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C'est vendredi que le rapport Moreau sur la réforme des retraites sera remis à Jean-Marc Ayrault. Tous les salariés devraient être mis à contribution, y compris ceux du public dont le régime spécial coûte une fortune au gouvernement. Mais les syndicats de fonctionnaires ont déjà fait savoir qu'ils s'opposaient au changement du mode de calcul de leur pension.

© abacapressC’est la réforme qui va faire mal. La réforme du système de pensions, l’épineux dossier qui pèse sur le bureau du gouvernement, s’annonce en effet explosive. Alors que le rapport Moreau sera remis à Jean-Marc Ayrault vendredi, certaines des grandes mesures préconisées ont déjà « fuité » dans la presse. Parmi elles, la mise à contribution de tous les salariés, ceux du secteur privé comme ceux du secteur public. « C’est un enjeu pour tout le pays, il est normal que tous les Français soient mobilisés pour leur avenir » a indiqué Marisol Touraine. « Les efforts seront justes, proportionnés et raisonnables » a promis la ministre.

L’Etat contraint d’emprunter pour financer les régimes spéciaux

Mais la réforme devient urgente. Dans la ligne de mire du gouvernement, les régimes spéciaux, notamment celui de la fonction publique. Le déficit de cette branche ne cesse de croître explique le JDD : + 5% par an, et jusqu’à + 7% par an pour les employés des collectivités territoriales et de l’hôpital. Pire, le déficit de ce secteur dépasse même celui du secteur privé, alors que les agents de la fonction publique ne représentent qu’un salarié sur cinq, et le gouvernement se retrouve à emprunter afin de financer les pensions, rapporte l’hebdomadaire. L’enjeu est donc de taille, mais la tâche s’annonce ardue.

Pour les syndicats du public, c’est non
Pour réduire le déficit et dégager de l’argent, le rapport Moreau préconiserait de modifier le mode de calcul des pensions. Actuellement basé sur les six derniers mois (contre les 25 meilleures années pour les salariés du privé), le montant des pensions versées pourrait à l’avenir être calculé sur les trois à 10 dernières années. Mais alors que les propositions se seront officiellement connues que vendredi, les syndicats ont déjà fait savoir qu’ils s’opposaient à cette mesure. Selon la CGT, ce nouveau mode de calcul engendrerait une baisse des pensions de 6 à 10% selon le niveau hiérarchique concerné. Même son de cloche chez les autres syndicats, qui s’opposent également à la prise en compte des primes dans ce calcul (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui), et plus généralement à toute forme d’harmonisation.

« Il faut avoir le courage et l'ambition de le faire »
Autre piste envisagée, faire passer au régime général les personnes nouvellement embauchées. Cette  mesure a été mise en place depuis 2008 à la SNCF,  à la RATP ou encore chez EDF. Si la réforme parait être accueillie plutôt froidement par les salariés du secteur public (51% seraient contre rapporte le JDD), certains membres du gouvernement estiment qu’il faut aller plus loin et avoir le courage de mener cette réforme à bien. « Il faut avoir le courage de dire que certaines situations sont avantageuses, dans le public comme dans le privé d'ailleurs » a déclaré Pascal Terrasse, député PS, expert sur les questions de protection sociale. Pour Jean-Marie Le Guen « il n'est pas question d'exclure la Fonction publique de la réforme ». « Il faut aboutir à un système de retraite égalitaire et universel, qui soit le même pour tous » a déclaré la député PS au Journal du Dimanche. « Ce serait un élément d'apaisement pour toute la société, et pour les jeunes en particulier. Il faut avoir le courage et l'ambition de le faire ».