Corps momifié, inhumation clandestine... La mystérieuse histoire de la femme sans tête en CorseIllustrationIstock
En 1998, le corps d'une femme sans tête est retrouvé dans un caveau du cimetière de Miomo, en Corse. Dans un article du Parisien dédié à cette affaire hors-norme, le journaliste Jacques Pradel revient sur les dessous d'une enquête irrésolue, freinée par la loi du silence.
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9 août 1988, Miomo (Corse). C'est ce jour-là, d'après une enquête de Jacques Pradel publiée dans Le Parisien, que le gardien du cimetière de cette ancienne bourgade fait une sordide découverte. Alors qu'il prépare le caveau familial d'un défunt habitant, l'homme retire une dalle... Et se retrouve nez à nez avec un cadavre. Il s'agit d'un corps momifié, décapité. On distingue les os de la dépouille, ainsi qu'une peau fortement abîmée par le temps. Très vite, des examens permettent de révéler l'identité de la victime : Marcelle Nicolas. Sur la table d'autopsie, le médecin légiste compte une soixantaine de fractures : la jeune femme a été battue à mort, avant que sa tête ne soit découpée à l'aide d'une scie électrique.

Cette affaire nous ramène neuf ans plus tôt, en septembre 1979. Marcelle Nicolas, mère célibataire de 29 ans et originaire de Brest (Finistère) part en vacances en Corse, accompagnée de son fils Yann. Tous deux passaient un séjour au camping Les Orangers, à Miomo. Seulement voilà : des proches de la jeune femme s'inquiètent de ne plus recevoir de nouvelles de sa part. Après ses quelques jours sur l'île de Beauté, la vingtenaire devait rendre visite à ses parents en Bretagne avant de rentrer en région parisienne. Le 10 septembre, la famille de Marcelle Nicolas la police de Bastia et signalent une "disparition inquiétante".

Meurtre de Marcelle Nicolas : une femme "libérée" qui aime faire la fête

Malheureusement, l'enquête n'avance que très peu. Une fois la disparition signalée, les policiers interrogent quelques connaissances de la défunte, qui décrivent une femme "libérée". Une jeune maman qui aime faire la fête, et faisait garder son fils de huit ans aux employés de l'hôtel pour sortir le soir. Ils dépeignent toutefois une mère qui s'occupait très bien de son enfant. Comment cette femme a-t-elle pu se retrouver dans un caveau familial, décapitée ? Un an après la découverte de la dépouille, l'enquête connaît finalement un rebondissement...

Meurtre de Marcelle Nicolas : des fouilles dans une maison abandonnée

Le 9 novembre 1989, France 3 Corse rapporte les fouilles réalisées dans une maison abandonnée à l'entrée du camping où séjournaient Marcelle Nicolas et son fils Yann. Des ossements ont été retrouvés dans un tunnel souterrain. Des vêtements âbimés et deux scies auraient également été récupérés par les forces de l'ordre, selon des journalistes présents sur les lieux.

Seulement voilà : le journaliste Jacques Pradel nous indique que ces fameux ossements étaient "d'origine animale". En outre, "les scies n'ont jamais été évoquées officiellement", peut-on lire dans les colonnes du quotidien francilien. Pas de témoin, pas d'indice... Comment le corps cette jeune femme a-t-il pu être caché des années dans ce cimetière, sans que personne n'ait rien vu ? Où se trouve son fils de huit ans ? Qui a bien pu s'en prendre à Marcelle Nicolas avec tant de violence et d'animosité ?

Face à la loi du silence, cette mystérieuse affaire pourrait rester irrésolue...

Meurtre de Marcelle Nicolas : le règne de la loi du silence

En 1994, la famille de Marcelle Nicolas apparaît dans l'émission "Témoin numéro 1", sur TF1. Elle demande aux Corses qui auraient des informations sur le meurtre de la mère célibataire de briser l'omerta... Sans succès. Certaines personnes auraient-elles été protégées dans cette affaire ?

Pour l'auteur de l'enquête parue dans Le Parisien, cela ne fait pas "l'ombre d'un doute". Antoine Albertini, qui avait seulement quatre ans à l'époque où le corps a été découvert, est devenu un journaliste bien décidé à résoudre cette affaire. Lors de ses recherches, cet homme multiplie les découvertes intrigantes. Le dossier de l'affaire est introuvable au parquet de Bastia. On lui dit que le tribunal de grande instance aurait été inondé, causant la destruction ou la perte du dossier.

Seulement voilà : après vérification, le journaliste se rend compte qu'il n'y a jamais eu de dégât des eaux dans ledit bâtiment. Plus tard, il découvre qu'une synthèse de l'enquête a été confiée à la police judiciaire... Laquelle refuse de lui confier.