Epargne : comment compléter ma retraite si je n’ai pas anticipé ?IllustrationIstock
INTERVIEW. Certes, l'épargne retraite ne se constitue pas au dernier moment et se prépare, dans l'idéal, sur du très long terme. Quelles sont toutefois les opportunités qui s'offrent à vous pour vous assurer un complément ? Devez-vous chambouler votre épargne afin de conserver votre train de vie ? Florence Legros, économiste et directrice générale d'ICN Business School dévoile quelques pistes.
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Le constat est indéniable : une fois la retraite venue, les revenus diminuent. Le taux de remplacement qui varie en fonction de l’âge de départ à la retraite et du niveau de revenus cache d’ailleurs d’importantes disparités, note Moneyvox.  Il se situe en effet entre 50 et 70%.

Les Français semblent l’avoir bien compris. Le débat sur la réforme des retraites les pousse aussi à diversifier leurs placements. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à capitaliser en vue de leur retraite. D’après une étude publiée mercredi 22 janvier par l’Autorité des marchés financiers et effectuée par l'institut Audirep, le montant moyende l’épargne est en hausse de 100 euros par rapport à l’année dernière et s’élève à 2300 euros par an.

L’enquête, réalisée auprès d'un échantillon de 1200 personnes en septembre-octobre 2019, révèle que pour 71% des Français, l’objectif premier de l'épargne consiste à "disposer d'un capital en vue de la retraite, pour avoir suffisamment d'argent tout au long de la retraite".

Près d’un actif sur deux n’a "aucune idée du montant d'épargne nécessaire" pour compléter sa retraite

D’après le baromètre de l'épargne et de l'investissement, si plus de la moitié (53%) des actifs en France économise pour financer leur retraite, seulement un actif sur cinq (21%) déclare le faire régulièrement, rapporte Le Figaro.  En revanche, 48% d’entre eux avouent n'avoir "aucune idée du montant d'épargne nécessaire" pour s’assurer un complément de revenus suffisant pour sa retraite.

Cela ne les empêche pas de miser sur l’épargne de précaution et liquide. 8 Français sur 10, possèdent d’ailleurs un livret A.

Epargne : "Les Français épargnent beaucoup, mais mal"

"Les Français épargnent certes beaucoup, mais mal", indique Florence Legros, directrice générale d’ICN Business School, à Planet. Le livret A et autres livrets classiques ainsi que l’assurance vie demeurent les produits d’épargne privilégiés des Français. Les taux bas ne semblent pas les décourager. D’ailleurs, d’après les dernières estimations publiées ce mardi 21 janvier par la Caisse des dépôts, les dépôts sur le livret A et le livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont fortement augmenté l'année dernière.

Sur l’ensemble de l’année 2019, la collecte nette (retraits soustraits) se monte à 16,55 milliards d'euros, contre 12,69 milliards d'euros en 2018, relève Le Figaro.

Comme nous le précise l’économiste, "le livret A rapportant de moins en moins (il chutera à 0,5% le 1er février 2020), nombreux sont les épargnants à placer leur argent au sein des produits où l’on peut récupérer les liquidités avant 8 ans, comme l’assurance vie. Cela n’a rien à voir avec un placement à long terme, ce n’est pas de l’épargne retraite. Comme indiqué, les Français sont de gros épargnants, 15% de leurs revenus en moyenne, mais l’allouent mal. Il faut se poser la question d’une épargne longue".

Et d’ajouter : "Aux pays bas, le ratio pension moyen est le plus élevé au monde, car l’épargne retraite a été constituée. En France, le tabou de la retraite par capitalisation pousse les actifs à avoir de l’épargne qui n’est pas de l’épargne retraite".

Le placement privilégié reste cependant l’immobilier, devant l’épargne salariale et l’assurance vie eu euros. Les épargnants jugent qu’il est "le plus adapté pour placer son épargne sur le long terme".

Que faire alors si la retraite n’a pas été préparée ?

Épargne : un bilan financier est nécessaire à l’approche de la retraite

A l’approche de la fin de la vie active, il est indispensable de faire le point sur vos rétributions et votre train de vie. Après avoir fait une simulation et estimé votre future pension en ligne, il faudra établir votre budget.

Crédits, charges courantes, loisirs... Tout doit être épluché : vos dépenses dépasseront-elles votre reste à vivre ? Le montant que vous épargnez mensuellement suffira-t-il à combler votre baisse de revenus ?

"Si rien n’a été préparé, il n’y aura certes, pas de miracle". il faudra alors conserver votre pécule en épargne de précaution de type livrets, fonds en euros de l’assurance vie…

"Mais peu sont ceux qui n’épargnent rien. Le régime additionnel de la fonction publique est d’ailleurs déjà de l’épargne", atteste Florence Legros.

Épargne : sur quoi miser si la retraite n’a pas été préparée ?

Calibrez rente et liquidités. Être propriétaire d’une résidence principale permet déjà, si le crédit est soldé au moment de la retraite, d’économiser un loyer, et de sécuriser votre patrimoine.

L’investissement locatif (LMNP et crowdfunding immobilier) peut aussi être une solution. Cela reste de l’épargne, certes non liquide, mais qui peut vous assurer un complément de revenus.

Dernière option : cumuler emploi et retraite. "Elle n’est en revanche pas la meilleure. Mieux vaut en effet épargner que travailler à la retraite. Le principe de précaution est toujours mieux que de réparer un rendement", assure la directrice générale d’ICN Business School.

Elle conseille, pour s’assurer une retraite, sans devoir baisser son niveau de vie, de se constituer une rente en achetant une maison, en investissant dans l’immobilier et en souscrivant une épargne retraite (PER ou PERIN).

"L’épargne non liquide doit être constituée au plus tard à 40 ans afin de commencer à transformer votre capital en rente, après 60 ans", conclut-elle.