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Nicolas Hulot a annoncé sa démission ce mardi 28 août, au micro de France Inter. En 15 mois passés au gouvernement, il a enchaîné les revers…
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Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : un constat d’échec global ?

"Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols ? La réponse est non." Au micro de France Inter, Nicolas Hulot a égrené une à une ses déceptions et désillusions. Ce 28 août 2018, il a dit sa tristesse et finalement annoncé sa démission en direct, sans même avoir averti le Premier ministre ou le président de la République.

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Après 15 mois passés au gouvernement, l’ancien ministre de l’écologie compte plus de revers que de victoires. Son bilan est même parfois présenté comme un véritable constat d’échec. Selon lui, certains sont le fruit de son isolement au sein du gouvernement. L’écologiste pensait, en effet, qu’il serait soutenu par les différents membres du gouvernement. Au final, il évoque les querelles avec Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture. Et Nicolas Hulot d’ajouter : "je sais que seul je n’y arriverai pas. J’ai un peu d’influence, je n’ai pas de pouvoir. Je n’ai pas les moyens. Je n’y arriverai pas."

Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : le nucléaire

L’une des premières couleuvres avalée par Nicolas Hulot porte sur la réduction de la part du nucléaire dans la production de l’électricité.

Lors du mandat précédent, François Hollande avait fixé un objectif assez ambitieux, rappelle L’Express : ramener la part du nucléaire à 50% de la production d’énergie d’ici à 2025. Pourtant, en novembre 2017, à la sortie d’un Conseil des ministres Nicolas Hulot annonce lui-même qu’il sera "difficile" de tenir cet engagement. "Si on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques", a-t-il poursuivi, tablant davantage sur 2030 ou 2035.

Avant de devenir ministre, sa position était assez différente : il estimait nécessaire de sortir du nucléaire. "Il faut sortir du nucléaire. Fukushima a achevé de me convaincre", expliquait-il en 2011, souligne France Info. Par la suite, il a longuement rappelé combien il était important de tenir l’objectif de François Hollande. Son revirement avait d’ailleurs engendré des moqueries. "Nicolas Hulot n’avale plus des couleuvres mais des boas constricteurs", a notamment déclaré Yannick Jadot.

Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : les perturbateurs endocriniens

"Mon rôle c’est d’aider à protéger les Français de ces empoisonnements", estimait Nicolas Hulot seulement quelques jours avant de valider l’accord européen sur les perturbateurs endocriniens et après avoir assuré qu’il ne "céderait rien sur le sujet".

Concrètement, l’Union Européenne a adopté une définition commune à l’ensemble des Etats membres des perturbateurs endocriniens. Problème : ces critères de définition, voté trois ans après la date initiale, avaient été jugés "inacceptables" par Ségolène Royal, estimant qu’ils offraient trop peu de garanties. En outre, de nombreuses associations ont pointé du doigt la grande difficulté à faire reconnaître un produit du quotidien comme un perturbateur endocrinien. Nicolas Hulot lui-même a reconnu une certaine insuffisance de l’accord, rappelle France Info, avant de préciser que "le risque, si nous ne votions pas ce texte, était qu’un certain nombre de produits reste encore durablement sur le marché".

Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : le glyphosate

C’est probablement le plus gros désaveu politique du quinquennat pour Nicolas Hulot. En novembre 2017, l’Union Européenne décide de prolonger pour cinq ans encore la licence du glyphosate. Il s’agit d’un herbicide produit par Monsanto qui pourrait être responsable de cancer.

La France assure, par la voix de son président, vouloir sortir du glyphosate sous trois ans : c’est d’ailleurs la position que défend Nicolas Hulot, en opposition à Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture. Ce dernier souhaite voir le glyphosate perdurer en France pour au moins 5 ans, si ce n’est 7, rappelle Paris Match.

Par la suite, Nicolas Hulot a soutenu publiquement l’amendement de la loi sur l’équilibre dans le secteur agricole et alimentaire, porté par Matthieu Orphelin, un député LREM. Celui-ci souhaitait faire interdire le glyphosate à partir du 1er mai 2021. En revanche, malgré l’arbitrage d’Emmanuel Macron en sa faveur face à Stéphane Travert, le gouvernement s’est prononcé contre l’amendement qui n’a donc pas été voté. Pour toute réponse, Nicolas Hulot s’est dit "déçu", avant de s’en prendre aux groupes de pression "qui ont pignon sur rue" et qui tiendrait "parfois même la plume des amendements" dans une interview accordée au Parisien.

Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : le CETA

Il s’agit, selon l’ancienne fondation de Nicolas Hulot, d’un texte "climaticide et antidémocratique". Pourtant, l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada (CETA) est tout de même entré en vigueur – de façon temporaire mais quasi-totale – le 21 septembre 2017. Depuis, l’ancien ministre a eu des mots moins agressifs à son égard. "J’étais très inquiet, et je le suis toujours, sur des traités comme le CETA. Ce sont des traités qui nous exposent au lieu de nous protéger", a-t-il expliqué au micro d’Europe 1. "Le processus était tellement lancé qu’à moins de créer un incident diplomatique que nous ne souhaitions pas avec le Canada, c’était difficile [de l’arrêter]", a-t-il poursuivi.

Concrètement, rappelle France Info, le CETA baisse les droits de douane pour faciliter et augmenter le volume des échanges commerciaux. A terme, il est supposé aboutir à une convergence de plusieurs normes pour doper plus encore les transactions.

Les couleuvres avalées par Nicolas Hulot : les cadeaux faits aux chasseurs

Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron travaille son implantation locale et cherche à séduire les chasseurs. D’après Le Figaro (article payant), c’est également une façon pour lui de renouer avec la France rurale, en embrassant un de ses symboles. Le chef de l’Etat cherche en effet à se défaire de l’image de "président des riches et des villes".

C’est dans cet objectif qu’il a reçu les représentants des chasseurs au palais de l’Elysée, le 27 août dernier. En présence de Nicolas Hulot, ils ont obtenu plusieurs concessions, ce qui aurait grandement énervé le ministre démissionnaire souligne BFMTV. "J’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion. C’est symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir. Il faut à un moment poser ce problème sur la table", a asséné l’écologiste au micro de France Inter.