Détention de Nicolas Sarkozy : pourquoi sa femme Carla Bruni n'a pas pu lui rendre visite ?
Incarcéré à la prison de la Santé à la suite de sa condamnation dans l'affaire des financements libyens, l'ancien président a vu sa première journée de détention perturbée. En cause : une visite surprise de deux députés La France insoumise venus contrôler ses conditions de détention, provoquant un imbroglio juridique et médiatique.
L'événement s'est déroulé le jour même de l'entrée de Nicolas Sarkozy en détention. Condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, il a été immédiatement incarcéré en application de l'exécution provisoire de la peine, malgré son appel. Un parloir était organisé pour l'après-midi avec son épouse Carla Bruni et son avocat, mais il n'a finalement pas eu lieu.
La visite inopinée de deux députés LFI
En cause, l'arrivée de deux députés LFI, Danièle Obono et Ugo Bernalicis, accompagnés de journalistes du Monde et de Politis. Les deux élus ont fait usage de leur droit de visite parlementaire en prison pour, selon leurs dires, s'assurer que l'ancien chef de l'État ne bénéficiait d'aucun traitement de faveur. Ils ont notamment exigé de pouvoir accéder au quartier d'isolement (QI) où il a été placé.
Face à cette situation, la direction de la prison de la Santé a pris la décision d'annuler le parloir prévu, comme l'a rapporté Gala. L'administration pénitentiaire a justifié son refus de laisser les députés s'entretenir avec le détenu en rappelant que la visite parlementaire doit évaluer le fonctionnement général de l'établissement et "ne peut être utilisée pour s'entretenir de manière spécifique avec un détenu", selon une source citée par Brut.
Le statut particulier de "prévenu" de Nicolas Sarkozy
L’ancien président a été incarcéré en vertu de l’exécution provisoire de la peine prononcée à son encontre dans le cadre de sa condamnation pour association de malfaiteurs. Toutefois, ayant interjeté appel de cette décision, il ne bénéficie pas encore du statut de condamné définitif. Dans cette situation, Nicolas Sarkozy est juridiquement considéré comme un prévenu.
Comme le rappelle Le Club des juristes, ce statut lui donne en principe droit à au moins trois visites familiales par semaine, contre une seule pour un détenu condamné définitivement. C’est sur cette base qu’un parloir avait été accordé le 21 octobre, avant d’être annulé en raison des circonstances.
Une polémique sur un possible traitement de faveur
S'estimant entravé dans sa mission de contrôle, le groupe LFI a dénoncé un droit de visite "illégalement restreint" et a saisi le Tribunal administratif de Paris en référé, rapporte Ouest France. La controverse autour des conditions de détention de l'ancien président ne s'est pas arrêtée là.
Selon des informations de RTL, Nicolas Sarkozy bénéficierait finalement de quatre parloirs par semaine d'une heure, soit un de plus que la norme pour un prévenu et avec une durée allongée. Ces révélations ont relancé le débat sur un éventuel traitement spécial. Malgré cet imbroglio, la détention de l'ancien président pourrait être de courte durée. Ses avocats ont déposé une demande de mise en liberté, sur laquelle la chambre des appels correctionnels dispose d'un délai de deux mois, soit jusqu'au 21 décembre, pour statuer.