Ces évènements auxquels Jean-Marie Le Pen a survécu
Il est né le à La Trinité-sur-Mer dans le Morbihan et mort le
Enfance bretonne, consécration nationale
De son enfance en Bretagne, à sa consécration politique de 2002, considérée comme une victoire malgré une défaite au second tour de l'élection présidentielle face à Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen se sera fait beaucoup d'ennemis.
Après cette date historique pour le Front national, qui sera renommé "Rassemblement" en 2018 (ce qu'il vivra comme une trahison), le tribun d'extrême-droite passera peu à peu au second plan, lassant ses partisans par ses débordements commencés dans les années 80, et n'ayant d'autre choix que de voir s'épanouir sa fille Marine, avant d'être tout simplement mis à l'écart du parti.
Il aura échappé à la mort pendant 96 ans
Même si comme évoqué, Jean-Marie Le Pen se sera fait beaucoup d'ennemis, ça n'est pas forcément ce qui lui a valu plusieurs fois d'échapper à la mort. La chance, le manque de "courage" comme il l'avouera lui-même ou encore sa santé de fer sont autant d'éléments qui peuvent expliquer comment il a réussi pendant 96 ans à passer entre les gouttes. Retour en images sur ces faits connus ou méconnus.
39-45 : la Deuxième Guerre mondiale en Bretagne
Jean-Marie Le Pen a traversé la Deuxième Guerre mondiale en tant qu'adolescent. Elle aura tué son père, marin-pêcheur qui sautera sur une mine allemande en 1942 lors d'une sortie au large. Il aura passé toute cette période à La Trinité-sur-Mer, en Bretagne, qui est l'une des régions à avoir connu le plus de morts civils suite aux bombardements alliés. La ville de Trinité a elle aussi été bombardée en 1944, pour faire sauter le pont de Kerisper, reconstruit depuis.
Été 1944 : il veut tuer un soldat allemand
En 2018, Jean-Marie Le Pen se confie dans l'émission d'Europe 1 Hondelatte raconte. A la fin de l'été 1944, la Wehrmacht étant en déroute après le débarquement allié, il est caché dans le recoin d'une rue avec deux amis, armé d'un pistolet 6.35. Désireux de venger la mort de son père, il suit un soldat allemand dans le but de l'abattre. Il renoncera. "J'avais quand même tiré de la morale chrétienne et aussi de celle des bandes-dessinées, le fait qu'on ne tue pas quelqu'un dans le dos, quelqu'un qui ne vous menace pas."
Il explique à Christophe Hondelatte : "Je me dégonfle". Nul doute de ce qui l'attendait par la suite. Mais il s'inquiétait aussi pour le sort de sa ville : "Il y a en rade de la Trinité deux ou trois destroyers. Il peut y avoir un déluge de tirs d'artillerie sur la ville, on ne sait pas."
1944 : il veut rejoindre les FFI
Contrairement à la légende, Jean-Marie Le Pen n'est jamais rentré dans la Résistance. Il a toutefois essayé d'intégrer les FFI (Forces françaises de l'intérieur) créées le 1er juin 1944, en novembre de la même année. D'après les révélations d'un ancien sergent du groupe à l'Express en 2007, Raymond Casas, 81 ans à l'époque, le Menhir, âgé de 16 ans, s'était en réalité fait "recaler" par le colonel Henri de La Vaissière qui l'aurait jugé trop jeune.
Les FFI ayant participé à de nombreuses batailles, dont celle de la libération de Paris, l'adolescent n'aurait peut-être pas survécu s'il avait été enrôlé.
1954 : la guerre d'Indochine
Après avoir intégré l'armée en 1953, il devient parachutiste et part pour l'Indochine après la bataille de Diên Bîen Phu, qui marquera la défaite française. C'est dans ce qui deviendra le Vietnam qu'il fera connaissance avec son ami Alain Delon. Il restera mobilisé jusqu'en 1955. Et aura eu la chance, alors sous-lieutenant, de ne participer à aucun combat.
1956 : la guerre d'Algérie
Alors élu député depuis peu à 27 ans sous la bannière de l'Union et fraternité française (UFF), Jean-Marie Le Pen décide de remettre l'uniforme et obtient l'autorisation de l'Assemblée de partir combattre en Algérie pendant six mois. Il rejoint la Légion étrangère au 1er REP (régiment étranger de parachutistes).
Il sera accusé d'exactions dès 1962 par l'historien Pierre Vidal-Naquet. Tour à tour, il avouera puis niera avoir pratiqué des actes de torture (dont la fameuse "gégène") sur des soldats du FLN. Il sera également tout à tour condamné puis relaxé par la justice, plusieurs fois.
Le général Massu l'avait décoré pour avoir respecté les combattants du FLN en les enterrant selon leurs rites. La légende veut que c'est cet "égard" qui lui aurait valu de ne pas être assassiné lorsqu'il était encore sur le sol algérien.
1965 : il perd son œil droit dans une bagarre... vraiment ?
Une histoire, trois versions : que s'est-il passé avant que Jean-Marie Le Pen délaisse le bandeau pour l'œil de verre ?. Puisqu'il y aurait perdu un œil, aurait-il pu perdre la vie dans la bagarre racontée par Alain Jamet, un ancien Premier vice-président du Front national à Complément d'enquête en 2014 ? "Nous sommes accueillis par un service d’ordre assez dur qui nous projette dans les bancs, nous fait tomber par terre. Lorsque je relève, je vois dans le fond de la salle Le Pen avec l’œil exorbité. Il a dû recevoir un coup de pied dans la figure et son œil pend sur la pommette. Il se le remet dans l’orbite et avec sa femme Pierrette va à la pharmacie se faire soigner."
Puis, en 2018, l'intéressé raconte dans ses mémoires qu'il se serait abimé l'œil "A Hyères, en maniant le maillet pour enfoncer une sardine où l’on attache les cordes de tension" en montant un chapiteau avant un meeting en 1965. Puis, plus loin, il explique, après avoir consulté un spécialiste à Lyon : "Son diagnostic est sans espoir : hémorragie dans le vitré. Il m’opère, mais je perds la vue d’un œil qui restera sensible à la douleur qu’elle lui cause. C’est pourquoi je porterai un bandeau, d’abord pour me protéger contre les batteries de projecteurs que l’on affronte sur scène."
Nouveau revirement en 2022 sur C8, rapporté par 20 Minutes. Interrogé par Jordan de Luxe, il rigole : "Un maillet pour enfoncer une sardine ? C’est un comique qui vous a raconté ça ?" Il aurait en fait été "jeté à terre par un groupe et piétiné". Puis d'expliquer : "J’ai un œil désorbité et ce n’est pas celui qui a été perdu curieusement. J’ai fait une cataracte traumatique des yeux et il y en a un des deux qui n’a pas résisté."
2 novembre 1976 : l'attentat de la villa Poirier ou "miracle de la Toussaint"
Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1976, alors que Jean-Marie Le Pen est le Président du Front national qui a fait moins de 1 % aux présidentielles de 1974, à 3h45 du matin, une bombe de 20 kilos explose au 9, villa Poirier, dans le XVIe arrondissement, devant le domicile familial. L'immeuble est littéralement éventré. Il est présent ce jour là avec son ex-femme Pierrette, ses filles Yann, Marine et marie-Caroline. Personne ne sera blessé, hormis six voisins, légèrement.
Revendiqué par un groupe anti-fasciste, l'attenta ne sera jamais résolu. La presse parlera alors, au vu des dégâts énormes et du bilan humain minime, de "miracle de la Toussaint."
Le Patriarche déclarera : "Il est évident que cette explosion, cet attentat, visait à tuer aveuglément, sauvagement, et que c'est un don du ciel, si ce résultat n'a pas été atteint."