Retraite : 5 raisons de repousser l’âge légal de départ à 65 ans
La retraite s’éloigne-t-elle ? Trois candidats à l’élection présidentielle ont en tout cas décidé de contraindre les Françaises et les Français à travailler plus longtemps, si ces derniers se décident à les élire à l’issue du deuxième tour du scrutin. Eric Zemmour, ancien polémiste d’extrême-droite, est le moins stricte d’entre eux : il prône un report de l’âge légal de départ à 64 ans. Valérie Pécresse, investie par Les Républicains après le congrès de la droite pour représenter sa famille politique en avril prochain, va plus loin. Selon elle, il faut le relever à 65 ans plutôt que 64. Et Emmanuel Macron, président sortant qui candidate à sa propre succession, a fini par revenir sur certains des engagements pris en 2017. Le chef de l’Etat s’aligne désormais sur la position tenue par sa rivale… ainsi que par son ancien Premier ministre, Edouard Philippe.
Réforme des retraites : l’impact d’un report de l’âge de départ à 65 ans
Libération imagine d’ailleurs le maire du Havre en train de se frotter les mains : après avoir longuement bataillé, tandis qu’il était à Matignon, pour une réforme paramétrique du système des retraites, le voilà désormais victorieux. Emmanuel Macron a renoncé à transformer de fond en comble le modèle français et opte pour des solutions plus habituelles à droite, note le quotidien de gauche.
Pour autant, il importe de rappeler qu’un report de l’âge légal de départ pourrait s’accompagner d’un panel de conséquences particulièrement ardues pour les Françaises et les Français concernés par la réforme. Leur surcote éventuelle pourrait s’avérer caduque… et d’aucuns pourraient même souffrir d’une véritable décote.
1 - Cela permettrait de combler les déficits du système de retraite
Le système de retraite français, rappelle la fondation iFRAP, fait face à plusieurs problèmes de financement. D’après le think tank d’obédience libérale, d’ailleurs inscrit comme un lobby auprès de l’Assemblée nationale, le report de l’âge légal de départ à la retraite constitue une réponse pertinente à certains de ces problèmes. "Le relèvement de 60 à 62 ans de l’âge légal a amélioré sensiblement le solde financier de tous les régimes de retraite", écrit ainsi le site sur la base des données établies par la DREES en 2016. L’organisme chiffre à 18,7 milliards d’euros les économies réalisées en repoussant progressivement l’âge légal jusqu’à 65 ans d’ici 2027. L’occasion idéale, soutiennent-t-ils, de résorber le déficit projeté de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.
2 - C’est une façon de compenser la chute du nombre d’actifs par rapport aux nombres de retraités
Le ratio actifs-retraités est inquiétant : il baisse régulièrement, d’année en année, expliquait déjà le site universitaire Cairn en 2014. Le vieillissement de la population, la baisse générale de la natalité et les difficultés rencontrées par les jeunes actifs pour s’insérer sur le marché du travail pourraient menacer la soutenabilité du système de retraite par répartition à la française. Car il n’est possible de commander à la croissance - laquelle pourrait préserver un temps au moins notre modèle de solidarité inter-génération -, il pourrait s’avérer pertinent de conserver plus longuement les actifs sur le marché du travail. A condition de s’assurer que cela ne bloque pas l’embauche de plus jeunes… et que les plus âgés ne finissent par leur carrière au chômage.
3 - Il n’est pas nécessaire d’augmenter les cotisations
Repousser l’âge légal de départ à la retraite, c’est réaliser des économies sur le budget retraite. Seulement, ce n’est pas la seule façon de faire, en théorie. D’aucuns pourraient aussi décider d’augmenter les cotisations sociales et patronales ; que paient les salariés et leurs employeurs. Dans la mesure où il s’agit d’un salaire différé, il n’y a pas de perte pour les travailleuses ainsi que pour les travailleurs, qui récupéreront cet argent une fois à la retraite. En revanche, leur salaire actuel serait diminué et le coût du travail alourdi. Repousser l’âge de départ permet d’éviter ce genre de situations et si c’est fait avec assez d’intensité, il est même envisageable de baisser les cotisations (ce qui signifie cependant limiter le montant de la pension future pour les retraités de demain…).
4 - C’est une solution utile pour garantir la générosité du système actuel
Augmenter l’âge légal de départ est une mesure très populaire parmi les retraités qui ont déjà liquidé leurs droits. Ce n’est guère étonnant, rappelait le site universitaire Cairn… dès 2005, à l’époque où la question se posait déjà. Et pour cause ! C’est une assurance, pour les Françaises et les Français qui ont déjà mis un terme à leur parcours professionnel, qu’il n’y aura pas besoin de revoir la générosité du système en place. En clair, c’est la garantie de conserver leur niveau de pension : les économies sont faites sur le dos des travailleurs, comme a pu le détailler Planet à plus d’une reprise.
5 - A-t-on vraiment le choix ?
Les retraités coûtent cher. C’est en tout cas ce qu’expliquait Edouard Philippe en septembre 2021, explique Le Monde. L’ancien Premier ministre rappelait alors que "les pensions constituent de loin le premier poste budgétaire - plus d’un quart de la dépense publique - et le premier foyer d’économies possible". Selon lui, la seule envisageable consistent d’ailleurs à repousser l’âge légal de départ à la retraite, ce qui permettrait à l’Etat de bénéficier des éléments précédemment évoqués. "Ce n’est pas une mesure facile à porter, cela peut être progressif, mais ceux qui promettent de régler la question des retraites sans augmenter la durée de la vie active mentent aux Français", a-t-il tenu à préciser. Un postulat que d’aucuns, à gauche par exemple, pourraient naturellement contester…