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- 1 - Alexandre Despallières, « un mythomane qui s’inventait des vies »
- 2 - Gigolo, empoisonneur : le côté sombre du dandy
- 3 - Alexandre Despallières, un tueur en série ?
- 4 - Les autres morts suspectes qui gravitent autour d’Alexandre Despallières
- 5 - « Il a vendu son âme au diable » : pourquoi Alexandre Despallières ne sera jamais jugé
Le visage d’un acteur hollywoodien. Le cerveau d’un manipulateur hors-pair. C’est ainsi que beaucoup de ceux qui ont croisé la route d’Alexandre Despallières s’appliquent à le décrire.
Tout au long de sa vie, ce garçon attiré par les paillettes a cherché à « en être », et à devenir, à son tour, un richissime VIP… Jusqu’au point de non-retour. En 2008, il est soupçonné du meurtre de Peter Ikin, son richissime compagnon, qui lui aurait légué, comme par magie, toute sa fortune.
Au départ, rien ne prédestinait pourtant Alexandre à faire les gros titres, ni pour ses escroqueries, ni pour sa fortune, ni pour l’assassinat de son amant.
Né en 1968 à Argenteuil (Val-d’Oise), il grandit entouré de ses trois frères, à Bois-Colombes. A 16 ans, il apprend qu’il est séropositif. Qu’importe, il se rêve au sommet, et veut qu’on l’adule : trois ans plus tard, il enregistre un single, « L’amour à mort ». C’est un bide, mais il récidive peu de temps après, avec « D’une manière ou d’une autre ». Il passe à l’occasion dans l’émission de variété de Pascal Sevran, La Chance aux chansons. Mais personne, là non plus, ne le remarque vraiment.
A la fin des années 1980, il fait une rencontre qui va tout changer et lui ouvrir, enfin, les portes du monde qu’il fantasme depuis toujours.
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A l’époque, Alexandre est âgé d’une vingtaine d’années. Il se retrouve à San Francisco, pour assister à un congrès de la maison de disques Warner. C’est là qu’il croise la route de Peter Ikin, producteur, entre autres, d’Elton John et de Madonna, de 8 ans son aîné. Alexandre Despallières lui fait du charme, et le magnat ne résiste pas à son joli minois. Mais la relation ne dure pas : Peter est trop occupé.
Alexandre Despallières, « un mythomane qui s’inventait des vies »
Alexandre décide alors de poursuivre sa route et sa recherche de gloire, dans d’autres bras. Dans les dîners mondains, il se fait passer pour le fils caché d’Elizabeth Taylor ou pour un célèbre chanteur suédois. Il fréquente les stars et n’hésite pas à se prostituer pour assumer son train de vie dispendieux.
« Toutes les personnes qui l'ont rencontré, à différentes périodes et dans des lieux différents, disent la même chose : c'est un mythomane, qui s'invente des vies et des maladies », explique Me Manon Grégoire, avocate du neveu de Peter Ikin, sur BFMTV.
En 2008, Alexandre Despallières, à la recherche d’une nouvelle « proie », se met à repenser à Peter Ikin. Vingt ans après leur rencontre, il décide de se rendre à Sydney, où réside le millionnaire, désormais à la retraite. Là, il lui fait croire qu’il est à son tour devenu très fortuné, et désormais à la tête d’une société numérique estimée à plusieurs milliards d’euros. C’est le succès de Peter qui l’a inspiré durant toutes ces années, confie même Alexandre à son ancien amant.
Peter Ikin tombe à nouveau sous son charme. C’est le début d’une véritable descente aux enfers.
Gigolo, empoisonneur : le côté sombre du dandy
Quelques jours après leurs retrouvailles amoureuses, Alexandre Despallières lâche une bombe : il est atteint d’une tumeur au cerveau, mortelle. Il n’en pas plus pour très longtemps. « Il lui dit qu'il l'aime depuis 20 ans, qu'il veut en faire son héritier pour ne pas que sa fortune tombe entre les mains de ses frères », poursuit Me Grégoire chez BFM.
Le 10 octobre 2008, Peter et Alexandre signent un « civil partnership » à Londres, l’équivalent du Pacs français.
Le 12 novembre 2008, Peter Ikin est retrouvé sans vie dans la chambre d’un hôtel du quartier de Montparnasse, à Paris. Il a succombé à une insuffisance cardiaque, selon les premiers rapports des médecins. Alexandre joue les veufs éplorés. Peter est incinéré quelques jours plus tard, dans une ambiance qui choque ses plus proches amis.
Ses dernières volontés (il voulait notamment qu’un morceau d’Elton John soit joué pendant la cérémonie) ont vraisemblablement été ignorées par son amant.
« La cérémonie en elle-même était un adieu minable, expédié́ et scandaleusement inapproprié́ pour un homme merveilleux, aimé de tant de personnes. Elle a été organisée dans un délai si court, dans des circonstances que Peter Ikin n’aurait jamais souhaitées, que tout ça m’a écœuré́ », témoignera Simon Burke, acteur et ami du producteur.
Dans les mois qui suivent, Alexandre se gâte avec l’argent hérité de Peter : il achète trois voitures de luxe, loue un château et se déplace en hélicoptère.
Dès lors, les soupçons ne tardent pas à se former parmi les proches du défunt.
Alexandre Despallières, un tueur en série ?
John Reid, un ami de Peter, se met à enquêter sur le passé du « bel Alexandre ». Il découvre que les appartements qu’il prétend posséder, de sublimes penthouses en plein Manhattan, ne lui appartiennent en aucun cas. Et que son entreprise dans le numérique est entièrement fictive. Quant à son état de santé, rien ne vient étayer qu’Alexandre Despallières souffrait bel et bien d’une tumeur incurable.
L’ancien mannequin Petra Campbell, proche de Peter et ancienne compagne du frère d’Alexandre, se fend d’une lettre au procureur, dans laquelle elle insiste : son ancien beau-frère pourrait bien être un « tueur en série ».
Le parquet décide de rouvrir l’enquête, et des analyses toxicologiques sont pratiquées sur des échantillons de cheveux et de sang du défunt, prélevés avant son incinération.
Le rapport jette un pavé dans la mare : les restes de Peter contiennent des traces à haute dose de huit substances, parmi lesquelles du Valium et du paracétamol.
Les enquêteurs en viennent même à soupçonner Alexandre d’avoir forgé de toutes pièces un faux testament attribué à Peter et lui léguant toute sa fortune. Un document qu’il aurait produit avec l’aide de deux complices, Jérémy B., et Vincent B., qui sont aussi deux anciens amants d’Alexandre Despallières.
En juin 2010, Despallières est finalement mis en examen pour « assassinat ». Défendu, entre autres, par Éric Dupont-Moretti, il est libéré dans l’attente de son procès.
En 2019, alors que l’enquête s’enlise, c’est le coup de théâtre : une mise en accusation de 42 pages est transmise au Tribunal de grande instance de Paris. Le document accuse non seulement Despallières de l’assassinat de Peter Ikin, mais aussi, de quatre autres empoisonnements létaux.
Les autres morts suspectes qui gravitent autour d’Alexandre Despallières
Selon plusieurs témoins, le gigolo ne serait en effet pas étranger à la mort de plusieurs membres de sa propre famille.
En 2001, puis en 2002, ses deux parents ainsi que ses deux grands-mères succombent à des overdoses médicamenteuses. Alexandre touche, à chaque fois, un héritage confortable.
Et ça n’est pas tout.
Les enquêteurs déterrent d'abord une première plainte pour empoisonnement à l’encontre du dandy, qui remonte à l’année 1993. A l’époque, elle a été classée sans suite.
Puis, Marcelle Becker, une veuve fortunée, ne tarde pas à déclarer avoir été elle aussi victime du gigolo : en 2002, alors qu’Alexandre vivait chez elle, elle avait décidé de l’adopter. Quelques jours après la signature des documents, elle a été hospitalisée, victime d’un empoisonnement.
Un autre décès intrigue : en 1993, Alexandre Despallières entame une relation avec l’avocat pénaliste Olivier Metzner. Quelques jours avant la mort de Peter Ikin, c’est d’ailleurs chez lui que créchait le suspect, selon la journaliste Sophie Bonnet, qui a enquêté sur l’affaire. En 2013, Olivier Metzner se donne la mort. Pour Sophie Bonnet, il aurait été poussé au suicide par son ancien amant, qui le faisait chanter.
« Il a vendu son âme au diable » : pourquoi Alexandre Despallières ne sera jamais jugé
Sur BFM, elle décrit Despallières, qu’elle a elle-même rencontré, comme un personnage « machiavélique, extraordinairement noir, qui a vendu son âme au diable ».
Mais voilà : le 26 janvier 2022, Alexandre Despallières décède, à Paris. Atteint du Covid-19, il avait cessé de prendre son traitement contre le VIH, selon ses proches.
Le procès de l’assassinat de Peter Ikin s’ouvre donc sans lui, quelques mois plus tard, le 7 juin 2022. Au terme des débats, les deux complices du défunt sont condamnés à 24 mois de prison, dont 18 mois avec sursis et 12 mois avec sursis, pour avoir fabriqué le faux testament.
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