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Partir à la retraite est nettement plus complexe que l'on pourrait le penser. Et les épreuves ne sont pas toutes financières…
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Partir à la retraite : ces "petits" détails sur lesquels vous devriez être extrêmement vigilants

"Préparer son départ en retraite est un travail de longue haleine. Prévoyez au moins 6 mois", avertit d’entrée de jeu Philippe Crevel, économiste, directeur du Cercle de l’Epargne et ancien conseiller d’Alain Madelin. C’est notamment le fait de la numérisation des démarques, estime-t-il, mais c’est loin d’être la seule raison comme le rappelle le site spécialisé Dossier Familial. Il s’agit également de laisser le temps aux gestionnaires de retraités de vérifier vos droits, afin d’éviter autant que possible des erreurs.

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Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’ils procèdent eux même à une vérification que l’assuré ne devrait pas le faire lui-même. "Evidemment, il est primordial de revoir l’ensemble de ses droits, de consulter les informations transmises numériquement, s’assurer de leur conformité et de les corriger quand c’est nécessaire. Il faut faire un bilan de situation, un vrai tour du propriétaire", juge l’économiste qui pointe du doigt que "la marge d’erreur entre la validité des informations enregistrées automatiquement en ligne et la réalité du parcours professionnelle est souvent non- négligeable".

En cas d’erreur, c’est le relevé de situation (RIS) qu’il faudra corriger. Il est mis à jour chaque année, sur la base des informations détenues par les régimes de retraites au 31 décembre de l’année passée et peut-être téléchargé sur le site Info-retraite.fr, rappelle Dossier Familial.

"Assurez-vous de la présence de tous vos trimestres cotisés, de toutes les périodes qui ouvrent l’accès à des droits. Cela comprend notamment les stages, les périodes de chômage, les arrêts-maladie ou, pour les hommes, un éventuel service militaire", conseille également Philippe Crevel. "Autre point essentiel : pensez à vérifier si les entreprises dans lesquelles vous avez travaillé ont mis en place des dispositifs de suppléments de retraites que vous pourriez liquider", ajoute-t-il encore.

Retraite : quand faut-il partir ?

"Partir en retraite implique de choisir une date à laquelle cesser son activité. C’est une étape importante, dans la mesure où elle peut changer considérablement le montant d’une pension", rappelle le directeur du Cercle de l’Epargne, pour qui il ne faut pas la décider au hasard.

Privilégiez le premier jour d’un trimestre civil, de façon à valider complètement le trimestre écoulé, recommande Dossier Familial. C’est pour cela qu’il est plus intéressant de partir un 1er avril qu’un 31 mars, par exemple…

Pour que la dernière année de la carrière soit comptabilisée, il faut qu’elle ait été menée à terme. Cela sous-entend donc travailler jusqu’au 1er janvier de l’année suivante.

En 2019, quelques nouveautés seront également à prendre en compte indique l’économiste. "La fusion des régimes complémentaires Agirc-Arrco a été prévue en 2015 mais elle survient au 1er janvier 2019. Pour ne pas subir une décote, il faudra donc travailler quatre trimestres de plus que ceux normalement requis pour pouvoir partir à taux pleins", souligne-t-il. Autre changement de taille ? La mise en place du prélèvement à la source. "Cette évolution dans la collecte de l’impôt n’est évidemment pas sans impact sur les retraites : elle favorise les retraités partis en 2018 qui n’auront pas d’impôts à payer sur cette année. Compte tenu de la baisse de leur revenu, c’est une bonne nouvelle", poursuit-il.

Retraite : prendre en compte le choc social que peut représenter le départ

Outre la dimension financière – peut-être la plus connue – de la retraite, il est également important d’anticiper le choc social que peut constituer la cessation d’activité. "Partir à la retraite après avoir travaillé pendant plus de quatre décennies, c’est nécessairement une rupture qui, pour certaines et certains, peut s’avérer brutale. D’autant plus quand on sait le rôle sociabilisant du travail en France", analyse l’ancien conseiller d’Alain Madelin.

"On peut rendre la rupture plus progressive à l’aide de dispositifs de retraite progressive ou via le cumul emploi-retraite. Il est aussi possible de se recycler dans d’autres secteurs comme l’associatif par exemple. Sans compter la politique, qui semble séduire de plus en plus de retraités", avance-t-il.

Toutefois, selon lui, ce ne sont pas les seuls éléments à anticiper. "Partir en retraite cela signifie souvent constater une baisse considérable de ses revenus et donc, forcément, de son niveau de vie. C’est également source de choc pour certains retraités, c’est pourquoi il faut parfois anticiper un déménagement vers une région ou le prix de la vie est moins cher", souligne l’économiste qui évoque également de nouvelles dépenses à prendre en compte.

"En plus de l’évolution à la baisse de leurs revenus, les retraités doivent payer eux-mêmes leur couverture santé et anticiper la dépendance. Ils peuvent le faire en souscrivant à une assurance spécialisée, en choisissant un logement adapté ou en préparant une aide médicale pour le moment venu. Dans tous les cas, c’est un problème auquel il vaut mieux se préparer le plus tôt possible", conclut-il.