Nord : le comptable « tout mou » a massacré son épouse avant de maquiller son crime Istock
Il n'avait rien, en apparence, d'un vil meurtrier. Pourtant, Michel Hamilière, un retraité du Nord, est soupçonné d'avoir tué sa femme Jocelyne et d'avoir caché son corps… aux Pays-Bas, avant de revenir sur le territoire français pour mettre en scène sa disparition et feindre la tristesse. Une histoire « exceptionnelle par son machiavélisme », selon le procureur de Dunkerque, Sébastien Piève. Et qui n'est pas sans rappeler d'autres dossiers emblématiques…
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Le mensonge de trop. Comme dans l’affaire Daval, Michel Hamilière a vraisemblablement revêtu le masque du veuf éploré, après la disparition de sa femme Jocelyne alors qu’il était lui-même à l’origine de sa mort.

Tout commence à Soxc, dans le Dunkerquois (Nord) en juin 2019, lorsque le retraité, âgé d’une soixantaine d’années, annonce à son entourage que sa femme, Jocelyne, 67 ans, vient de le quitter. La nouvelle ne surprend personne : accablé par les problèmes d’argent, leur couple battait de l’aile depuis plusieurs années. Surtout, précise Michel, Jocelyne vient d’apprendre qu’il lui était infidèle, depuis plusieurs années, avec une femme qui lui aurait même fait un enfant.

Dès lors, le retraité s’enferme dans sa solitude, et vit reclus dans le pavillon du couple, déserté par Jocelyne.

Mais en réalité, il utilise son temps consciencieusement, pour vendre des biens appartenant à sa femme. Il continue également de percevoir sa pension de retraite, comme si de rien n’était.

Le retraité rattrapé par la mort

Un an plus tard, Michel Hamilière meurt, seul chez lui, d’une mort naturelle. Son neveu se rend sur place, et constate avec surprise la présence, dans le pavillon, de tous les papiers de sa tante Jocelyne, intacts, ainsi que de son téléphone portable.

Il prévient les gendarmes. Et les enquêteurs s’aperçoivent vite que Jocelyne, qui est officiellement l’héritière des biens de Michel, est introuvable, comme disparue des radars, effacée de la carte…

Le parquet ordonne une enquête et le domicile du couple est perquisitionné. Les gendarmes y retrouvent, en effet les papiers d’identité de Jocelyne, et plus troublant encore, ils découvrent qu’il manque deux cartouches dans le fusil de Michel…

Mais le corps de la disparue, lui, demeure intraçable. Jusqu’à ce que les enquêteurs communiquent sur l’affaire avec… les services de police néerlandais.

Le mystère du cadavre inconnu au Pays-Bas

Car le téléphone portable de Michel Hamilière a borné, plusieurs fois, vers la Belgique, dans les jours qui ont précédé la « fuite » de son épouse.

Les gendarmes sollicitent la coopération européenne des services d’enquête. La police judiciaire hollandaise ne tarde pas à les approcher. Cela fait plus d’un an qu’elle essaie de résoudre le mystère du cadavre inconnu de Westdorpe, et la description pourrait bien correspondre à celle de Jocelyne.

Le 22 juin 2019, dans la localité située à 150 kilomètres de Dunkerque, un promeneur découvre, au pied d’une éolienne, le corps sans vie d’une femme, nue, les chevilles ligotées. Les enquêteurs diffusent un appel à témoin pour tenter de l’identifier, sans succès. Qui est l’inconnue suppliciée ?

Les analyses ADN seront sans appel : il s’agit bien de Jocelyne Hamilière. L’ADN de son époux est également retrouvé sur les liens qui lui entravaient les poignets et les chevilles, et la balle, extraite à l’arrière de son crâne, correspond au calibre du fusil retrouvé chez Michel.

Michel Hamilière : le profil déroutant du retraité

Pendant 13 mois, et jusqu’à son dernier souffle, Michel Hamilière a menti à tout le monde, cachant le pire des secrets.  L’homme aurait même monté de toute pièces les « preuves » de son supposé adultère, la raison pour laquelle sa femme l’aurait quitté.

Dans le village de Soxc, c’est la consternation. Michel est décrit comme un ancien comptable, sans histoires, même s’il n’avait « pas d’amis, pas de vie sociale », rapporte le maire, Alexandre Rommelaere, dans le Parisien.

« Parfois, on avait envie de le secouer, le tout mou de la compta. On ne le croyait pas assez dynamique pour ce genre de choses », a confié un ancien collègue au journal.

Les voisins, pour leur part, décrivent dans le quotidien un couple « renfermé », « un peu marteau », « toujours bien habillé, surtout madame très coquette avec ses talons ».

Les Hamilière auraient même plutôt mauvaise réputation, à en croire certains. « Ils faisaient des histoires pour n’importe quoi » souffle un voisin dans les colonnes du journal. Un autre renchérit :

« On a bien vu qu’elle n’était plus là, mais on s’en foutait… Elle était encore pire que lui, une teigne ! »

Reste que les deux retraités semblaient plutôt complices. En apparence, du moins.

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