Disparition d’Émile : retour sur les premières 72 heures du drame

Depuis le 8 juillet 2023, la disparition du petit Émile, 2 ans et demi, dans le hameau du Haut-Vernet, reste l’un des mystères les plus poignants de ces dernières années. Pour comprendre les premières heures de cette affaire hors norme, nos confrères et consœurs de La Provence proposent un podcast immersif, riche en témoignages de journalistes, d’enquêteurs et d’habitants ayant participé aux recherches. Une plongée au cœur d’un huis clos étouffant, racontée avec précision et humanité. L'occasion de se replonger dans les 72 premières heures suite à l'annonce de la disparition du petit garçon.
Samedi 8 juillet 2023, 18h12 : L’alerte est donnée
Le téléphone de la gendarmerie de Digne-les-Bains sonne. À l’autre bout du fil, Anne Vedovini, la grand-mère d’Émile, signale la disparition de son petit-fils de deux ans et demi, dans le hameau du Haut-Vernet, perché dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est le début d’une affaire qui va bouleverser toute la région. La veille, la mère d’Émile avait confié son fils à ses parents pour quelques jours. Les gendarmes doivent agir vite, sans submerger la famille de questions. Chaque minute compte. Un dispositif se met en place dans l’urgence.
Samedi, 18h40 : Premiers gendarmes sur place
Les premiers enquêteurs arrivent rapidement sur les lieux. Un périmètre de recherches est défini. On sait qu’un enfant de cet âge peut parcourir plusieurs kilomètres sans se rendre compte du danger. Il faut donc voir large. Un important dispositif est déployé : gendarmes, sapeurs-pompiers, chiens spécialisés, hélicoptère, drones… Les habitants, eux aussi, se mobilisent massivement pour prêter main forte. Les premières recherches s’orientent logiquement vers les zones descendantes, en contrebas du hameau. Très vite, un premier indice : l’un des chiens de recherche marque au niveau du lavoir. Mais aucune trace visible de l’enfant.
Samedi, 21h : La nuit tombe, les recherches se poursuivent
Malgré l’obscurité, les investigations continuent. Pas de répit pour les secours. L’espoir reste intact : retrouver Émile sain et sauf avant que la nuit n’aggrave la situation.
Dimanche 9 juillet, 6h : Toujours aucune trace
À l’aube, les secours reprennent leurs efforts. La mobilisation s’intensifie : des centaines de volontaires affluent pour participer aux fouilles. L’élan de solidarité est à la hauteur de l’angoisse croissante. Deux habitants du hameau apportent un témoignage important : ils affirment avoir vu Émile, seul, une heure avant l’appel à la gendarmerie. “Je l’ai vu descendre vers le lavoir”, confiera l’un d’eux à BFM. Le parquet de Digne-les-Bains lance un appel à témoins pour recueillir tout élément susceptible de faire avancer l’enquête.
Lundi 10 juillet, 6h : Les questions s’accumulent
Le temps joue contre les enquêteurs. La chaleur diurne alterne avec des nuits fraîches, nourrissant les craintes pour la survie du petit garçon. À mesure que les recherches restent infructueuses, de nouvelles hypothèses émergent, y compris les plus inquiétantes : chute accidentelle, enlèvement, attaque animale…
Lundi, 18h : Fin des battues citoyennes
Après 48 heures de mobilisation intense, les autorités décident de recentrer les moyens. Les fouilles de masse laissent place à des recherches plus ciblées et techniques. 800 personnes se sont relayées sans relâche, en vain. Le mystère demeure total.
Mardi 11 juillet : Le hameau bouclé, fouilles intensives
L'accès au Haut-Vernet est désormais interdit, pour permettre des investigations sans interférences. Durant trois jours, les enquêteurs scrutent minutieusement les 97 hectares entourant le hameau. Malgré l’ampleur du dispositif, rien de concluant n’est découvert. La thèse d’un simple égarement s’effrite. Plus le temps passe, plus le scénario d’un accident semble improbable. L’affaire prend alors une toute autre tournure.
Ces premières heures d’enquête, marquées par l’urgence et la mobilisation massive, n’avaient permis ni de localiser Émile ni de comprendre ce qui s’était passé. Il aura fallu attendre près de neuf mois pour qu’une avancée décisive survienne : le 1er avril 2024, une randonneuse découvre près du hameau du Haut-Vernet un crâne d’enfant ainsi que des vêtements. Les analyses confirmeront qu’il s’agit bien du petit Émile. Une découverte tragique, qui relance les interrogations sur les circonstances exactes de sa mort, et laisse encore aujourd’hui une part d’ombre dans ce drame.