Retraite : des experts recommandent de la sous-indexer

Publié par Suruthi Srikumar
le 11/07/2025
Retraite : des experts recommandent de la sous-indexer
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Ce jeudi 10 juillet, le comité de suivi des retraites a recommandé une sous-indexation des pensions de retraite sur l’inflation afin d’équilibrer les comptes en 2030. Explications.

C’est une proposition qui risque de faire grincer bien des dents. À quelques jours de la prise de parole très attendue de François Bayrou sur les mesures budgétaires, un comité d’experts relance le débat sensible de la réforme des retraites. Dans son avis annuel publié jeudi 10 juillet, le Comité de suivi des retraites (CSR) recommande la sous-indexation des pensions sur l’inflation pour rétablir l’équilibre financier du système d’ici 2030. "Les déficits de court terme entre 2025 et 2030, doivent faire l'objet de mesures de redressement", écrivent les 5 experts du CSR, rapporte Money Vox.

Une mesure jugée nécessaire face au déficit

Alors que le comité de cinq experts "considère que l'objectif de pérennité financière du système de retraites par répartition n'est pas respecté", il plaide pour de nouvelles marges de manœuvre pour mobiliser “le levier de la sous-indexation dans les régimes de base afin d'assurer le retour à l'équilibre du système de retraites d'ici 2030”. 

Si cette proposition venait à être adoptée, les pensions ne seraient plus revalorisées au même rythme que l’inflation. Une stratégie qui permettrait, selon les calculs des experts, de réaliser plusieurs milliards d’euros d’économies. Ainsi, une sous-indexation de l’ordre de 2 % sur cinq ans pourrait suffire à ramener le système à l’équilibre en 2030.

Un effort supplémentaire demandé aux retraités

Ces recommandations surviennent une dizaine de jours après l’échec du conclave sur les retraites, organisé le 23 juin dernier à l’initiative du Premier ministre, et à quelques jours de la présentation, par François Bayrou, d’un plan de redressement des finances publiques. Ce choix controversé s’appuie notamment sur un constat, le niveau de vie des retraités français reste élevé en comparaison aux autres pays européens. 

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Le CSR souligne également que leur épargne a progressé depuis 2019, ce qui justifierait, selon lui, un effort supplémentaire demandé aux seniors. Pour autant, le comité précise que les effets de la sous-indexation devraient rester limités, compte tenu de “la forte épargne” observée dans cette tranche de la population. Néanmoins, cette mesure ne fait pas l’unanimité. Déjà évoquée l’an dernier dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, l’idée d’une revalorisation partielle des pensions (0,8 % en janvier, puis une seconde tranche en juillet pour les plus modestes) avait suscité de vifs débats... avant d’être retoquée.

Pas de hausse des cotisations en vue en 2030

Si la sous-indexation peut être une solution à court terme, elle ne suffira pas à elle seule à garantir la viabilité du système. Le comité avertit que de nouvelles mesures devront être prises entre 2030 et 2050, même s’il écarte pour le moment toute hausse des cotisations, jugées déjà trop élevées par rapport à nos voisins européens.

Également, le CSR rejette un retour à l’âge légal de départ à 62 ans, estimant que la réforme de 2023, avec ses mesures d’âge et de durée de cotisation, doit encore produire pleinement ses effets. “Il n’est pas possible ni souhaitable d’ajouter d’autres mesures structurelles dès maintenant”, indique les experts.

Pour rappel, le gouvernement doit trouver 40 milliards d’euros d’économies d’ici 2026, selon Bercy. Le 15 juillet, François Bayrou doit dévoiler un plan de redressement budgétaire, dans lequel la question des retraites occupe une place centrale.

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