Les vagues de chaleur : sont-elles notre nouveau quotidien ?

Des signaux alarmants et un phénomène appelé à s’aggraver. Selon Patrick Marlière, “à partir de 25 °C, on parle de chaleur, à 30 °C de forte chaleur, au‑delà de 35 °C d’un pic de chaleur” et quand ce dernier dure plusieurs jours, généralement entre 3 et 10, et s’étend sur l’ensemble du territoire, on parle de vague de chaleur. Des critères précis pour désigner une réalité de plus en plus fréquente ces dernières années.
Une fréquence et une intensité en nette hausse
En effet, le nombre de vagues de chaleur continue d’augmenter chaque année : “En France, en Europe, à l’échelle mondiale, il n’y a pas de doute”, confirme Patrick Marlière. Le réchauffement, déjà de +1,5 °C sur certaines périodes, atteindra probablement +2 °C d’ici cinq ans, amplifiant les pics thermique. La vague de juillet 2024 avait d’ailleurs culminé jusqu’à 3 °C au-dessus des normales, illustrant les conséquences directs du changement climatique. Mieux encore : “Tous les jours en météo, on bat des records”, souligne-t-il.
Au-delà des records de température, le spécialiste pointe une précocité inédite : dès juin, on enregistre des chaleurs intenses, là où auparavant on attendait juillet ou août. Exemple historique : en 2019, Dunkerque a dépassé 41 °C, un seuil jugé inimaginable il y a trente ans.
Pourquoi ce phénomène s'intensifie-t-il ?
L'origine est double. D’un côté, une accumulation des gaz à effet de serre, moteurs du réchauffement global, et de l’autre, des modifications des circulations atmosphériques qui favorisent les pics de chaleur. “Le réchauffement de l’Arctique affaiblit certaines circulations, ce qui stabilise les vagues de chaleur”, explique-t-il. Résultat ? Des épisodes plus longs, plus intenses, et plus récurrents.
Le constat est alarmant : les vagues de chaleur concernent désormais toutes les régions, même celles qui étaient, jusque-là, épargnées. “En 2022, on a constaté des feux de forêt en Bretagne”, raconte le météorologue, symbole d’un dérèglement aux conséquences concrètes. En parallèle, la mortalité liée à ces épisodes grimpe en flèche : 10 000 décès supplémentaires annuels sont redoutés d’ici 2050 sans action rapide.
Les vagues de chaleur pèsent aussi sur l’économie, notamment sur l’agriculture et le tourisme. Et si elles peuvent être prévenues par des alertes canicule, il ne faut pas négliger les initiatives locales, notamment auprès des personnes les plus fragiles. Selon Patrick Marlière, “les premières alertes, ce sont les voisinages”, explique-t-il, soulignant l’importance de la solidarité pour accompagner les plus vulnérables.
Vers une chaleur extrême de 50 °C en France ?
Alors que le record de température en France est de 46,5 °C, l'expert prévient : “La question qu’il faut se poser désormais c’est : “est-ce que les 50 °C, c’est pour demain ?” Mais demain est une certitude, c’est dans quelques années.” Un scénario qui paraissait impensable il y a 30 ans mais qui confirme un avenir sous le signe de la chaleur extrême.