rue".

Cette pratique de délation massive serait significative "d'un système de jalousie qui se met en place" entre les individus qui ne bénéficieraient pas des mêmes conditions de confinement, selon le référent adjoint d'Alternative police dans le Grand-Est, Sylvain André.

D'après ses dires, dénoncer "que la personne a sorti quatre ou cinq fois son chien, que la personne s'est rendue à plusieurs reprises dans un magasin pour faire ses courses, ou dénoncer des jeunes enfants qui sont en train de s'adonner à des pratiques sportives, c'est effectivement un petit peu excessif et il n'y a aucune utilité". Des actions commencent, d'ailleurs, à être prises pour limiter la surcharge d'appels.

Ne composez pas le 17 pour dénoncer vos voisins

A Paris, dans le XXe arrondissement, la maire, Frédérique Calandra, a rédigé un message à l'intention des habitants pour leur demander de cesser d'appeler la police, indique RTL. "Depuis le début du confinement, nous avons eu une avalanche de dénonciations, des appels, beaucoup de mails, de photos envoyées, de saisines adressées par Twitter…"

Dans cette lettre, elle dissuade les citoyens de ne pas appeler la police via le 17 pour ne pas l'encombrer de témoignages parfois inintéressants. Ce numéro est surtout réservé aux affaires considérées comme davantage urgentes.

Si vous décidez d'appeler le 17, faites le pour les bonnes raisons

Quiconque décide d'appeler les forces de l'ordre pour des raisons aussi triviales met potentiellement en danger d'autres personnes. En encombrant les services téléphoniques de la police et de la gendarmerie, vous empêchez d'autres appels, peut-être plus urgent de leur parvenir indique France Info.

Le référent adjoint d'Alternative police dans le Grand-Est, Sylvain André, rappelle qu'il est nécessaire de contacter les forces de l'ordre à travers le 17 pour "dénoncer une personne par exemple qui a commis un crime ou un délit, si votre voisin commet des violences conjugales sur son épouse".

Certaines zones de France ne semblent pas faire de délations excessives à l'image du Grand-Ouest, dans la région Centre-Val-de-Loire, la Haute-Normandie, la Mayotte, ou encore la Réunion qui n'enregistrent pratiquement aucun appel de dénonciation.