Jardin : pourquoi vous ne devez jamais mélanger ces deux produits ménagers stars des cuisines pour désherber

Publié par Clémence Apetogbor
le 20/08/2025
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Istock
Les intoxications se sont multipliées et certaines ont entraîné des hospitalisations graves.
 

Depuis l’interdiction, en 2019, de nombreux herbicides à la vente aux particuliers en raison de leurs effets indésirables sur la santé et l’environnement, beaucoup de jardiniers amateurs se sont tournés vers des "désherbants maison". Animés par le désir de trouver des solutions économiques, certains tentent de remplacer les produits chimiques industriels par des préparations maison à base de vinaigre blanc, d’eau de Javel ou même d’acide chlorhydrique. Une manœuvre qui, si elle peut sembler ingénieuse, se révèle en réalité très dangereuse. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ainsi que les Centres antipoison tirent la sonnette d'alarme.

Le cœur du problème réside dans la combinaison de l’eau de Javel, solution basique à base d’hypochlorite de sodium, avec un acide tel que le vinaigre. Ce mélange produit du chlore gazeux, un gaz toxique aux conséquences respiratoires graves. Entre 2002 et 2013, une seule intoxication de ce type a été signalée par les Centres antipoison. Or, depuis la décision d’interdire certaines substances, ce chiffre s’est envolé à plus de 200 cas d’intoxications signalés en seulement quatre ans, principalement lors des périodes propices au désherbage, à savoir la fin du printemps et le début de l’été.

Difficultés respiratoires et brûlures des voies ORL

Les symptômes observés traduisent les effets irritants de ce gaz corrosif : toux, difficultés respiratoires, brûlures des voies ORL, souvent assez marqués pour nécessiter une prise en charge médicale. Près de la moitié des personnes exposées ont eu besoin de soins médicaux, cinq ont été hospitalisées, et parmi elles, trois ont été placées en réanimation, souligne l'ANSES. Des cas de bronchospasmes, de crises d’asthme, de détresses respiratoires aiguës et de séquelles jusqu’à six mois après l’exposition ont été rapportés.

Ces cas sont préoccupants, particulièrement lorsque l’on considère la popularité grandissante du "fait maison", encouragée par des tutoriels sur les réseaux sociaux vantant des produits peu coûteux, écologiques et naturels. Pourtant, l’ANSES et les Centres antipoison appellent à la prudence : ils préconisent exclusivement l’usage de produits munis de la mention "Emploi autorisé au jardin" (EAJ). Ces produits appartiennent à la famille des biocontrôles ou sont qualifiés à faible risque, comme le phosphate de fer utilisé contre les limaces, et sont compatibles avec l'agriculture biologique.

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Des alternatives simples

Au-delà du risque chimique pur, la tendance du "fait maison" comporte d’autres dangers sous‑estimés. Les erreurs de dosage, les instructions imprécises diffusées sur internet, l’utilisation ustensiles non dédiés ou l’absence de conservateurs peuvent entraîner des réactions inefficaces voire dangereuses, des contaminations bactériennes ou l’apparition de troubles cutanés ou respiratoires comme de l’eczéma.

En cas d’exposition suspectée, les victimes ou leurs proches peuvent contacter le numéro ORFILA, mis à disposition par les centres antipoison. Ce service, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, permet d’obtenir des conseils médicaux urgents gratuits et précis pour le diagnostic, le pronostic ou la prise en charge d’intoxications .

Mais des alternatives simples et sûres existent. Pour le désherbage, privilégier le désherbage manuel reste une méthode éprouvée. L’usage de chaleur directe, comme un karcher thermique ou du vinaigre non mélangé, peut également être efficace. Utiliser des produits de biocontrôle, même s’ils sont un peu plus coûteux que le vinaigre, garantit bien souvent une efficacité et une sécurité accrues pour la santé comme pour l’environnement.

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