Ces amis toujours présents… mais jamais vraiment là

On les croise dans presque tous les cercles sociaux. Ils sont présents aux fêtes, répondent toujours aux messages de groupe, likent chaque story… mais ne sont jamais au cœur des décisions ni des discussions personnelles, intimes. Ces "amis bouée", une expression adaptée de l'espagnol "amigo flotador", circulent depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux hispanophones. Elle désigne ces figures relationnelles périphériques : visibles, disponibles... mais peu engagées.
Qu’est-ce qu’un ami bouée ?
Le média El Confidencial décrit l’"amigo flotador" comme un individu qui saute de groupe en groupe sans jamais vraiment s’y ancrer. Hope Kelaher, thérapeute et autrice du livre Here To Make Friends : How to Make Friends as an Adult, y explique que ce profil social a de nombreux "amis" mais reste en dehors des cercles d’intimité. Les parcours de vie instables comme les déménagements fréquents, par exemple, favoriseraient ces formes de relations légères et périphériques.
Pourquoi devient-on un ami bouée ?
Selon l’étude menée par Jeffrey A. Hall (Journal of Social and Personal Relationships, 2018), il faudrait plus de 200 heures partagées pour établir une amitié intime. Or, les contraintes du quotidien (mobilité géographique, usage des réseaux sociaux, surcharge mentale...) empêchent souvent cet investissement. Dans les colonnes du média El Confidencial, la psychologue Irene Levine note que ces personnes ont tendance à favoriser des relations légères, car elles n’ont pas été habituées à entretenir des liens durables.
Comment les reconnaître… ou se reconnaître ?
Les "amis bouée" sont décrites comme des personnes souvent présentes aux événements collectifs et festifs, toujours actifs dans les conversations de groupe, mais rarement sollicitées de manière individuelle. Ce sont celles qu’on invite par réflexe, mais avec qui les échanges profonds sont rares. Leur popularité ne reflète pas nécessairement une intimité.
Une vie sociale dense mais peu intime
Les "amis bouée" bénéficient souvent d'une vie sociale riche : ils connaissent beaucoup de monde, sont souvent invités, et entretiennent de multiples relations. Certaines personnes apprécient précisément cette légèreté des liens, qui leur permet de rester indépendantes et d’éviter les obligations émotionnelles. Seulement voilà : selon une enquête YouGov réalisée au Royaume‑Uni en 2019, près d’un quart des jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans se déclaraient souvent ou toujours seuls malgré des interactions sociales fréquentes. Ce type de relation peut en effet générer une fatigue émotionnelle à long terme, avec le sentiment de n’être prioritaire pour personne.
Vers un équilibre relationnel
Pour un "ami bouée" qui souhaite créer des liens plus solides, il ne s’agit pas de renier sa sociabilité ni de couper des cercles, mais d’identifier les relations qui méritent d’être approfondies. Cela implique de ralentir, de favoriser les échanges sincères, et d’oser se montrer tel qu’on est. La qualité relationnelle se construit moins sur le nombre de contacts que sur la réciprocité émotionnelle.