Affaire Grégory : alibi fragile, possible corbeau, échangisme... Qui est Jacqueline Jacob ?

Nouvel épisode judiciaire dans l’affaire du petit Grégory ce mercredi 18 juin 2025. Jacqueline Jacob, 80 ans, grand-tante de l’enfant retrouvé mort en octobre 1984 pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, sera prochainement convoquée en vue d’une possible mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”. Une décision qui fait suite à un supplément d’information demandé par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon, qui a estimé qu’il existait des éléments suffisants pour justifier une nouvelle audition.
Jacqueline Jacob est la tante par alliance de Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory. Elle réside à Aumontzey, dans les Vosges, avec son mari Marcel Jacob. Le couple avait déjà été placé en garde à vue en juin 2017, puis mis en examen pour “enlèvement et séquestration suivie de mort”. Mais les poursuites avaient été annulées en 2018 pour vice de procédure. Depuis, plusieurs expertises ont été menées, notamment en graphologie. L’une d’elles désignait notamment Jacqueline comme l’auteure présumée d’une lettre anonyme reçue par les parents de Grégory en 1983. Une missive signée du “corbeau”, figure encore non identifiée de cette affaire.
La piste familiale toujours privilégiée
La voix de Jacqueline Jacob aurait également été reconnue dans un enregistrement diffusé dans un documentaire télévisé en 2021. René Jacob, frère aîné de Marcel et grand-oncle de Grégory, avait alors déclaré : “C’est Jacqueline, ça”. Son témoignage avait relancé l’enquête, bien qu’il soit ensuite revenu sur ses propos.
En toile de fond, c’est la théorie du complot familial qui continue d’alimenter l’instruction. Selon certains enquêteurs, les tensions et jalousies internes à la famille Villemin pourraient avoir conduit à un règlement de comptes dramatique. Le couple Jacob, très proche de Bernard Laroche, premier suspect, relâché, puis tué par Jean-Marie Villemin en 1985, est souvent cité dans cette hypothèse. Murielle Bolle, cousine de Grégory, alors adolescente, avait d’ailleurs accusé Laroche avant de se rétracter.
Le jour du meurtre, Jacqueline et Marcel Jacob affirment qu’ils travaillaient à l’usine. Un alibi contesté par les gendarmes qui affirment que Marcel avait l’habitude de s’absenter de son lieu de travail sans la moindre demande écrite, mais jamais formellement invalidé. Le couple a toujours nié toute implication, y compris dans les lettres anonymes. “Nous n'avons rien à nous reprocher. [...] Tuer un enfant, ce n'est pas possible”, déclaraient-ils lors de leur unique interview à BFMTV en 2021.
Des soupçons d’échangisme et des relations troubles
Jacqueline Jacob, née Thuriot, est issue d’une famille modeste des Vosges. Troisième d’une fratrie de sept enfants, elle commence à travailler très jeune, dès l’âge de 14 ans, dans une filature. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre son futur mari, Marcel, avec qui elle forme un couple fusionnel. Ensemble, ils partagent tout : le travail, les courses, le jardin, et même, à un moment, une expérience échangiste (six années durant lesquelles Marcel et Jacqueline ont des relations sexuelles avec un couple d’amis NDLR) relatée sans gêne particulière lors de son expertise psychiatrique réalisée au début de l’automne 2017.
Longtemps présentée comme une femme à la forte personnalité, Jacqueline Jacob s’est révélée bien plus réservée et timide lors de cette évaluation. Si elle fait preuve d’une certaine intelligence, d’un esprit organisé et d’une attitude coopérative selon l’expert psychiatre, elle évite systématiquement d’aborder les faits liés à la mort de Grégory et ne livre aucune hypothèse sur ce drame.
Un mystère toujours entier
Après de 41 ans d’enquête, l’affaire Grégory reste l’un des cold cases les plus troublants de France. Ce nouvel interrogatoire de Jacqueline Jacob pourrait-il enfin faire basculer l’affaire ? Rien n’est moins sûr. Mais pour les parents de Grégory, pour la justice, et pour tous ceux que cette affaire fascine ou bouleverse depuis 1984, cette audition représente une ultime chance de, peut-être, approcher une vérité trop longtemps enfouie sous les silences.