Risque de flambée des prix du carburant : faut-il faire le plein en urgence ?

L'offensive d'Israël en Iran a des répercussions qui dépassent largement les frontières du Moyen-Orient. Alors que les Etats-Unis ont mené de premières frappes sur plusieurs sites nucléaires iraniens, beaucoup d’observateurs redoutent une escalade. Parmi les conséquences qui pourraient dans un premier toucher les consommateurs européens : une flambée des prix à la pompe. Dans ce contexte instable, nombreux sont ceux qui se demandent s’il faut faire le plein sans attendre. Décryptage.
Selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie, le Moyen-Orient concentre environ 48% des réserves mondiales de pétrole. Des pays comme l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis jouent un rôle central dans l’approvisionnement énergétique de la planète. Le détroit d’Ormuz, en particulier, par lequel transite près d’un tiers du pétrole mondial, est un point névralgique. Or, c’est précisément cette région qui est aujourd’hui au cœur des tensions.
Il est important de rappeler que le prix des carburants dépend de multiples facteurs : cours du pétrole, taux de change euro/dollar, taxes françaises, coûts de raffinage, et marges des distributeurs. Si le conflit reste contenu, les prix pourraient se stabiliser. En revanche, une extension régionale (par exemple à l’Arabie saoudite ou aux Emirats) bouleverserait l’équilibre mondial.
Légère hausse à la pompe
Toutefois, Olivier Gantois, le patron du syndicat français des entreprises pétrolières, interrogé sur RMC, s’est montré rassurant, estimant que le conflit aura "un impact sur les prix à la pompe très limité", "cette semaine" mais aussi "jusqu’à l’été". "Je ne suis pas inquiet parce que ça fait des années qu’on constate qu’aucune des puissances de la région, ni l’Arabie saoudite, ni même d’ailleurs ailleurs les Etats-Unis, la Chine, la Russie, ne souhaitent que les conflits dégénèrent en conflit pétrolier", a déclaré Olivier Gantois. Selon lui, "les marchés pétroliers ne croient pas dans un problème d’approvisionnement". "Je pense que le blocage n’aura pas lieu, personne ne le souhaite, aucune des grandes puissances de la région ne le souhaite", a-t-il résumé.
Avec 7,8 dollars supplémentaires sur le prix du baril de Brent (77,3 dollars), le SP95-E10 a subi une hausse de 2,9 centimes d’euro, par rapport à la semaine du 16 juin, portant son total à 1,6988 euro par litre. Le gazole, lui, a pris 8,3 centimes, sur un total de 1,6402 euro par litre la semaine dernière, selon les données du gouvernement.
Pour l’instant, aucune pénurie n’est à craindre. La France dispose de réserves stratégiques de carburant équivalentes à 90 jours de consommation, conformément aux obligations européennes. Les raffineries fonctionnent normalement, et aucun blocage majeur n’est signalé sur les routes maritimes. Sans céder à la panique, les automobilistes qui prévoient de faire de longs trajets, à quelques jours du début des grandes vacances, peuvent avoir tout intérêt à remplir leur réservoir maintenant, tant que les prix sont encore contenus.