Découvert bancaire : vers un risque d’interdiction dès 2026 pour les personnes endettées ?

Publié par Elise Laurent
le 18/11/2025
Crédit banque
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Une réforme issue de la directive européenne sur les crédits à la consommation entrera en vigueur en novembre 2026. Certains redoutent qu’elle prive de découvert les ménages déjà endettés. Que dit réellement le texte ? Quels impacts prévoir ? On fait le point.
 

Les inquiétudes montent autour du futur cadre bancaire. Alors qu’une nouvelle réglementation doit entrer en vigueur le 20 novembre 2026, une crainte se répand : les personnes ayant déjà des crédits pourraient perdre l’accès au découvert bancaire. Une pétition intitulée “Non à l’interdiction des découverts bancaires” et portée par Clémence Guetté, députée LFI, a déjà rassemblé des dizaines de milliers de signatures pour dénoncer une prétendue “interdiction”, selon les informations de MoneyVox

En effet, LFI affirme que la réforme empêcherait toute autorisation de découvert au-delà d’un taux d’endettement de 30 %. Son chef de file, Jean-Luc Mélenchon, évoque même un couperet automatique si les charges dépassent ce seuil. Des déclarations qui ont enflammé le débat public et alimenté le sentiment d’une restriction majeure.

Le gouvernement dément une interdiction généralisée

Ces informations ont été démenties par Roland Lescure devant l’Assemblée le 4 novembre dernier. Le ministre de l’Economie et des Finances a rejeté ces alertes comme des “fausses nouvelles”, lors des questions au gouvernement. A priori, le texte ne prévoit aucune interdiction formelle d’accorder un découvert, mais instaure de nouvelles règles d’analyse de solvabilité pour les banques

Ce que prévoit concrètement la réforme de 2026

Aujourd’hui, les découverts sous 30 jours, les plus courants, ne nécessitent pas toujours d’analyse de solvabilité. En 2026, cette vérification deviendra obligatoire pour toute nouvelle demande, et la banque devra consulter le fichier FICP si le découvert dépasse 200 euros. Les découverts plus longs, remboursables en un à trois mois, resteront soumis aux règles actuelles. Mais l’analyse de solvabilité obligatoire pourrait rendre l’accès aux petites facilités de caisse plus strict, notamment pour les clients déjà fortement endettés.

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La solvabilité sert à vérifier qu’un client peut assumer ses charges sans risque de surendettement. Les banques calculent les revenus, les charges fixes et le taux d’endettement. Traditionnellement, un seuil d’environ 30 % est considéré comme prudent pour accorder un crédit. Mais une facilité de caisse ne fonctionne pas comme un prêt classique, ce qui laisse une marge d’interprétation.

Les banques conservent une grande liberté d’appréciation

La Fédération bancaire française le rappelle : aucun taux officiel n’est imposé par les textes. Les établissements continueront à examiner le fonctionnement du compte, les habitudes de paiement et le profil du client. Ce sont donc les politiques internes de risque qui guideront la décision d’accorder, ou non, un découvert.

La réforme impose aux banques d’adapter le niveau de vérification à la nature du découvert. L’analyse devra être plus légère pour une facilité de 200 euros sur 30 jours que pour un découvert plus élevé et plus long, mais chaque banque décidera elle-même de l’application de ce principe, ce qui pourrait créer des différences d’un établissement à l’autre.

Même si le texte ne bloque pas l’accès au découvert, les clients déjà très endettés ou avec un historique de compte fragile pourraient rencontrer davantage de refus. Les banques, soucieuses de maîtriser leurs risques, pourraient choisir d'appliquer des critères plus stricts, sans toutefois généraliser une règle chiffrée.
 

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