9 histoires de « sorcières » célèbres à travers l’histoire

Publié par Eléonore Bounhiol
le 03/05/2023
witch burning burning a witch effigy is a danish midsummer tradition
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Chasse aux sorcières, sortilèges et vol sur des balais… La plupart de nos croyances populaires sur le mythe de la « sorcière » ne sortent pas de nulle part. Plongez dans l’histoire de l’occulte avec le portrait de ces 9 sorcières les plus célèbres à travers l’histoire.

Sorcière, sybille, nécromancienne, magicienne… Depuis la nuit des temps, l’image de la « sorcière captive, et effraie aussi. Ce qui est sûr, c’est que son imaginaire n’a rien à voir avec son penchant masculin, le sorcier.

Le mot « sorcière » viendrait du latin « sortiarius », qui signifie « diseur de sort ». Dès l’Antiquité, divers mythes et légendes parlent de magiciennes et d’enchanteresses, comme la nymphe Circé, qui, isolée par les Dieux sur une île, se met à transformer les humains de passage en porcs.

Au Moyen-Age, la sorcière, c’est-à-dire toute femme jugée suspecte, devient l’ennemi public numéro 1. La plupart sont lynchées, d’autres emprisonnées, torturées, et envoyées au bûcher. Des intellectuels mettent en garde contre leurs « pouvoirs maléfiques » : séductrices, sataniques, maîtresses dans l’art de de la magie noire, cannibales…

Souvent associées au mal, voire, au Diable en personne, les sorcières font peur. Et cette panique donne lieu à plusieurs chasses aux sorcières « civiles », très violentes, jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Des milliers de femmes périssent, pourchassées, torturées et tuées.

Culte de Satan et messes noires

En France, des exécutions sauvages se poursuivent même au XIXème siècle : en 1826, une femme accusée de sorcellerie est brûlée par des paysans dans un village de Haute-Garonne, et une autre est jetée dans un four en 1858 dans les Hautes-Pyrénées.

Mais en réalité, l’histoire montre que ces magiciennes ne sont souvent que des femmes « ordinaires », des sages-femmes ou des guérisseuses, qui pratiquent l’homéopathie et qui, pour certaines, possèdent des dons que personne n’est en mesure d’expliquer. On est loin du culte de Satan et des messes noires auxquelles on les associe alors.

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Bien plus tard, la sorcière est réhabilitée par plusieurs ouvrages historiques, et elle s’impose dans la culture populaire, à travers des œuvres devenues cultes comme le film Le Magicien d’Oz, les séries Ma Sorcière Bien Aimée, Charmed, ou encore la saga Harry Potter.

Mais au-delà de ces fantasmes, la femme qui pratique la magie véhicule surtout l’image même du pouvoir et de l’émancipation féminine, et c’est peut-être ça qui terrifie vraiment. Il est alors plus facile, pour les pouvoirs établis, d’en faire le bouc émissaire de toute la société, de sorte à ce qu’elle en devienne moins menaçante.

Aujourd’hui, la sorcellerie fait d’ailleurs partie du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Dans le Berry, principal foyer de la sorcellerie française, la pratique est reconnue comme un véritable héritage culturel.

Rites, inquisition et étranges pouvoirs… Voici 9 portraits de sorcières fascinantes qui ont marqué l’histoire.

Marie Navart (1656)

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strange herbal workshop with dried flowers and herbs in wooden cottage
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Dans la commune de Templeuve-en-Pévèle (Nord), Marie Navart, fille de médecin, grandit en s’intéressant aux plantes et à leurs vertus.

Mais lorsqu’elle vient aider sa belle-sœur à accoucher et que l’enfant meurt-né, on l’accuse de sorcellerie. Elle aurait jeté un sort au bébé, en recouvrant avec sa jupe le visage de la maman pendant le travail. Son beau-frère raconte qu’il aurait lui aussi été ensorcelée par un morceau de pain, et d’autres villageois se plaignent aussi : Marie leur a donné une pomme empoisonnée.

La jeune femme décide de prendre la fuite pour sauver sa peau : elle ne sait que trop bien le sort qui est réservé aux sorcières à l’époque.

Mais elle est rattrapée le 10 novembre 1656. Pour prouver qu’elle est bien une sorcière, il fallait que son sang ne coule pas. Un chirurgien fait le test : il lui plante une aiguille dans l’épaule, un liquide jaune s’échappe (probablement le liquide céphalo-rachidien dans lequel baigne la moelle épinière).

Elle subit ensuite la torture des Brodequins, qui va lui broyer les jambes et sous laquelle elle finira par avouer. Marie Navart sera brûlée vive.

En 2015, une école de Templeuve a été baptisée en hommage à l’illustre « sorcière », victime, selon les historiens, de la jalousie de sa belle-famille.

Les sorcières de Triora (1587 – 1588)

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triora, italy - october 31, 2015  medieval stone lintel engraved with the initials of the house owner
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Au XVIème siècle, dans le nord de Ligurie, en Italie, une terrible famine sévit. En réalité, elle est le fait des deux riches familles qui contrôlent la région, mais certains villageois, très superstitieux, sont eux persuadés que leur misère est à imputer à des sorcières. La rumeur enfle, à tel point qu’un inquisiteur est mandaté par les notables la région pour mener l’enquête.

Il interroge près de 200 femmes et enfants de la région, sous la torture. Une femme de 65 ans décède pendant l’interrogatoire, une autre se jette par la fenêtre. Au total, treize femmes et un garçonnet sont emprisonnés dans l’attente d’un procès. La plupart sont des herboristes et des guérisseuses.

Mais à cause de diverses malversations, les inquisiteurs décident finalement de suspendre l’affaire. Les quelques survivantes disparaissent, ou s’installent dans d’autres régions. Dame Franchetta, libérée et assignée à résidence, décide de s’enfuir. Mais elle revient, quelques temps plus tard, et subit la torture, à nouveau. Mais elle n’avoue rien, et elle est acquittée.

Les sorcières de North Berwick

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rain and bass rock reflections in water bass rock colony of gannets north berwick scotland
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En 1590, le roi Jacques VI d’Ecosse et la princesse Anne du Danemark rentrent de Copenhague, tout juste mariés, lorsque leur bateau est pris dans plusieurs tempêtes très violentes.

Ils trouvent refuge en Norvège pendant plusieurs semaines. Sur place, l’amiral de la flotte danoise accuse alors la femme d’un conseiller d’avoir jeté un sort au navire, et d’avoir provoqué la tempête.

C’est le début d’une véritable chasse aux sorcières, la première de l’histoire écossaise. Des centaines de « sorcières » sont arrêtées à North Berwick, une ville côtière de l’Ecosse. Sous la torture, de nombreuses femmes avouent avoir scellé un pacte avec le Diable dans une église, lors d’une « messe noire » nocturne, pour nuire au roi et faire sombrer son bateau.

L’une d’entre elles, Agnes Sampson, sage-femme et guérisseuse, est traduite devant le roi. Elle est attachée au mur de sa cellule avec la « bride des sorcières », un instrument en fer doté de quatre dents pointues et placé dans la bouche, empêchant tout mouvement et toute parole, et elle est torturée durant de longues heures par plusieurs nobles.

Agnes finit par avouer les 53 chefs d’accusations dont ont l’accuse. Elle est étranglée et brûlée.

Dans cette affaire, pas moins de 2000 « sorcières » auraient été jugées, la plupart entre 1620 et 1680. Des centaines sont décédées.

La mère Shipton

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Ursula Southeil, mieux connue sous le nom de « mère Shipton », était une sorcière clairvoyante née en 1488 et qui a exercé ces dons dans l’Angleterre du Moyen Age.

Elle avait la réputation d’être particulièrement hideuse, ce qui poussait certains à la soupçonner d’être nulle autre que la propre fille de Satan.

Au cours de sa vie, Ursula Southeil va prédire plusieurs évènements avec une grande justesse : la Grande peste de Londres et le Grand incendie de Londres, mais aussi l’exécution de la reine d’Ecosse Mary Stuart.

Sans qu’on ne sache trop comment, elle échappe toutefois aux procès et aux inquisitions, et gagne sa vie grâce à ces dons de voyance. Elle meurt naturellement. Aujourd’hui, c’est une figure célèbre du folklore local.

Marguerite Tiste

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En 1671, à Mons (Pays-Bas Espagnols), la jeune Marguerite, 16 ans, raconte à une amie qu’elle serait une sorcière. Il n’en faut pas plus pour l’inculper. Son procès est suivi par la ville toute entière.

Terrorisée à l’idée d’être torturée, Marguerite Tiste avoue tout ce dont on l’accuse, et raconte avec force détails d’où lui viendrait son « don ». Selon l’avocat général, « la prisonnière ayant confessé d’avoir esté aux danses, menée et portée en air, s’estant donnée au diable, en accointance charnelle avec luy et d’avoir ensorcelé une femme et quatre enfans, doit estre tenue pour sorcière et mérite de perdre la vie par le feu ». Il requiert la mort par une saignée du pied en l’eau « en raison de son jeune âge ».

Finalement, Marguerite sera condamnée à mourir étranglée puis brûlée sur la place du marché. La sentence sera exécutée dans la foulée.  

En 2014, quelques habitants de Mons, devenue Belge, ont fait circuler une pétition pour réhabiliter Marguerite Tiste.

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Les sorcières de Pendle

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C’est la plus célèbre affaire de sorcellerie en Angleterre.

Au début du XVIIème siècle, à Pendle, dans le Lancashire, on soupçonne qu’une assemblée de sorcières sévit dans l’ombre. Car sur place, la levure refuse de fermenter, le beurre de se faire, et les hommes meurent d’étranges maladies.

On soupçonne immédiatement les grandes familles de « soigneurs » de Pendle, qui sont d’ailleurs rivales : les Demdike et les Chattox. Certains assurent même que certains membres de ces fratries seraient marqués par le Diable, et des villageois racontent avoir été ensorcelés, et témoins de curieuses apparitions.

En 1612, onze personnes des familles Demdike et Chattox sont finalement renvoyés devant la justice. Au total, on les accuse d’avoir assassiné par sorcellerie 10 personnes.

Les « sorcières de Pendle » sont jugées au cours d’un procès historique, aux côté des sorcières de Samlesbury accusées d'infanticide et de cannibalisme, ainsi que de Margaret Pearson, surnommée la sorcière de Padiham, accusée d’tué un cheval, et Isobel Robey du Merseyside, accusée d'avoir rendu de nombreuses personnes malades.

Neuf des dix sorcières de Pendle seront condamnées à mort et pendues.

La Voisin

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C’est peut-être l’une des pires tueuses en série de l’histoire de France…

En 1679, l’affaire des Poisons éclate à la cour du Roi Soleil.

Catherine Deshayes, la veuve du bijoutier Montvoisin, dite « La Voisin » est rapidement mise en cause : chiromancienne bien connue des dames nobles, elle leur aurait fourni du poison en grande quantité via un impressionnant réseau d’empoisonneurs, afin que ces dernières puissent tuer leurs maris.

On soupçonne aussi « La Voisin » de participer à de terribles « messes noires », impliquant notamment la célèbre Mme de Montespan, la maîtresse du Roi, et dans lesquelles des nourrissons étaient sacrifiés, dans le seul but que la Montespan regagne les faveurs du monarque.

Lors de ses interrogatoires, la sorcière raconte qu'elle a « brûlé dans le four, ou enterré dans son jardin, les corps de plus de 2 500 enfants nés avant terme ».

En 1680, La Voisin est jugée avec 36 complices, et brûlée vive sur la place de Grève, à Paris, le 22 février 1680. Protégée par le roi, Mme de Montespan ne fut jamais inquiétée.

 

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