Les vagues de chaleur : sont-elles notre nouveau quotidien ?

Publié par Alice Ernult
le 25/06/2025
le
3 minutes
Canicule
Les épisodes de chaleur de plus en plus précoces et intenses soulèvent une question cruciale : les vagues de chaleur vont-elles s’installer durablement dans notre quotidien ? Le point avec Patrick Marlière, météorologue chez Médias-Weather et spécialiste dans la vulgarisation météorologique et le suivi des phénomènes climatiques pour le grand public.

Des signaux alarmants et un phénomène appelé à s’aggraver. Selon Patrick Marlière, “à partir de 25 °C, on parle de chaleur, à 30 °C de forte chaleur, au‑delà de 35 °C d’un pic de chaleur” et quand ce dernier dure plusieurs jours, généralement entre 3 et 10, et s’étend sur l’ensemble du territoire, on parle de vague de chaleur. Des critères précis pour désigner une réalité de plus en plus fréquente ces dernières années.

Une fréquence et une intensité en nette hausse

En effet, le nombre de vagues de chaleur continue d’augmenter chaque année : “En France, en Europe, à l’échelle mondiale, il n’y a pas de doute”, confirme Patrick Marlière. Le réchauffement, déjà de +1,5 °C sur certaines périodes, atteindra probablement +2 °C d’ici cinq ans, amplifiant les pics thermique. La vague de juillet 2024 avait d’ailleurs culminé jusqu’à 3 °C au-dessus des normales, illustrant les conséquences directs du changement climatique. Mieux encore : “Tous les jours en météo, on bat des records”, souligne-t-il.

Au-delà des records de température, le spécialiste pointe une précocité inédite : dès juin, on enregistre des chaleurs intenses, là où auparavant on attendait juillet ou août. Exemple historique : en 2019, Dunkerque a dépassé 41 °C, un seuil jugé inimaginable il y a trente ans.

Pourquoi ce phénomène s'intensifie-t-il ?

L'origine est double. D’un côté, une accumulation des gaz à effet de serre, moteurs du réchauffement global, et de l’autre, des modifications des circulations atmosphériques qui favorisent les pics de chaleur. “Le réchauffement de l’Arctique affaiblit certaines circulations, ce qui stabilise les vagues de chaleur”, explique-t-il. Résultat ? Des épisodes plus longs, plus intenses, et plus récurrents.
Le constat est alarmant : les vagues de chaleur concernent désormais toutes les régions, même celles qui étaient, jusque-là, épargnées. “En 2022, on a constaté des feux de forêt en Bretagne”, raconte le météorologue, symbole d’un dérèglement aux conséquences concrètes. En parallèle, la mortalité liée à ces épisodes grimpe en flèche : 10 000 décès supplémentaires annuels sont redoutés d’ici 2050 sans action rapide.

Les vagues de chaleur pèsent aussi sur l’économie, notamment sur l’agriculture et le tourisme. Et si elles peuvent être prévenues par des alertes canicule, il ne faut pas négliger les initiatives locales, notamment auprès des personnes les plus fragiles. Selon Patrick Marlière, “les premières alertes, ce sont les voisinages”, explique-t-il, soulignant l’importance de la solidarité pour accompagner les plus vulnérables.

Vers une chaleur extrême de 50 °C en France ?

Alors que le record de température en France est de 46,5 °C, l'expert prévient : “La question qu’il faut se poser désormais c’est : “est-ce que les 50 °C, c’est pour demain ?” Mais demain est une certitude, c’est dans quelques années.” Un scénario qui paraissait impensable il y a 30 ans mais qui confirme un avenir sous le signe de la chaleur extrême.

 

Partager :

Google News