10 choses à savoir sur Stéphane Séjourné, l'ex-compagnon d'Attal et nouveau patron du Quai d’Orsay

C’est l’une des surprises de ce nouveau gouvernement : alors que les noms de Gérald Darmanin et de Bruno Le Maire avaient un temps été évoqués, c’est finalement Stéphane Séjourné qui hérite du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. À 38 ans, l’ancien conseiller élyséen d’Emmanuel Macron – qui restera par ailleurs patron du parti Renaissance – devient le plus jeune chef de la diplomatie française de l’histoire de la Ve République.

Ce macroniste de la première heure issu des rangs de la gauche, qui était aussi jusqu’à présent président du groupe Renew au Parlement européen, aura fort à faire à ce poste régalien complexe et exposé. En premier lieu, il devra s’emparer de deux dossiers brûlants : la guerre en Ukraine qui va entrer dans sa troisième année et le risque d’extension du conflit entre Israël et le Hamas.

Cette promotion au Quai d’Orsay, Séjourné lui fait renoncer de facto à mener la liste macroniste pour les élections européennes du 9 juin. Olivier Véran, désormais ex-porte-parole du gouvernement, pourrait endosser ce costume et « tirer » la liste à sa place.

Soldat fidèle et loyal à Macron, depuis sept ans, il est de chaque bataille électorale auprès du chef de l’Etat. En 2017, il était aux avant-postes de la présidentielle puis des législatives. Deux ans plus tard, c’est lui qui dirigeait la campagne des européennes, tout en figurant sur la liste. En 2022, il a occupé un rôle essentiel dans le dispositif macronien.

Stéphane Séjourné présidait jusqu’à présent le groupe Renew, troisième force politique du Parlement européen avec 101 eurodéputés issus de 24 pays différents. À Bruxelles, il a acquis une réputation d’homme de compromis, capable de faire des deals. On lui a aussi prêté, un temps, l’intention de briguer l’un des « top jobs » des institutions européennes. « Stéphane, ce qu’il vise vraiment, c’est la présidence du Parlement européen », nous confiait à l’automne 2023 l’un de ses amis, à L'Obs.

Il déteste l'étalage de sa vie privée. Quand « le Monde » publie en octobre 2021 une enquête sur le couple qu’il forme alors avec Gabriel Attal, Séjourné fulmine. Un mois plus tard, il rappelle dans « Têtu » son « droit à l’intimité » et lâche : « Je ne suis pas sûr que “le Monde” aurait publié le même papier s’agissant d’un couple hétérosexuel. » Dès sa nomination au Quai d’Orsay son entourage s’est empressé de faire savoir que lui et Gabriel Attal, désormais chef du gouvernement, étaient séparés et n’étaient plus pacsés depuis deux ans, revient L'Obs.

Contrairement à ses camarades, Séjourné ne cherche pas l’exposition maximale. Les micros, la lumière, les caméras, il ne court pas nécessairement après. Le macroniste ne déteste toutefois pas les jeux d’influence : il a tenu une chronique sur l’Europe dans « l’Opinion » et a un temps, et brièvement, été traversé par l’idée de se reconvertir en patron de presse.

Fils d’expatriés, il grandit à Madrid, puis à Buenos Aires, dans une famille assez peu politisée. C’est en Argentine, au début des années 2000. Une crise économique frappe le pays, le peso s’effondre et il voit une partie de la classe moyenne, et de ses amis, s’appauvrir subitement. En 2001, il adhère au Parti socialiste.

À son retour d’Amérique latine, il s’inscrit à la faculté de Poitiers. Militant au Mouvement des Jeunes socialistes, il forme là-bas, avec Pierre Person, Sacha Houlié, Aurélien Taché et Guillaume Chiche, une bande soudée qui jouera un rôle essentiel dans la lutte contre le CPE du gouvernement de Dominique de Villepin. Cette parenthèse poitevine achevée, Séjourné – titulaire de deux masters, un en droit des achats publics et un autre en droit européen – rejoint les réseaux « Camba », du socialiste Jean-Christophe Cambadélis. En 2017, toute cette « bande de Poitiers » est élue à l’Assemblée. Sauf lui, qui rejoint l’Élysée en tant que conseiller.

Enfin, il a été, durant deux ans, le conseiller spécial en charge des affaires parlementaires de l’ancien président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. En 2014, son CV atterrit sur le bureau d’Emmanuel Macron qui règne alors sur Bercy. Séjourné présente au néo-ministre une note sur la manière dont les socialistes perçoivent la loi Macron. Macron est séduit et le recrute dans son cabinet.