Xavier Dupont de Ligonnès, et s'il n'était pas coupable ? Ces théories alternatives sans complotisme

Xavier Dupont de Ligonnès. Son nom hante l’une des affaires criminelles les plus troublantes en France. Le 21 avril 2011, les policiers font une macabre découverte au 55 boulevard Robert-Schuman, à Nantes : sous une dalle de béton récemment coulée dans le jardin, reposent les corps d’Agnès, son épouse, et de leurs quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît. Tous ont été abattus par balle, vraisemblablement pendant leur sommeil. Xavier Dupont de Ligonnès, lui, s’est volatilisé. Il est pourtant le principal suspect des assassinats. 

Pour rappel, la dernière image de Xavier Dupont de Ligonnès remonte a été capturée le 15 avril 2011 par une caméra de vidéo-surveillance dans un hôtel de Roquebrune-sur-Argens dans le Var. Ce jour-là, il quittait un hôtel Formule 1, un étui sur le dos.

Et plus de quatorze ans après les faits, théories et hypothèses en tout genre ne cessent de fleurir dans les médias et sur les réseaux sociaux. Si à ce jour la théorie du suicide reste la plus largement envisagée, plusieurs autres hypothèses laissent penser que le fugitif est toujours en vie et qu'il pourrait être innocent.

Un informateur pour des services de renseignement aux Etats-Unis ? 

Dans leur livre intitulé Sans pitié pour les siens, les journalistes et chroniqueurs judiciaires Béatrice Fonteneau et Jean-Michel Laurence, interrogés par Planet.fr en 2020, explorent notamment l’idée selon laquelle Xavier Dupont de Ligonnès aurait été en réalité un informateur pour des services de renseignement américains. Selon cette théorie, lui, Agnès et leurs quatre enfants auraient été exfiltrés "pour leur sécurité". 

Une idée partagée par Christine Dupont de Ligonnès qui défend l’innocence de son frère avec certitude depuis 2011. “Pour moi, sa famille a été assassinée par des tiers qui voulaient faire peser la responsabilité de ce meurtre sur Xavier”, affirme-t-elle cette année-là à Paris Match. “Et comme on ne le ­retrouve pas, il reste le coupable idéal faute de pouvoir s’expliquer.” 

Le fugitif serait toujours vivant 

Depuis, elle a elle-même publié le livre Xavier, mon frère présumé innocent en mars 2024 qui regroupe ses conclusions d'une "contre-enquête" menée pendant plusieurs années. Entre 2012 et 2013, elle tenait également un blog dans lequel elle proposait "un autre point de vue sur l’affaire Dupont de Ligonnès". Elle y partageait des témoignages censés dévoiler "le vrai Xavier" et revenait sur certains aspects de l’enquête qu’elle considérait comme incohérents.

Et d’un point de vue judiciaire ? 

Xavier Dupont de Ligonnès pourrait-il être innocenté par la prescription ? C’est en tout cas l’idée que développait l’ex-policier et romancier Romain Puértolas dans son livre Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès, paru en janvier 2024. “En 2031, il y aura prescription, car les délais sont de 20 ans pour les crimes. Dans six ans, il est innocent !", insistait-il dans un entretien à Femme Actuelle.

Une information démentie par Le Dauphiné libéré la même année qui explique que le délai de “20 ans” ne s’applique qu’au cadre général des crimes sur mineurs. Comme le précise le site service-public.fr, en cas d’infanticide ou d’assassinat, ce délai est en réalité de 30 ans. Or, l’enquête visant Xavier Dupont de Ligonnès porte précisément sur des faits d’assassinats, notamment ceux de ses propres enfants.

De plus, Xavier Dupont de Ligonnès fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, toujours actif depuis 2011. Ce mandat avait notamment conduit à l’annonce erronée de son arrestation à Glasgow en 2019, un événement qui a eu pour effet de relancer le délai de prescription. En droit, chaque acte judiciaire ou d’enquête (comme une perquisition ou une décision de justice) interrompt le délai de prescription, le faisant repartir de zéro. Ainsi, à chaque nouvel acte, l’échéance est repoussée. 

Le scénario selon lequel il pourrait échapper à la justice grâce à la prescription, est donc doublement improbable. L a seule situation dans laquelle Xavier Dupont de Ligonnès serait définitivement considéré comme innocent au regard de la justice, sans jamais avoir été jugé, serait son décès, puisqu’en droit pénal français, la mort d’un justiciable entraîne l’extinction immédiate des poursuites à son encontre.