Comme l'a promis Emmanuel Macron, les pensions de retraite de base devraient connaître une revalorisation exceptionnelle cet été. Or, cette mesure censée avantager le pouvoir d'achat des retraités, pourrait, dans certains cas, se retourner contre eux. Explications.
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Cette nouvelle devrait ravir les retraités. Comme l’a assuré Emmanuel Macron durant sa campagne électorale, les pensions de retraite de base devraient être revalorisées durant l’été. Elles seront en effet, de nouveau être indexées sur l'inflation, à compter du 1er juillet prochain, après une hausse de 1,1% au 1er janvier 2022. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, ce mardi 24 mai au matin, au micro de RTL. "Nous souhaitons que cette indexation sur l'inflation soit valable pour les retraites du mois de juillet. Dans le cadre du régime général, la retraite du mois de juillet est versée le 9 août", a-t-il indiqué. "C'est notre objectif que l'indexation entre en vigueur à cette date."

Et de préciser : "Si on tient compte d'une inflation à 4%, pour une pension à 1 200 euros, c'est un gain de 45 euros par mois". Si le chiffre précis n’est pas encore connu, notons que la réindexation des pensions de retraite sur l’inflation s’établira seulement sur les pensions de retraite du régime général. Elle sera intégrée au projet de loi en faveur du pouvoir d'achat "qui devrait être adopté en Conseil des ministres avant les élections législatives, afin qu’il soit présenté à la représentation nationale sitôt qu’elle sera élue", a déclaré de son côté la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire à la sortie du Conseil des ministres, ce lundi 23 mai.

Revalorisation des pensions : vers une rétroactivité ?

Les organisations syndicales sont d’ores et déjà au front. Au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue ce lundi 23 mai, 9 organisations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR et Ensemble) ont demandé que la revalorisation des pensions de base soit de 4,5%. Elles souhaitent également qu’elle soit rétroactive, depuis le 1er janvier 2022. Car, comme a prévenu le collectif, "de plus en plus de retraités tombent dans la pauvreté et la précarité". 

Ce dernier met également en garde contre "l’effet ciseau".

Forte revalorisation des retraites : certains pourraient y perdre

Selon le collectif, cette revalorisation exceptionnelle doit s’accompagner d’une élévation des seuils de revenu fiscal de référence (RFR), servant à fixer le taux de Contribution sociale généralisée (CSG) des retraités. "S’il n’est pas relevé au même niveau, ce que les retraités vont gagner en hausse des pensionscertains vont le perdre car ils vont dépasser les seuils de RFR et voir leur taux augmenter", décrypte Roger Perret d’Ensemble et Solidaires.

Retraite : gare à "l’effet ciseau" des revalorisations

"C’est ce que l’on appelle l’effet ciseau", note Didier Hotte de l’Union confédérale des retraités de FO. "La hausse des pensions peut être mangée par une hausse du taux de CSG. Nous avons déjà constaté cet effet lors de la revalorisation de 1,1% en janvier alors que le seuil de RFR n’avait été élevé que de 0,2%." C’est pourquoi, rapporte Capital, ils demandent que le seuil du revenu fiscal de référence soit également relevé. Ainsi, une forte revalorisation ne fera pas de perdants.

Une revalorisation des retraites pour lutter contre l'inflation ?

Tandis que le pouvoir d'achat des retraités reste en berne avec -7,5% pour les non-cadres et -12,5% pour les cadres, la revalorisation des retraites prévue sera-t-elle suffisante pour faire face à l'inflation ? Le budget alimentaire des Français va notamment augmenter de 200 euros par an, selon une étude d'Allianz Trade évoquée par Challenges, et de nombreux retraités s'inquiètent, malgré la revalorisation, de leur capacité à gérer cette inflation. En 2021, la revalorisation de chaque pension était de 8,6% alors que l'inflation atteignait déjà les 9,9% au même moment, ce qui pose la question d'une revalorisation mensuelle ou annuelle pour lutter contre cette flambée des prix.

Vers une différenciation de la revalorisation des retraites ?

Si le pouvoir d'achat des Français devait augmenter de 4% sur l'ensemble du quinquennat, les deux premières années de l'ère Macron ont fait baisser de 0,5% le niveau de vie médian des retraités. Déjà fragilisés, ceux-ci s'inquiètent fortement des conséquences de l'inflation et de la différenciation envisagée pour la revalorisation des retraites. Ainsi, le gouvernement planche sur la possibilité d'une revalorisation appliquée jusqu'à un plafond de retraites défini. Un palier de 1200 euros reste murmuré, sans préciser si les régimes complémentaires y seront pris en compte ou non. Il faudra attendre les résultats des législatives pour connaître plus d'informations sur cette décision.