Ségolène Royal prête pour 2022 : a-t-elle encore ses chances pour une présidentielle ?AFP
INTERVIEW. Maintes fois ministre, elle a failli ravir l'Elysée en 2007. Aujourd'hui, Ségolène Royal espère encore faire la synthèse d'une certaine gauche et reprendre là où elle s'était arrêtée.
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"Le bon signal des municipales, c'est que l'écologie s'ancre à gauche. Les écologistes connaissent mon travail", lançait Ségolène Royal, au lendemain de la vague verte qui a déferlé sur l'Hexagone et conquis plusieurs des métropoles de France. L'ancienne candidate socialiste, battue en 2007 par Nicolas Sarkozy, est en effet comptable pour partie de la situation actuelle puisqu'elle a plusieurs fois été aux manettes, rappelle 20 minutes. Elle fut, en effet, ministre de l'Environnement et de l'Ecologie dans les gouvernements Valls et Cazeneuve, certes, mais aussi Bérégovoy. Elle a aussi occupé, un temps, la fonction d'ambassadrice des pôles et gouverné la région Poitou-Charentes dix ans durant, "avec les socialistes, les écologistes, les centristes". "J'ai démontré que ça pouvait fonctionner", estime-t-elle d'ailleurs.

Pour le quotidien gratuit, pas de doute possible : Ségolène Royal s'engage un peu plus encore vers une candidature en 2022. "On nous annonce comme un fait incontournable le face-à-face Macron/Le Pen au second tour en 2022. Ce n'est pas possible de ne pas bouger ! Le vote barrage ne fonctionne plus. Je ne veux pas voir arriver Marine Le Pen première présidente de la République et me dire à ce moment-là que je n'aurais rien fait pour empêcher ça", a-t-elle affirmée, non sans faire savoir qu'elle n'était pas "dans un itinéraire personnel".

Ségolène Royal ferait-elle mieux qu'Emmanuel Macron ?

Comprendre : elle est prête à s'effacer si la situation l'impose. Et 20 minutes de nuancer, évoquant plutôt la perception que Ségolène Royal pourrait avoir d'ici là. N'oublions pas, après tout, que l'ancienne ministre jugeait, en février 2020, que "la France irait mieux", si elle était "à la place d'Emmanuel Macron", note le titre de presse

Ségolène Royal peut-elle être réélue ?

"Elle n'est pas la candidate naturelle du Parti Socialiste (PS)", tranche sobrement Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique & opinion de l'institut de sondage Harris Interactive. "Aujourd'hui, Ségolène Royal ne recueille la confiance que de 23% des Françaises et des Français. C'est moins que d'autres figures marquantes de la gauche de gouvernement, comme Bernard Cazeneuve, Martine Aubry ou Anne Hidalgo par exemple. C'est moins, aussi, que Yannick Jadot ou François Ruffin", explique-t-il pour Planet.

"Au sein de l'électorat socialiste, elle affiche de meilleurs résultats et, compte tenu de ses récentes interventions, sa côte de confiance est en progression. Actuellement, elle s'établit aux alentours de 60%", poursuit l'expert, qui analyse régulièrement les comportements électoraux. Et lui de poursuivre : "Certes, la voix de Ségolène Royal demeure forte.Mais il est difficile de dire que cela sera suffisant, au vu des tendances actuelles".

Fort heureusement pour elle, l'ancienne candidate à la présidence de la République a plusieurs cordes à son arc et peut tenter différentes lignes pour rassembler. "Elle est identifiée comme crédible sur deux secteurs : la proximité, et l'écologie", note Jean-Daniel Lévy.

Les dangers dont elle devra se méfier

"Ségolène Royal demeure très abîmée", alerte d'entrée de jeu le sondeur, qui ne manque pas ensuite d'égrener certaines des fissures fragilisant l'ancienne candidate. "Elle n'a pas su contrecarrer les procès en incompétences et en opportunisme qui lui sont fait. Par ailleurs, plusieurs sujets continuent de grever son capital politique : sa défaite en 2007 est l'un d'eux mais c'est loin d'être le seul. On pourrait aussi parler du débat sur sa gestion de l'ambassade des pôles ainsi que des équipes qu'elle a dû diriger…", explique-t-il en effet.

"Certes, Ségolène Royal ne ménage pas ses efforts pour revenir dans la danse. Mais son créneau est déjà largement occupé", poursuit encore l'expert, qui juge aussi que dorénavant, il est plus complexe de revenir en politique. "Il n'y a qu'à voir combien François Hollande, Jean-François Copé ou Laurent Wauquiez peinent à la tâche", précise-t-il.