Meurtre raciste dans le Var : les vidéos glaçantes de Christophe B. avant son passage à l’acte

Publié par Alice Ernult
le 6/06/2025
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3 minutes
a defocused police car sits behind crime scene tape with flashing lights at night
Quelques heures avant d’ouvrir le feu sur son voisin Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens, Christophe B. publiait une série de vidéos aux relents racistes sur les réseaux sociaux. Des images accablantes qui ont conduit le parquet national antiterroriste à se saisir de l’affaire. Le point.

Samedi 31 mars, à Puget-sur-Argens (Var), Hichem Miraoui, un tunisien de 45 ans, a été tué de cinq balles alors qu’il rentrait chez lui. Son voisin, Christophe B., 53 ans, a été rapidement interpellé. Après quatre jours de garde à vue et le transfert de l’enquête du parquet de Draguignan vers le parquet national antiterroriste (Pnat), ce dernier a ouvert une information judiciaire jeudi. En fin de journée ce jeudi, Christophe B. a été mis en examen pour assassinat à caractère terroriste et tentative, motivés par l’origine de la victime, selon le Pnat.

Alors qu’il reconnaît le crime mais conteste le caractère raciste, Christophe B. avait pourtant publié cinq vidéos sur son compte Facebook, quelques heures avant et après les faits. Dans l’une d’elles, l’homme déclare, visiblement ivre : “Vous allez voir, ce soir on fait un carton. Ce soir, je vais mourir. Moi, il n'y a pas d’allégeance à Al-Qaïda. Moi, c’est l’allégeance au bleu, blanc, rouge.” Le ton est donné. 

Dans une autre, enregistrée après le meurtre, Christophe B. semble perdre pied : “J'arrête de salir mon âme. Je ne sais pas ce que je viens de faire. Tous les jours, on vous traite de raciste. Voilà, j'ai pété un plomb envers des voisins de merde, envers toute la racaille, toute la saloperie." 

Un crime nourri par la haine

Les proches de la victime ont confié que Hichem se sentait menacé depuis plusieurs semaines. Des insultes régulières, des graffitis sur son scooter, et des agressions verbales à répétition : “À chaque fois que ça sentait la nourriture, il l'insultait dans le couloir”, raconte une voisine. Hichem avait même confié à ses proches son intention de déménager, tant le climat était devenu insoutenable.

Le jour du drame, il était au téléphone avec sa sœur. Elle a entendu les tirs en direct. “Il était content. Il n'avait qu'une envie, c'était de voir sa maman au plus vite. La ligne a été coupée. Le téléphone est tombé et plus de nouvelles jusqu'au lendemain", a-t-elle expliqué au micro du JT de TF1.

Outre Hichem Miraoui, le tireur a visé un autre appartement et blessé un homme d’origine turque à la main. Dix-neuf impacts de balles ont été relevés. L’attaque visait clairement des personnes perçues par Christophe B. comme “étrangères”.

“Il reconnaît la matérialité des faits”

Si le suspect reconnaît les faits, il continue à contester toute motivation raciste ou terroriste. Son avocat, Me Reda Ghilaci, insiste sur l’absence d’organisation structurée et juge les qualifications retenues “contestables en droit”.

Le parquet antiterroriste (Pnat), qui s’est saisi de l’affaire, note au contraire une volonté de semer la terreur. Selon lui, Christophe B. a "voulu troubler l’ordre public par la terreur", à travers un acte inspiré par la haine raciale et les théories complotistes d’extrême droite qu’il relayait régulièrement en ligne. Une expertise psychiatrique n’a décelé aucune pathologie mentale. 

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