Retraite à 67 ans : la "proposition" d'Edouard Philippe qui passe malIllustrationIstock
Edouard Philippe prend une position sur la réforme des retraites qui ne plait pas chez Renaissance. En plein contexte de négociation épineuses, les députés macronistes s'indignent de ce qu'ils considèrent être un faux pas de la part d'un allié supposé de la majorité présidentielle.
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La réforme des retraites était déjà au cœur des débats durant la campagne présidentielle. Elle représente donc un enjeu conséquent pour le parti présidentiel, qui vise à tenir la promesse de campagne d’Emmanuel Macron selon laquelle serait introduit un recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite allant jusqu’à 65 ans. Le président de la République temporise la mise en place de sa réforme, ayant annoncé qu ’un nouveau cycle de concertation avec les différents groupes parlementaires aurait lieu en fin de semaine, comme le rapporte Le Figaro.

Emmanuel Macron temporise, mais aurait cependant brandi la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale dans le cas d’une motion de censure contre le gouvernement, et reste évasif sur le mécanisme législatif prévu pour l’adoption de ladite réforme. Au programme des débats de concertation : la revalorisation du minimum vieillesse, la question de la pénibilité, ou encore l’emploi des seniors…

Le débat sur la réforme des retraites dans l’échiquier politique

L’opposition a pris fortement position à l’annonce des premières concertations fin septembre, et le  débat promet d’être houleux. D’après Le Parisien, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel aurait prévenu : "On va se battre projet contre projet". La focalisation du débat et de la critique sur le recul de l’âge de 65 ans avait été intelligemment utilisée avant les législatives par le gouvernement Renaissance, lorsque Macron et Borne stipulaient que les 65 ans n’étaient  "pas forcément un totem" pour eux, toujours d’après le quotidien francilien.

Ces déclarations visaient à faciliter le dialogue quant à la réforme, une démarche radicalement contrecarrée par les propos d’Edouard Philippe, ancien Premier ministre et fondateur du parti Horizons, exprimés dans le cadre d’un entretien accordé au Parisien dimanche dernier.

La prise de position sans appel d’Edouard Philippe

Dès le début de l’interview, l’ancien chef du gouvernement exprime son inquiétude quant à la dette publique et aux dépenses publiques grandissantes qu’il considère ne portant pas, ou pas suffisamment leurs fruits. Après avoir cité comme exemple une politique du logement devenue "largement inefficace" selon lui, il en vient à la question de la réforme des retraites comme pilier fort d’un ensemble de mesures visant à réduire le déficit.

Edouard Philippe affirme envisager un départ à la retraite reculant jusqu’à 67 ans, justifiant ce choix en pointant du doigt des voisins européens tels que l’Allemagne et l’Italie, et soulignant le vieillissement de notre population. Il relativise cependant son propos d’une courte phrase : "Si on fait 65 ans et que cela marche, cela me va très bien."

Lorsqu’on lui demande s’il vise le gouvernement ou encore Bruno Le Maire lorsqu’il dénonce des dépenses non maitrisées, il affirme être loyal vis-à-vis de la majorité. Ses confrères macronistes ne voient cependant pas les choses du même œil...

Renaissance s’indigne

La déclaration de l’ex-Premier ministre tombe à un moment crucial pour la stratégie de Renaissance, alors que le parti présidentiel tente tout pour calmer le jeu sur la question de l’âge exact du départ, entre autres thématiques épineuses liées à la réforme.

Sans nommer le fondateur d’Horizons, Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, décrie les "totems" que sont devenus l’âge légal et le véhicule législatif, et qui font "naître des inquiétudes et des craintes infondées", comme le rapporte Le Parisien.

Par ailleurs, François Bayrou, leader du MoDem, a déclaré ce dimanche qu’il était "persuadé" que les propos d’Edouard Philippe n’étaient pas en accord avec le plan d’action du président Macron, selon Le Monde.  Président qui, par ailleurs, est allé dans le sens du leader centriste lorsqu’il lui a déconseillé le passage en force concernant la réforme, affirmant que  "plus on met de souplesse, mieux c’est."