Paris-Descartes : des corps mis à disposition par l'université pour des expériences militairesIstock
L'université Paris-Descartes aurait vendu des dépouilles à des entreprises et à l'armée dans le cadre d'expérimentations. Si cela n'est pas illégal à proprement parler, les personnes ayant accepté de donner leur corps à la science n'étaient à priori pas au fait de ce qu'il allait advenir de leur cadavre... Explications.

Des dépouilles supposées aider à la recherche médicale utilisées dans des crash-tests automobiles.  Telle est la révélation de France Info, qui indique que l'université de médecine de Paris-Descartes aurait revendu un tiers des cadavres dans le cadre d'expérimentations d'entreprises privées ou de l'armée. D'après les informations révélées dans l'enquête, "37% des revenus du Centre des corps provenait de sociétés dont l'objet principal était industriel". En effet, la faculté mettait à disposition des corps au prix de "900 euros pour un sujet, 400 pour une pièce anatomique.

Une telle chose a été rendue possible par la signature d'une convention tout à fait légale entre l'université elle-même et le CEESAR (Centre Européen d'Études de Sécurité et d'Analyse des Risques). "On se pose aujourd'hui le problème des sujets en forte surcharge pondérale dans les chocs. On est obligé d'utiliser un cadavre pour acquérir des données qui seront transposées dans le modèle. C'est essentiel, on veut s'assurer que les dispositifs ne sont pas agressifs et dangereux pour les humains", se défend Olivier Gagey, président du Conseil Scientifique du CEESAR. En plus des constructeurs automobiles, les corps ont également été utilisés dans le cadre d'expériences militaires, notamment pour observer comment protéger les occupants d'une voiture qui saute sur une mine. 

"Il y a tromperie, incontestablement"

Ces pratiques pourtant légales sont toutefois trompeuses car les "personnes qui donnent leur corps à la science n'ont pas conscience de le faire dans le cadre d'une contractualisation privée, c'est-à-dire en intégrant des circuits financiers", estime Axel Kahn, ancien président de l'Université. "Il y a tromperie, incontestablement", poursuit-il.