Fourniret, Guy Georges, Francis Heaulme… A quoi ressemblait vraiment l’enfance des tueurs en série ?

Publié par Eléonore Bounhiol
le 03/05/2023
young asian boy, scared and alone hoping for a better future than the one that seems set he is at high risk of being physically, mentally and emotionally abused and also trafficked
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Michel Fourniret, Guy Georges, Emile Louis…. Ils font partie des pires tueurs en série que l’Hexagone ait jamais connu. L’origine de leurs crimes est-elle à chercher dans leur enfance ? Pas forcément. Si certains ont connu des premières années troubles, d’autres ont joui, à l’inverse, d’une éducation tout ce qu’il y a de plus normale. Plongée dans le quotidien de ces serial killers lorsqu’ils n’étaient que d’« innocents » bambins.

Les tueurs en série sont-ils « programmés » pour le crime dès l’enfance ? C’est la thèse de certains criminologues, qui arguent que grandir dans la violence, ou dans des circonstances troubles, peut influer sur le comportement psychique des individus, souvent, pour le pire…

Parents absents ou maltraitants, drogue, violence et misère sociale… Dans le passé des pires criminels, on retrouve souvent les mêmes ingrédients. Et ça n ‘est pas un hasard.

Troubles psychiatriques, psychopathie : des liens avec l’enfance ?

Au XXème siècle, le psychiatre Britannique John Bowlby développe même une doctrine dans ce sens : la théorie de l’attachement. Selon lui, les jeunes ayant des comportements asociaux, délinquants, violents voire criminels, auraient tous une carence affective. « C’est-à-dire qu’ils n’ont pas été écoutés, compris et soutenus », explique Yvane Wiart, chercheure au Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie de l’université Paris- Descartes, au magazine Ca m’intéresse.

Ainsi, il n’est pas étonnant de voir que de nombreux tueurs en série ont été élevés par la DDASS, ce qui explique, par ailleurs, pourquoi leur nom de famille est souvent un prénom.

Le constat est similaire pour le Dr. Alexandre Barrata, qui nous expliquait que le trouble psychopathique peut naître, chez un individu, à la suite d’une enfance particulièrement difficile.

« Il y a notamment une grosse part éducative. Des foyers violents ou maltraitants, des parents absents ou en proie à des addictions, par exemple, peuvent alimenter le trouble, qui peut apparaître très tôt, à partir de 12-13 ans ».

Mais à l’inverse, certains tueurs ont eu une enfance, voire même, une vie, des plus normales. Comment expliquer, dès lors, leur dérive macabre ?

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Michel Fourniret, Nordahl Lelandais, Francis Heaulme… Dans notre diaporama, découvrez les récits de l’enfance des pires tueurs de l’Hexagone.

Michel Fourniret, la mère comme bourrelle

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opening of michel fourniret's trial - charleville-mezieres
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« L’ogre des Ardennes » est né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes). Sa mère, fille de paysan, aurait été une femme autoritaire. Son père, un ouvrier métallurgiste, était plutôt du genre absent, avec un penchant pour l’alcool. Michel Fourniret a un frère et une sœur, tous deux plus âgés que lui.

Le tueur s’épanche peu sur son enfance, mais on doute qu’elle fût vraiment heureuse. Il aurait par ailleurs été victime d’inceste, par sa mère, à l’âge de 4 ou 5 ans… Du moins, c’est ce qu’il racontera plus tard à sa femme, Monique Olivier.

Guy Georges, des pulsions précoces

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Guy Georges, l’effroyable « tueur de l’Est parisien » nait Guy Rampillon le 15 octobre 1962 à Vitry-le-François (Marne), d’une liaison entre un soldat américain et une jeune femme originaire d’Angers. Il est abandonné à l’âge de 6 ans, et balloté de foyer en foyer. Dans sa famille d’accueil, il grandit au milieu de 13 enfants, dans un climat raciste. Le jeune garçon aura, dès lors, du mal à accepter sa couleur de peau.

Très vite, il montre des signes de violence. A l’âge de 14 ans, il tente d’étrangler l’une de sœurs adoptives. Il est ensuite envoyé dans un foyer pour jeunes en difficulté. C’est l’escalade. De ses 17 à ses 19 ans, il agresse plusieurs femmes, en proie à ce qu’il qualifie de « pulsions ». Il est condamné à un an de prison ferme, et ressort, en février 1981, sans qu’aucun suivi ne lui soit accordé.

Dans les années 1990, Guy Georges perpètre 7 meurtres d’une rare violence dans les quartiers Est de Paris. Il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Francis Heaulme, la misère et la violence

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Francis Heaulme est né le 25 février 1959 à Metz. Le « routard du crime », avant de devenir un tueur en série, était un enfant pour le moins… malheureux.

Son père, Marcel Heaulme, est un homme rustre, violent et porté sur la bouteille. Il frappe sa femme et maltraite son fils. La mère de Francis, Nicole, est son seul refuge, et il l’idolâtre. Le petit garçon s’entend également à merveille avec sa jeune sœur, Christine, qui a six ans de moins que lui.

Dans la cour de récré, on se moque de « Francis le chat », car il doit parfois se nourrir de pâtée pour animaux, la seule nourriture que son père a bien voulu lui accorder. Le patriarche l’enferme aussi régulièrement dans la cave de leur pavillon, où il le roue de coups.

Francis Heaulme est par ailleurs atteint d’une maladie, le syndrome de Klinefelter : ses organes génitaux sont de très petite taille, et sa pilosité ne se développe pas.

Dès l’adolescence, il se réfugie dans l’alcool, et la violence. Il se taillade la peau avec des tessons de bouteille, et torture des animaux.

Emile Louis, un enfant de la DDASS

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Si les crimes atroces d’Emile Louis, le « boucher de l’Yonne » condamné pour de nombreux viols et meurtres de jeunes filles, son particulièrement violents, son enfance n’est pas en reste.

Né en janvier 1934 à Auxerre, le tueur est abandonné par sa génitrice quelques jours après l’accouchement, et pris en charge par la DDASS. Une famille finit par l’accueillir. Mais dans cette nouvelle maison, le bonheur n’est pas encore au rendez-vous. La mère serait autoritaire, froide et violente.

A l’adolescence, Emile Louis effectue un premier séjour dans un centre pour jeunes délinquants. Sur place, il aurait été victime d’un viol.

Henri Désiré Landru, l’enfance « parfaite »

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Landru, surnommé « le Barbe Bleue de Gambais » et condamné à la guillotine pour 11 meurtres en 1921, nait en 1868 dans le quartier de Belleville, à Paris. Son père est chauffeur, et sa mère, couturière et blanchisseuse à domicile. Ils ont également une fille, la sœur aînée d’Henri Désiré Landru, Florentine Marguerite.

La famille vit modestement, mais l’enfance de Landru est heureuse. Le petit garçon est bon élève, et il officie comme enfant de chœur à l’église. Il se dirigera, plus tard, vers des études d’architecture, mais échouera.  

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Pierre Bodein : le tueur avait 15 frères et sœurs

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Pierre Bodein, surnommé « Pierrot le Fou », et condamné à la perpétuité réelle pour 3 meurtres de jeunes femmes et plusieurs viols, est né en décembre 1947, à Obernai, une petite ville vosgienne dans le Bas-Rhin.

Il fait partie d’une famille de vanniers, des gens du voyage sédentarisés. Sa mère est femme au foyer, son père, maçon, et ils vivent modestement avec leurs seize enfants. Pierre est le onzième.

Pierre Bodein grandit dans ce climat particulier et aurait développé des troubles mentaux – dont on ignore toutefois s’ils étaient réels, ou simulés. De ses 14 à ses 19 ans, il travaille comme manœuvre. Ensuite, il passera l’essentiel de sa vie en prison, condamné d’abord pour des vols, puis pour des viols, et enfin, pour trois meurtres.

Nordahl Lelandais : victime d’attouchements pendant l’enfance ?

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nordahl lelandais trial for the murder of arthur noyer - chambery
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« Double altération affective : un père défaillant et absent, une mère qui le déifiait » : c’est ainsi que les psychiatres ont décrit l’enfance de Nordahl Lelandais, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys, 9 ans.

Nordahl nait en février 1983 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Ses parents, Jean-Pierre et Christiane, lui donnent un prénom scandinave, comme son aîné, Sven. La famille déménage en Savoie peu de temps après sa naissance.

Il grandit en admirant son père, qui, pourtant, ne lui accorde pas vraiment d’attention. En revanche, sa mère le couvre de compliments, le trouve exceptionnel et même « surdoué ».

Sur les bancs de l’école, il aurait raconté plusieurs bobards, se vantant de tout et de rien. Sa scolarité est désastreuse, et ses parents décident de l’envoyer dans un internat : mais quelques mois plus tard, ils apprennent que certains pensionnaires y auraient subi des attouchements. Nordahl n’en parlera jamais, mais il traversera, dès lors, une période « sombre », présentant plusieurs signes de stress post-traumatique, notamment des crises de larmes à répétition.

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