Eau du robinet : la sécurité de la consommation remise en questionIllustration Istock
La préservation de la qualité de l'eau est devenue un enjeu majeur dans certaines régions de France. Les pesticides et la sécheresse représentent une menace sérieuse pour la pureté de l'eau, conduisant certaines communes à restreindre temporairement l'accès à l'eau potable.
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Au cours des derniers mois, les communes de Thuel, Rognac et Ollières ont fait face à des problèmes de qualité de leur réseau d'eau potable. Pendant plusieurs jours, voire semaines, selon la commune, il était strictement interdit de consommer l'eau du robinet. Par exemple, la commune de Thuel, située dans l'Aisne, est soumise depuis sept mois à un arrêté préfectoral restreignant "la consommation d'eau du robinet à des fins alimentaires".

Cette mesure a été mise en place en raison de niveaux anormalement élevés de métabolites de chloridazone, un pesticide utilisé dans la culture de betteraves sucrières. L'Agence Régionale de Santé (ARS) a détecté des quantités de métabolites supérieures à la limite fixée par le ministère de la Santé. Les métabolites, produits par la dégradation des molécules principales des pesticides, sont l'une des principales causes de détérioration de la qualité de l'eau en France.

Eau du robinet : un pesticide détecté

Le 6 avril dernier, l’Anses publiait un rapport dans lequel elle indiquait avoir retrouvé des résidus d’un pesticide en particulier dans l'eau, plus d'un échantillon sur deuxn et qu’un tiers de l’eau consommée en France dépassait la limite de qualité. I l s’agit du chlorothalonil R471811, un produit chimique utilisé dans l'agriculture pour contrôler et prévenir les infections fongiques sur les cultures fongicides agricoles. Utilisé depuis 1970, il a été interdit en 2020, car ce prédateur de champignons est suspecté d’être cancérogène.

Selon François Veillerette, porte-parole de l’ONG Générations Futures et interrogé par Capital, il s’agit d’une prise en charge beaucoup trop tardive. “Dans certains dossiers d'homologation de pesticides, les autorités européennes avaient alerté sur leurs risques et avait demandé aux Etats qui les utilisent d‘exercer une surveillance, ce qui n’a pas été fait", affirme-t-il.

La situation déjà compliquée par endroit, pourrait empirer avec la sécheresse de ces dernières semaines...

Sécheresse : troisième facteur à prendre en compte

La sécheresse affecte non seulement la disponibilité de l'eau, mais aussi sa qualité. Cela s'est illustré le 15 juillet 2022 dans la commune d'Ollières, dans le Var. L'absence de pluie depuis novembre 2021, le non-rechargement habituel des nappes phréatiques et la crise de l'eau durant une canicule ont conduit à une situation dramatique. Les deux forages qui alimentent la ville, d'une profondeur de 70 et 50 mètres, sont devenus à sec, provoquant le pompage de sédiments dans le réseau de distribution. Lorsque le niveau d'eau des nappes souterraines baisse, il peut y avoir une augmentation de certaines substances présentes dans l'eau, comme le fluor, le sélénium, l'arsenic ou les sulfates, selon les conditions hydrogéologiques. Heureusement, les nappes phréatiques d'Ollières ont été préservées des éléments indésirables tels que les intrants et les produits chimiques, ce qui a évité une détérioration significative de la qualité de l'eauAlors, faut-il arrêter de boire l'eau du robinet ?

Eau du robinet : faut-il arrêter de la boire ?

Il ne faut cependant pas s'alarmer, globalement le réseau d’eau du robinet en France reste de très bonne qualité. Il fait l’objet de suivis journaliers et de traitements très strictes. En 2021, environ 54,6 millions de personnes en France ont bénéficié d'un approvisionnement en eau constamment conforme aux normes de qualité. Cependant, il est important de noter que ces normes peuvent varier en fonction des niveaux souhaités, de la précision des méthodes d'analyse utilisées et des avancées scientifiques concernant certaines substances.