Mort d’Elisa Pilarski : pourquoi il va falloir être patientIllustrationIstock
Elisa Pilarski est décédée il y a trois mois et de nombreuses zones d'ombre demeurent. L'enquête sur son décès se poursuit mais elle pourrait encore durer plusieurs mois. Attendus depuis novembre, certains éléments devraient être communiqués dans les prochains jours.
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Trois mois après la mort d’Elisa Pilarski, le mystère demeure. Le corps de cette jeune femme de 29 ans a été retrouvé le 16 novembre dernier dans une forêt de l’Aisne, présentant plusieurs morsures de chien(s). L’autopsie a conclu que son décès "a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête". Depuis, de nombreuses questions se posent sur l’identité des animaux impliqués. S’agissait-il des chiens de la chasse à courre qui se déroulait au même moment ? Le chien qu’elle promenait à ce moment-là, Curtis, est-il en cause ?

Pour pouvoir répondre à ces questions, des prélèvements génétiques ont été effectués sur 67 chiens, les cinq de la victime et de son compagnon mais aussi les 62 animaux d’un équipage de chasse à courre. Les résultats sont attendus depuis la fin du mois de novembre et, depuis, aucun détail n’a été communiqué sur l’enquête.

Mort d’Elisa Pilarski : les résultats des analyses ADN n’ont toujours pas été remis

Alors que les résultats de ces analyses ADN devaient être communiqués au mois de février, ils se font toujours attendre. D’après les informations du Parisien, ils n’ont toujours pas été remis à la juge d’instruction mais pourraient lui être communiqués d’ici la fin du mois. Vont-ils permettre aux enquêteurs d’y voir plus clair ? "Que l’on trouve l’ADN de Curtis, ça ne serait pas extraordinaire. Que l’on trouve celui des chiens de chasse, ça ne voudrait pas pour autant dire qu’ils sont à l’origine du décès", a expliqué Me Demarcq, l’avocat de Sébastien Van den Bergue, le maître d’équipage de la chasse à courre.

Malgré l’absence de ces résultats, l’enquête continue, petit à petit, à avancer. La juge d’instruction s’est rendue sur les lieux mercredi 12 février, en présence de gendarmes et d’experts mais aussi des principaux témoins : Christophe Ellul – le compagnon d’Elisa Pilarski – et Sébastien Van den Berghe. D’après l’avocat de ce dernier, cité par Le Parisien, "il a répondu aux questions de la juge et raconté comment la journée s’était passée. Ils ont fait la messe, pris un pot comme c’est la Saint-Hubert et après ils sont allés au rendez-vous de chasse". Le transport sur les lieux, qui n’est pas une reconstitution, a duré cinq heures, durant lesquelles la juge d’instruction a interrogé les différents protagonistes, qu’elle avait déjà rencontrés dans ses bureaux, la veille et le matin même. Une avancée dans l'enquête mais, selon RMC, elle devrait se poursuivre encore pendant plusieurs mois.

Alors que l’enquête se poursuit, certains s’étonnent du silence de la justice. Le procureur n’a pas pris la parole depuis la découverte du corps de la jeune femme à la fin du mois de novembre. Il entend communiquer sur l’affaire, mais pas tout de suite.

Mort d’Elisa Pilarski : quand le procureur va-t-il parler ?

La mort d’Elisa Pilarski a ému de nombreuses personnes en France mais a aussi attisé un clivage entre défenseurs des animaux et les amateurs de chasse à courre. Une situation qui agace aussi bien l’avocat de Sébastien van den Berghe que celui de Christophe Ellul. Interrogé par Le Républicain Lorrain, Eric Alligné, qui représente le compagnon d'Elisa Pilarski, a déclaré : "On peut regretter que cette enquête n’ait pas une volonté rapide de faire la lumière". De son côté, Me Guillaume Demarcq affirme que "tous les jours, des informations inexactes sont colportées et commentées".

"J’en appelle officiellement au procureur de la République de Soissons à rendre publics, le plus rapidement possible, certains éléments objectifs de la procédure", a ajouté l’avocat de Sébastien Van den Berghe. Selon Le Parisien, qui cite des collaborateurs du procureur de la République de Soissons, ce dernier va communiquer, mais pas avant une dizaine de jours, lorsqu’il sera revenu de vacances. Ses déclarations permettront peut-être de faire la lumière sur certains événements, alors que les témoignages divergent.

Mort d’Elisa Pilarski : de nombreuses zones d’ombre

Le décès d’Elisa Pilarski est entouré de nombreuses zones d’ombre. Selon Christophe Ellul, sa compagne l’a appelé à 13h19 le 16 novembre pour lui dire qu’elle était menacée "par des chiens". Arrivé sur place presque deux heures plus tard, son compagnon a d’abord trouvé ses vêtements puis Curtis, sans sa muselière. Cette dernière a été récupérée un peu plus loin. Il a également croisé une vingtaine de chiens de chasse, qui n’étaient pas menaçants et qui sortaient d’un ravin où il a ensuite découvert le corps de sa compagne. Rapidement après le drame, Christophe Ellul a pointé du doigt la meute de la chasse à courre mais les chasseurs n'ont cessé de défendre leurs chiens. Pour eux, il est impossible que ces animaux soient impliqués dans le décès de la jeune femme.

Autre zone d'ombre, l'heure du décès d'Elisa Pilarski et celle du début de la chasse à courre. D'après les conclusions de l'autopsie, le décès de la jeune femme a eu lieu entre 13 heures et 13h30. Auprès de L'Union, Me Guillaume Demarcq affirme que le transport sur les lieux "a permis à la juge d'instruction de rappeler un certain nombre d'évidences scientifiques qui ont échappé à beaucoup de personnes depuis que la presse s'est emparée de ce dossier et, par exemple sur l'heure du décès d'Elisa Pilarski". "Tout le monde explique qu'elle est décédée entre 13 heures et 13h30. On ne peut pas l'établir avec autant de précision et il y a un delta de deux heures", ajoute l'avocat.

Certains s’interrogent également sur le comportement de Curtis, alors que ce dernier aurait mordu à deux reprises depuis le drame. Pour Christophe Ellul, le chien ne peut pas être impliqué dans le décès de sa compagne car ils étaient "fusionnels". Une expertise comportementale a été demandée par la justice mais les résultats ne sont pas connus. Le procureur donnera-t-il plus d’indications sur ces éléments encore incertains ? Réponse à la fin du mois de février.