Cette boisson alcoolisée est la plus prisée des députés à la buvette de l'Assemblée

Publié par Matthieu Chauvin
le 17/06/2025
le
4 minutes
Buvette Assemblée nationale
La buvette de l'Assemblée nationale, c'est notoire, connaît beaucoup de succès. Parfois trop, même. A leur décharge, les députés peuvent avoir besoin de décompresser entre les très longues séances de débats qui peuvent durer jusqu'au bout de la nuit. A tel point qu'une boisson alcoolisée très prisée après les repas s'est retrouvée un jour en rupture de stock.

Plusieurs fois depuis quelques années, la buvette de l'Assemblée nationale a fait parler d'elle. En bien en 2017 quand l'ensemble de l'hémicycle avait rend hommage a son barman, violemment agressé dans le quartier de la Bastille, à Paris. En moins bien quand on a appris il y a 2 ans par un article du JDD que l'alcool y coulait trop souvent à flots. On sait aussi "en off" que certains élus assistent parfois aux séances ivres. Autrefois, ce lieu ouvert en 1904 était accessible aux journalistes qui pouvaient y recueillir des anecdotes croustillantes. Mais ça n'est plus le cas depuis un moment : seuls les députés et les ministres peuvent s'y retrouver (c'est payant, pas de privilège de ce côté. Même les conseillers parlementaires en sont exclus. C'est un endroit sacré. Rappelons que le parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan s'était indigné pendant la pandémie de Covid-19 du fait que les espaces de restauration aient l'obligation de fermer à 22 heures, mais pas la buvette qui elle pouvait rester ouverte ! 

Un digestif vert en rupture de stock en 2023

Mais Ouest-France tempère quelque peu notre ardeur à pointer du doigt ces abus, et nous apprend qu'ils ne sont pas la norme. Cela dépendrait des tensions à dans l'hémicycle. Ainsi en 2018, quand les Macronistes se sont installés dans les travées du palais Bourbon, "la consommation de bouteilles de vin et d’alcool forts avait chuté de 50 %."  Une partie de la cave avait même due être mise en vente, rappelle le quotidien : "5 100 bouteilles pour une économie estimée à 77 000 euros par an." Au contraire affirme le JDD, en février 2023, année durant laquelle les dérapages furent nombreux dans les rangs de l'Assemblée, notamment à cause de la réforme des retraites, une pancarte placée devant la buvette prévenait : "rupture de stock de Get 27." Ce fameux digestif vert au goût de menthe, "à seulement" 27 degrés il faut l'admettre.  

Quand l'Assemblée dérapait tous les jours ou presque

L'hebdomadaire du groupe Bolloré écrivait à l'époque : "Outre la question des comportements insultants et outranciers, inscrite à l’ordre du jour par la cheffe des députés Renaissance, Aurore Bergé, celle de l’alcoolisation excessive de certains élus l’avait également été, à la demande de sa collègue Insoumise Caroline Fiat". L'interdiction totale de consommer de l’alcool à la buvette de après 21 h 30 avait aussi été évoquée, sur le ton de l'humour, par le député RN Sébastien Chenu. Sans suite bien entendu. Toujours en 2023, Marie Guévenoux (Renaissance), alors chargée de la gestion administrative et financière de l'institution, précisait que "le pic de consommation d’alcool se situait en réalité à l’heure du dîner, soit entre 20 heures et 21 h 30." Mais certains députés faisaient mieux : "Dans la buvette et dans les jardins, c’était alcool à gogo jusqu’à 3 heures du matin", d'après l'indiscrétion d'une députée macroniste au JDD. Une seconde affirmait : "Certains confrères boivent dès 11 heures et s’abreuvent de rhum à 16 heures". Le Parisien avait même rapporté qu'un député Nupes avait été "aperçu en train de vomir dans une poubelle."

La buvette : une institution bientôt remise en question ?

Du haut de ses 121 ans, la vénérable institution survivra-t-elle au changement d'époque : pas de tabac, pas d'alcool, pas de viande rouge... ? Cela reste un lieu d'échange important pour la démocratie selon le député Liot Charles de Courson, au micro de France Inter : "Tout le monde se mélange. Il n’y a pas la table des communistes d’un côté et la table des socialistes de l’autre. Souvent, vous trouvez un républicain qui déjeune avec un socialiste, une verte qui déjeune avec un républicain ou un Liot. On n’est plus dans l’hémicycle." Mais une enquête du Figaro parue il y a quelques jours dresse un tout autre tableau. "J'ai perdu en espérance de vie", déclare un parlementaire anonyme au quotidien. "Plus les combats politiques sont forts, plus on passe de temps à la buvette car ce sont des moments où nous avons besoin de générer du collectif et de passer des moments d'ivresse partagée" avoue une autre. Qui poursuit : pendant la réforme des retraites, elle buvait "Cinq ou six verres tous les jours de la semaine (...) C'est une forme d'alcoolisme mondain à laquelle nous devons faire très attention." Mais il y a pire encore, et ça se passe en ce moment. Un député déclare à propos d'un collègue : "Il se met minable tous les jours, c'est très triste." Le Figaro lui en remet une couche et affirme qu'il : "ne s'en cache même pas : journalistes comme députés le croisent régulièrement aux alentours de l'Assemblée, une bière à la main dès 11h du matin, un spritz en milieu d'après-midi, en pleine semaine."

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