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Depuis la mort de Georges Pompidou lors de son mandat, ses successeurs ont tous tenté de cacher leurs problèmes de santé. Une attitude qui n'a pas changé depuis l'élection de François Hollande.

Affaibli depuis plusieurs années déjà, Jacques Chirac a été admis à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris mercredi afin de réaliser un bilan de santé. Une hospitalisation qui n’aurait certainement jamais été dévoilée si celui-ci était encore à la tête de l’Etat. En effet, les présidents ont toujours voué un véritable culte du tabou pour ce qui concerne leur santé. "Depuis Louis XIV, les chefs d’Etat ont peur de ne pas apparaître comme des êtres supérieurs. L’appétit du pouvoir leur fait croire qu’ils sont infaillibles", explique à Planet.fr Denis Demonpion, journaliste et coauteur du livre Le dernier tabou, révélations sur la santé des présidents (Ed. Pygmalion).

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Les bulletins de santé de Mitterrand étaient falsifiés par son médecin

Cette tendance s’est accentuée après la mort par maladie de Georges Pompidou en plein mandat. Malgré tout, celui qui l’incarne le mieux reste François Mitterrand. Alors que celui-ci avait promis de publier un bulletin de santé tous les six mois, il a pourtant été atteint d’un cancer de la prostate lors de son premier septennat. Un cancer dont il n'a jamais fait mention. "Son premier bulletin de santé était vrai. Tous les suivants ont été falsifiés à sa demande par son médecin personnel", raconte le journaliste.

Par ailleurs, lors de sa campagne électorale de 2012, François Hollande a fait la même promesse que le premier président socialiste de la Ve République. "Il est important que les Français aient confiance en la capacité de leur président à gouverner", a-il notamment déclaré. Un engagement a priori respecté puisque son dernier bulletin de santé a été publié le 11 septembre dernier. Pourtant, Denis Demonpion reste sceptique. "Ces bulletins de santé sont à minima. En vérité, on ne sait absolument rien sur sa santé, assure-t-il. François Hollande ne fait pas mieux que ses prédécesseurs."

Un tabou qui peut s'avérer problématique

Contrairement à la France, les chefs d’Etat américains ont l’obligation de fournir un certificat médical extrêmement détaillé. Une obligation qui relève d’ailleurs du domaine public. De plus, si l’un d’entre eux tombe malade, le vice-président doit se tenir prêt à reprendre immédiatement les commandes. "Lorsque Ronald Reagan a été victime d’un attentat en 1981, son vice-président a pris le relais pendant 48 heures, le temps que le président se fasse opérer et subisse une anesthésie", relate ainsi Denis Demonpion.

En France, le tabou autour de la santé des présidents français peut, lui, s’avérer particulièrement problématique lorsque l’un d’entre eux tombe gravement malade. Ainsi, quand Georges Pompidou et François Mitterrand étaient trop faibles pour continuer à gérer les affaires de l’Etat, c’est Edouard Balladur, respectivement secrétaire général de l’Elysée et Premier ministre, qui avait repris les rênes du pouvoir. Pourtant, ce dernier n’était pas mandaté pour ces fonctions.

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