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Alors que François Hollande est interviewé jeudi sur "France 2", retour sur les grands moments de télévision où les présidents ont brillé... ou pas.
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Le général de Gaulle

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Grand orateur, Charles de Gaulle excellait lors des conférences de presse retransmises à la télévision publique, un peu moins lors des messages aux Français lors de ses voeux (l'exercice télévisuel était alors tout récent).

Parmi les phrases que l'on retiendra de ses conférences de presse, les plus célèbres sont celles où le libérateur de la France manie l'humour. "Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous, un jour je ne manquerai pas de mourir", avait-il lancé en 1965 à un journaliste qui l'interrogeait sur sa santé. La même année, le général avait fait sensation dans la salle des fêtes de l'Elysée en déclarant, à propos du pouvoir présidentiel fort dans la Ve République : "Qui a jamais cru que le général de Gaulle, étant appelé à la barre, devrait se contenter d'inaugurer les chrysanthèmes".

Georges Pompidou

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 Dans l'ombre du général de Gaulle, Georges Pompidou continue les conférences de presse en essayant d'imprimer sa marque. A cet égard, la conférence de presse de 1969 est resté célèbre : un journaliste l'interroge sur le suicide d'une enseignante condamnée pour avoir eu une liaison avec un élève de 16 ans. Le président, agrégé de lettres et normalien, répond en empruntant une citation de Paul Eluard: "Comprenne qui voudra, moi mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés".

Valéry Giscard d'Estaing

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Avant d'arriver au pouvoir, "VGE" avait dû férailler avec François Mitterrand au cours du premier débat télévisuel de l'entre-deux-tours, en 1974. Au cours de celui-ci, le futur président avait eu cette formule restée célèbre : "Vous n'avez pas le monopole du coeur". Une phrase bien sentie qui lui aurait permis d'inverser la tendance et de gagner le second tour à quelques milliers de voix près (50,81 %).

En revanche, en 1979, interrogé par un trio de journalistes sur les diamants reçus du dictateur africain Bokassa, "VGE" s'était montré embarassé avant de s'en expliquer. Enfin, lors du match retour avec Mitterrand en 1981, l'avantage fut cette fois-ci pour le candidat socialiste qui a porté l'estocade avec cette formule, en réponse à VGE qui le traitait d'homme du passé : "C'est quand même ennuyeux que dans l'intervalle vous soyez devenu vous l'homme du passif."

François Mitterrand

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Depuis son escarmouche avec "VGE", le président socialiste a pris du galon à la télévision et, lors du débat d'entre-deux-tours avec Jacques Chirac en 1988, François Mitterrand avait mis à terre son adversaire en l'appelant d'un dédaignant "M. le Premier ministre". Avec sa froideur naturelle, le président n'hésita pas à court-circuiter les questions des journalistes. Parmi ses interviews les plus célèbres, celle où il répond agacé aux questions de PPDA en 1992, et surtout celle qu'il a accordée à Jean-Pierre d'Elkabbach la même année. Lors de cette entrevue, le journaliste lui avait demandé de s'expliquer sur son passé à Vichy, ce à quoi il avait répondu sèchement : "Ca suffit ! Et je ne donnerai aucune explication que celles que j'écrirai moi-même..." 

Jacques Chirac

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Véritable matamore en politique avant d'accéder à la fonction suprême, le président Jacques Chirac n'a pas vraiment brillé lors de ses passages à la télévision. A peine se souvient-on, en deux mandats, du mot "abracadabrantesque" prononcé à tort en 2000 (le vrai adjectif est "abracadabrant-e") et de cette phrase adressée à son ministre ambitieux, Nicolas Sarkozy : "Il n'y a pas de divergence entre le ministre des Finances et moi pour une raison simple : je décide et il exécute."

Par la suite, sont débat télévisuel avec un panel de jeunes en 2005 s'était révélé catastrophique, Jacques Chirac ne comprenant pas les aspirations d'une certaine jeunesse et surtout n'arrivant pas à enrayer la déferlante du "non" à la Constitution européenne.

Nicolas Sarkozy

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En devenant président, Nicolas Sarkozy a plusieurs fois expérimenté le débat télévisuel où des panels de Français l'interrogeaient, avec parfois des moments de frictions. Ainsi, Nicolas Sarkozy a eu plusieurs fois maille à partir, ici avec un jeune étudiant en droit qui l'interrogeait sur sa "droitisation",  avec un habitant de banlieue qui l'interrogeait sur l'investissement de l'Etat dans les banlieues.

Mais si Nicolas Sarkozy est parfois apparu en difficulté lors des débats, ses conférence de presse ont plutôt été des moments réussis, surtout au début de son quinquennat. On se souvient ainsi de cette phrase acerbe lancée au journaliste Laurent Joffrin qui l'accusait d'avoir instauré une forme de monarchie élective : "Vous croyez que je suis le fils illégitime de Jacques Chirac qui m'a mis sur un trône ? M. Joffrin, un homme cultivé comme vous, dire une aussi grosse bêtise..." (rire de la salle).

François Hollande

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Avant d'accéder au pouvoir, François Hollande avait détonné lors du débat de l'entre-deux-tours contre Nicolas Sarkozy avec l'anaphore désormais célèbre : "Moi président, je..." Reprenant la tradition des débats télévisuels avec des Français lambda et des conférences de presse, François Hollande a toujours peiné à convaincre ces derniers, s'en sortant généralement avec des pirouettes humoristiques : "Comme si je pouvais arrêter la pluie !", "Merci beaucoup pour cette conférence, nous nous retrouverons où dans la rue, ou dans six mois", etc.