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Le glaucome est une affection chronique de l’œil qui entraîne une dégradation progressive du nerf optique, essentiel à la transmission des informations visuelles vers le cerveau. Il s’agit de la deuxième cause de cécité dans le monde, et en France, plus d’un million de personnes en seraient atteintes, souvent sans le savoir. En effet, cette maladie évolue lentement et sans douleur, ce qui explique pourquoi de nombreux patients ne sont diagnostiqués qu’à un stade avancé.
Il existe plusieurs types de glaucome, dont le plus courant est le glaucome à angle ouvert. La maladie se caractérise généralement par une pression intraoculaire élevée, mais celle-ci peut aussi rester normale, rendant le dépistage encore plus délicat. Non traitée, elle peut provoquer une perte de vision irréversible, débutant souvent par la périphérie du champ visuel.
Face à ces enjeux, une étude publiée en mai 2025 dans la revue Cell Reports Medicinea exploré le rôle des vitamines B6, B9, B12 ainsi que de la choline dans la protection des cellules nerveuses de l’œil.
Menée sur des modèles murins atteints de glaucome, l’étude montre qu’une supplémentation régulière en ces vitamines permet de ralentir significativement la dégénérescence du nerf optique. Les chercheurs ont ainsi observé une préservation plus importante des fibres nerveuses et une réduction des signes de stress cellulaire dans la rétine.
Jusqu’à présent, on attribuait cet effet au contrôle des niveaux d’homocystéine, un acide aminé neurotoxique en cas d’accumulation. Mais cette nouvelle étude met en avant un mécanisme distinct et plus central : le métabolisme des monocarbones, qui joue un rôle clé dans le fonctionnement des mitochondries, la réparation de l’ADN et la santé neuronale. En activant cette voie, les vitamines B semblent offrir une protection directe et active du nerf optique.
Ces résultats pourraient ouvrir la voie à des traitements complémentaires dans la gestion du glaucome. Aujourd’hui, la prise en charge repose sur la réduction de la pression intraoculaire grâce à des collyres, des lasers ou la chirurgie. Mais malgré ces traitements, certains patients continuent de perdre de la vision.
L’ajout d’un complément nutritionnel ciblé pourrait renforcer la neuroprotection, en soutenant directement les cellules ganglionnaires rétiniennes. Les vitamines B, bien connues et disponibles en pharmacie ou dans l’alimentation (légumes verts, abats, levure de bière), présentent l’avantage d’être peu coûteuses, sûres et bien tolérées. Toutefois, les chercheurs mettent en garde contre toute forme d’automédication sans suivi médical, surtout chez les personnes atteintes d’autres pathologies ou sous traitement ophtalmologique.
Encouragée par ces résultats, l’équipe de recherche a lancé un essai clinique préliminaire pour évaluer l’efficacité de cette supplémentation vitaminique chez l’humain. L’objectif est double : vérifier la reproductibilité des effets et déterminer la posologie idéale pour une action préventive ou thérapeutique.
En attendant, les ophtalmologues rappellent l’importance du dépistage régulier du glaucome, notamment à partir de 40 ans, ou dès 35 ans en cas de terrain familial. Une alimentation équilibrée, riche en vitamines du groupe B, peut également jouer un rôle favorable dans la préservation de la santé oculaire.
Si elle doit encore être validée chez l’humain, cette étude ouvre une nouvelle perspective dans la lutte contre le glaucome. En s’intéressant à la protection du nerf optique par l’alimentation et les nutriments, elle complète les approches classiques centrées sur la pression intraoculaire. Une preuve supplémentaire que la prévention et la nutrition peuvent être des alliées puissantes de notre santé visuelle, en particulier face à des pathologies aussi insidieuses que le glaucome.
Bien que cette recherche offre des perspectives prometteuses, l’utilisation de vitamines B comme complément thérapeutique pour le glaucome nécessite encore des validations avant d'être recommandée.