Soucieux de garantir une bonne image à sa réforme, Emmanuel Macron a dit renoncer à sa retraite de président. Pourtant, cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'aura pas un statut très spécial… Explications.

"Nos concitoyens restent persuadés que leurs élus bénéficient de privilèges. Dans le système universel, les élus et les ministres seront traités exactement comme tous les Français, c’est normal et c’est très bien ainsi", assurait Edouard Philippe, devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), le 11 décembre dernier. Des propos qui engageaient sans détour l’exécutif : la réforme des retraites ne pourra pas ne pas s’appliquer aux représentants du peuple de l’Hexagone. Et parmi eux, le président de la République ? Indéniablement, promet l'Élysée au Parisien, qui a souhaité prendre le Premier ministre au mot et questionné le palais.

"Il ne percevra pas cette retraite prévue à la fin de son mandat par la loi, car il estime que cette loi de circonstance a vocation à être normalisée. Il ne se l'appliquera donc pas. Il ne liquidera pas non plus cette somme lorsqu'il prendra sa retraite. Nous sommes dans une ère où les élus doivent être exemplaires", décrit un conseiller du chef de l'État, dans les colonnes du journal. Si cela est vrai, cela ferait d’Emmanuel Macron le premier président à renoncer à ses droits à la retraite, tels que édictés dans la loi du 3 avril 1955.

Actuellement, rappelle Libération, les anciens présidents peuvent demander une dotation équivalente au salaire d’un conseiller d'État, versée à vie après leur départ de l'Élysée. En brut, cela correspond à 6 220 euros par mois. Cette somme, poursuit le quotidien national, n’est pas soumise à la moindre condition d’âge ou de durée de mandat et n’est pas plafonnée par d’autres éventuels revenus. Par conséquent, Emmanuel Macron pourrait théoriquement liquider ses droits au terme de l’exercice de ses fonctions. Ce qu’il ne fera pas, comme il le reconfirme auprès du service CheckNews de Libération.

Cela ne signifie cependant pas qu’il renonce à un régime spécial dans l’absolu : il met simplement un terme à celui en place depuis 1955. S’il n’est pas possible, dans l’immédiat de dire avec précision quelles seront les modalités exactes de ce nouveau modèle – et donc le montant définitif de sa pension -, une chose est sûre : il percevra bel et bien une retraite pour son travail en tant que président de la République.

Retraite d’Emmanuel Macron : que sait-on du nouveau modèle que prévoit le président ?

Bien que lié au nouveau modèle de retraites à point, le dispositif dont parlent les équipes du président ne fera pas partie de la réforme — et ne sera donc pas inscrit dans le texte de loi. "Une réflexion spécifique sera conduite pour faire évoluer les dispositions de la loi 1955", a expliqué l'Élysée à Libération. Impossible, à ce stade, de savoir ce qui changera concrètement pour Emmanuel Macron.

Cependant, il a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait suivre l’exemple de François Hollande et ne pas siéger au Conseil Constitutionnel. Le faire lui aurait rapporté 13 500 euros supplémentaires chaque mois.